Des combattants des forces gouvernementales libyennes tiennent leur
position à Syrte, le 25 juin 2016 face aux jihadistes de l'EI (Afp)
Seule une armée unifiée en Libye permettra de vaincre le groupe Daesh qui s'est autoproclamé Etat
islamique (EI), a déclaré à l'AFP le chef du gouvernement d'union
nationale Fayez al-Sarraj au moment où les combats contre les jihadistes
font rage à Syrte.
"Nous sommes convaincus qu'il ne peut y avoir de solution pour venir à
bout de cette organisation (Daesh) qu'à travers un commandement militaire
unifié qui rassemble les Libyens de toutes les régions du pays", a
affirmé M. Sarraj en réponse à des questions écrites.
Installé depuis le 30 mars à Tripoli, avec le soutien de l'ONU et de
nombreuses puissances occidentales, le gouvernement d'union (GNA) peine à
étendre son autorité à l'ensemble du territoire, notamment dans l'est
du pays, en Cyrénaïque.
Dans cette partie de ce vaste pays riche en pétrole, des milices et des
unités de l'armée libyenne, demeurent loyales à des autorités non
reconnues, sous le commandement du controversé général Khalifa Haftar.
Malgré ces divisions, le gouvernement d'union a lancé le 12 mai une
vaste offensive contre le bastion des jihadistes à Syrte, une ville
côtière du centre-nord tombée aux mains de Daesh en juin 2015.
Ses forces sont soutenues par des milices de l'ouest de la Libye,
formées d'anciens rebelles ayant combattu en 2011 le régime de
l'ex-dirigeant Muammar Kadhafi.
Pour la première fois, M. Sarraj a également dévoilé à l'AFP que ses
forces recevaient "des aides", limitées et de nature logistique de la
part de pays étrangers qu'il s'est abstenu de nommer.
Cette offensive a permis aux forces pro-GNA de reprendre plusieurs
localités et positions occupées par Daesh entre Misrata, siège du
commandement de l'opération militaire, et Syrte, ville située à 450 km à
l'est de Tripoli.
Elles sont même entrées dans Syrte le 9 juin mais leur progression vers
le centre-ville où se sont retranchées les jihadistes a été ralentie ces
derniers jours par les contre-offensives de l'EI, menées à coups
d'attentats suicide notamment.
"Le ralentissement de la progression des forces progouvernementales est
dû à notre souci pour la sécurité des civils que l'EI n'a pas hésité à
utiliser comme boucliers humains", a expliqué M. Sarraj.
Il y aurait encore à Syrte quelque 30.000 civils, selon des sources militaires des forces du GNA.
Mais pour le chef du gouvernement d'union, "la victoire n'est qu'une question de temps. Espérons qu'il soit très court".
Revenant sur l'implantation rapide de Daesh en Libye, à 300 kilomètres
des côtes européennes, le Premier ministre désigné a pointé "une
succession d'erreurs ces cinq dernières années, notamment le renoncement
de la communauté internationale à compléter son aide à la Libye face
aux défis post-conflit".
Bien que l'opinion publique libyenne reste farouchement opposée à toute
intervention militaire étrangère, M. Sarraj n'a pas écarté la
possibilité d'une aide internationale.
"Il y a (actuellement) des aides limitées ? expertise et logistique ? et
nous avons par le passé dit être prêts à accepter l'aide et le soutien
des pays frères et amis tant que ce soutien demeure dans le cadre d'une
demande du GNA et en coordination avec lui de manière à préserver la
souveraineté nationale", a-t-il souligné.
Issu d'un accord parrainé par l'ONU signé en décembre 2015 au Maroc, le
gouvernement d'union nationale s'était autoproclamé en mars sur la base
d'un communiqué de soutien d'une centaine de députés du Parlement
reconnu basée à Tobrouk (est). Il n'a jamais obtenu de vote officiel de
ce Parlement.
Outre la lutte contre Daesh, il doit aussi tenter de redresser l'économie d'un pays miné par les conflits et les divisions.
"Tout ce que nous pouvons faire c'est oeuvrer, par tous les moyens
disponibles, à sortir notre pays de ses crises mais nous n'avons pas de
baguette magique, nous n'avons que notre effort", a-t-il dit.
Puis de conclure: "je suis confiant que nous allons surmonter cette
épreuve mais si un jour je perds cette foi, je ne resterai pas une
minute".
(26-06-2016)
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