Deux jours après un attentat meurtrier à Tel-Aviv, des dizaines de
milliers de Palestiniens se sont pressés sur l'esplanade des Mosquées à
Jérusalem-Est pour la prière du premier vendredi de ramadan. Beaucoup
ont ainsi outrepassé les nouvelles restrictions de mouvement annoncées
par Israël après l'attaque la plus meurtrière commise par des
Palestiniens contre des Israéliens depuis des mois. Les autorités ont
décrété vendredi le bouclage des Territoires palestiniens de Cisjordanie
et de la bande de Gaza jusqu'à dimanche minuit, ce qui suscite
l'inquiétude de la communauté internationale.
Deux exceptions de circulation ont toutefois été faites, pour les
urgences humanitaires et pour les fidèles qui se rendaient vendredi à
l'esplanade des Mosquées. Mais là aussi des limites sont imposées : les
hommes en dessous d'un certain âge (30, 35 ou 45 ans selon des sources
israéliennes discordantes) étaient interdits de franchir les
checkpoints. Les femmes et les enfants, eux, pouvaient passer sans
restriction.
L'État hébreu a cherché le compromis à un moment délicat où les
Palestiniens célèbrent le mois sacré du jeûne musulman et accordent
beaucoup d'importance à la possibilité d'aller prier sur le troisième
lieu saint de l'Islam situé à Jérusalem-Est, partie palestinienne de
Jérusalem annexée et occupée par Israël. Personne ne sortait cependant
de la bande de Gaza, l'enclave séparée de Jérusalem et de la Cisjordanie
par le territoire israélien et sous blocus permanent.
« Ces retraits de permis ont lieu tout le temps. Nous refusons l'idée
même qu'on impose des permis aux Palestiniens pour avoir le droit
d'entrer à Jérusalem », a dit à l'Agence France-Presse Adnane Husseini,
gouverneur palestinien de Jérusalem-Est, sur l'esplanade. Surveillé par
les ballons d'observation et survolé par les hélicoptères, le vaste
parvis était noir de monde autour du Dôme du rocher et de la mosquée
al-Aqsa. Les policiers israéliens s'étaient déployés en nombre dans la
vieille ville que surplombe l'esplanade.
Les Palestiniens accueillent les mesures annoncées depuis la veille par
Israël avec un mélange de déjà-vu et de ressentiment face à ce qui
relève, selon eux, du châtiment collectif et d'un empiétement israélien
sur l'esplanade. « Il est vrai que nous ne vivons pas loin d'al-Aqsa,
mais nous avons l'impression d'en être très éloignés à cause des
checkpoints et des obstacles que l'occupant met sur notre route »,
disait Jannat Khaled, 48 ans, parmi les milliers de Palestiniens qui
franchissaient aux premières heures le point de passage de Qalandia pour
aller prier à midi à Jérusalem.
Symbole national et religieux intangible pour les Palestiniens,
l'esplanade est sous la garde de la Jordanie pour des raisons
historiques. Mais Israël en contrôle tous les accès. Elle est aussi un
lieu saint pour les juifs, qui la vénèrent comme le mont du Temple, mais
n'ont pas le droit d'y prier. L'esplanade catalyse de manière chronique
les tensions entre Palestiniens et Israéliens. Le bouclage des
Territoires est une réponse supplémentaire à l'attentat dans lequel deux
Palestiniens ont tué quatre Israéliens mercredi soir à Tel-Aviv.
Israël a annoncé jeudi l'annulation de dizaines de milliers de permis
d'entrer sur son territoire accordés à des Palestiniens pour leur
permettre de retrouver les leurs ou aller prier à al-Aqsa. Bien que les
deux assaillants n'aient pas été tués mais arrêtés, le nouveau ministre
de la Défense Avigdor Lieberman a ordonné que les corps de Palestiniens
abattus lors d'attentats ne soient plus restitués à leur famille.
L'armée a annoncé l'envoi de centaines de soldats supplémentaires en
Cisjordanie. La localité de Yatta (sud de la Cisjordanie), d'où sont
originaires les deux assaillants de mercredi soir, a été bouclée par les
forces israéliennes.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a condamné
l'attentat. Mais il s'est aussi dit « profondément inquiet de la réponse
des autorités israéliennes » qui ne fera qu'« accroître le sentiment
d'injustice » des Palestiniens. Du côté des États-Unis, grand allié
d'Israël, le département d'État a dit comprendre la volonté israélienne
de se protéger, mais a « espéré » qu'Israël tiendrait compte de l'impact
que les restrictions auront au quotidien sur les Palestiniens, et
prendrait des mesures « destinées à ne pas augmenter encore davantage la
tension ».
Israël, Jérusalem et les Territoires palestiniens sont en proie à des
violences qui ont coûté la vie à 207 Palestiniens, 32 Israéliens, 2
Américains, un Érythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un
décompte de l'Agence France-Presse. La plupart des Palestiniens tués
sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques.
(10-06-2016)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire