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photo distribuée par le Palais royal du roi Abdallah II qui prie avec
des soldats dans un endroit non défini en Jordanie, le 20 juin 2016
Un attentat suicide à la voiture piégée a frappé mardi l'armée jordanienne dans une région désertique frontalière de la Syrie, tuant six militaires et poussant le royaume à décréter "zones militaires fermées" les frontières avec la Syrie et l'Irak.
L'armée n'a pas explicitement dit si cette mesure signifiait une fermeture de la frontière aux Syriens qui fuient par dizaines de milliers leur pays en guerre via les deux seuls points de passage encore ouverts et contrôlés fermement par les militaires jordaniens. La frontière avec l'Irak est, elle, déjà fermée.
Interrogé par l'AFP, le porte-du gouvernement, Mohamed Momani, a précisé que cette décision ne concernait pas "les cas humanitaires qui seront traités selon la situation sur le terrain et l'appréciation de nos forces armées", en allusion aux réfugiés.
La mesure a été annoncée quelques heures après que le roi Abdallah II, qui s'est rendu au QG de l'armée à Amman, a promis de "frapper avec une main de fer quiconque tentera de porter atteinte à la sécurité du pays ou de ses frontières".
L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, s'est produit dans le nord-est de la Jordanie, dans un no man's land dans le triangle où se rejoignent les frontières du royaume avec la Syrie et l'Irak. Ils y ont massés plus de 60.000 Syriens souhaitant se réfugier en Jordanie, selon les derniers chiffres officiels jordaniens.
La voiture piégée conduite par un kamikaze est partie du camp de fortune de réfugiés syriens, avant de passer par une ouverture -utilisée pour le passage de l'aide humanitaire- dans une barrière de terre séparant le camp et la première position de l'armée dans la région de Rokbane, a indiqué l'armée dans un communiqué.
L'ambassade des Etats-Unis, pays allié de la Jordanie, a condamné un "acte terroriste lâche", réaffirmant dans un communiqué le "soutien indéfectible" de Washington aux forces armées jordaniennes.
Ce genre d'attentats est rare en Jordanie qui participe depuis 2014 à la coalition internationale conduite par les Etats-Unis contre le groupe jihadiste implanté en Syrie et en Irak. Le royaume a en outre mis des bases aériennes à la disposition des Etats-Unis et la France pour lutter contre Daesh.
L'attentat accentue les inquiétudes d'Amman qui exprime régulièrement des craintes de voir les jihadistes s'infiltrer depuis la Syrie, notamment en se fondant aux réfugiés syriens accueillis dans le pays.
Il a eu lieu deux semaines après une attaque contre un bureau des services de renseignements près d'Amman, qui a fait 5 morts parmi ses membres.
Malgré la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans et l'instabilité sécuritaire et politique en Irak, la Jordanie était restée jusque-là relativement épargnée par les violences.
Après l'attentat de mardi, le gouvernement a annoncé qu'il envisageait des "mesures souveraines". "Il n'y aura pas d'installation de nouveaux camps de réfugiés dans le royaume ni d'extension des camps déjà existants", a dit M. Momani.
Le HCR avait exhorté les autorités jordaniennes à "cesser de bloquer les gens dans les zones frontalières" et à "les transférer rapidement vers des centres de transit".
Mais Amman avance des "considérations sécuritaires" pour expliquer la lenteur de l'accueil des Syriens, affirmant craindre que des jihadistes de Daesh ne s'infiltrent parmi les réfugiés.
Près de 2.000 Syriens parmi les réfugiés sont soupçonnés de collaborer avec Daesh, a prévenu en mai le chef des gardes-frontières, le général Saber Al-Mahayra, ajoutant que des armes et des munitions avaient été saisies auprès de réfugiés.
La Jordanie accueille plus de 600.000 réfugiés syriens selon les chiffres de l'ONU, 1,4 million selon les autorités.
Durant les deux premières années du conflit syrien déclenché en 2011, 45 points de passage étaient ouverts sur les 378 km de frontière séparant la Jordanie et la Syrie. Aujourd'hui il n'y en a plus que deux.
Le conflit syrien, qui a fait plus de 280.000 morts, a poussé à la fuite plus de la moitié de la population et provoqué un désastre humanitaire.
La Jordanie martèle sa neutralité dans ce conflit et dit favoriser une solution politique, mais le régime syrien l'accuse de soutenir la rébellion.
(22-06-2016)
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