vendredi 3 juin 2016

Syrie: Des dizaines de morts à Alep pilonnée par des raids aériens

 31 civils ont été tués vendredi en Syrie par des frappes d'avions du régime sur un bus qui circulait près d'Alep, sur la route du Castello (Afp)

La ville d'Alep vivait de nouveau vendredi l'enfer des raids aériens incessants avec des dizaines de morts, quelques heures avant une réunion d'urgence à l'ONU sur les secours aux habitants affamés et assiégés en Syrie.
Dans la deuxième ville du pays, au moins 38 civils ont péri depuis le petit matin dans des frappes du régime sur les quartiers rebelles et leurs environs, selon la défense civile.
Ces bombardements, "d'une folle intensité" selon un correspondant de l'AFP, sont les plus forts depuis une dizaine de jours. Leur violence était telle que la prière du vendredi a été annulée dans les secteurs Est sous contrôle des rebelles.
La défense civile de ces quartiers a indiqué que 28 civils avaient été tués par les barils d'explosifs, cette arme destructrice dénoncée par les ONG. 10 autres ont péri lorsque les avions du régime ont pris pour cible un bus qui circulait sur la route du Castello, le seul axe permettant un contact avec l'extérieur pour les zones d'Alep tenues par les rebelles, selon la défense civile.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé des frappes "intenses" de l'armée sur la route du Castello ayant fait "au moins huit morts civils", dont une femme et trois enfants.
"La route du Castello est de facto coupée car tout mouvement est visé, que ce soit celui des bus ou des passants", a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH qui dispose d'un vaste réseaux de sources dans la Syrie en guerre. "Cela veut dire que les quartiers rebelles sont devenus totalement assiégés".
Selon lui, le régime veut non seulement terroriser les habitants pour "les empêcher de bouger" mais également leur montrer "que leur seule porte de sortie sont les quartiers sous son contrôle".
L'ancienne capitale économique de la Syrie est divisée entre des quartiers tenus par les rebelles à l'est et des quartiers contrôlés par les forces gouvernementales à l'ouest.
Des tirs de roquettes visant les quartiers ouest ont fait des blessés vendredi, a précisé M. Abdel Rahmane.
Au moins 19 civils, dont six enfants, avaient déjà été tués jeudi dans des bombardements des quartiers rebelles.
Une trêve instaurée le 27 février par la Russie et les Etats-Unis a été violée à plusieurs reprises et près de 300 civils avaient péri à Alep dans des bombardements en avril. Le cessez-le-feu a été reconduit maintes fois mais les violences se sont poursuivies.
Cette escalade de la violence à Alep intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir à 14H00 GMT à New York pour trouver les moyens de secourir les habitants assiégés en Syrie.
Ce sont près de 600.000 personnes, selon l'ONU, qui vivent dans 19 zones ou localités encerclées par les belligérants, principalement par les troupes du régime, et près de quatre millions dans des zones difficiles d'accès. Nombre d'entre eux souffrent de malnutrition.
L'envoyé spécial adjoint de l'ONU pour la Syrie, Ramzy Ezzeldin Ramzy, a affirmé que les largages d'aides n'étaient pas "imminents" vu la complexité de l'opération et la nécessité d'avoir le feu vert du régime.
D'après le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, il faudra recourir à des hélicoptères pour transporter cette aide. "Dans les zones urbaines, les largages par avion ne sont pas envisageables. Chaque hélicoptère transporterait environ trois tonnes et devrait atterrir pour décharger", a-t-il ajouté.
Dans un pays où la guerre a fait 280.000 morts depuis plus de cinq ans et jeté hors de leurs foyers des millions de personnes, la difficulté des largages est d'autant plus grande que le ciel est encombré par les avions russes, syriens et de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Dans la province d'Alep, le fief rebelle de Marea opposait une farouche résistance après une violente attaque menée à l'aube par 500 jihadistes de Daesh à la périphérie de cette ville où des munitions ont été larguées par la coalition dirigée par Washington.
Dans cette même province, les Forces démocratique syriennes (FDS), alliance dominée par les Kurdes, tentent de s'emparer de la ville de Minbej, principale voie de ravitaillement depuis la Turquie pour Raqa, capitale de facto des jihadistes.
Les FDS sont soutenues par les frappes de la coalition, qui cherche à annihiler Daesh, responsable de terribles exactions dans les régions conquises et d'attentats meurtriers dans le monde.
De l'autre côté de la frontière, en Irak, les forces gouvernementales soutenues par l'aviation de l'allié américain se heurtent à la résistance de Daesh à Fallouja, à une cinquantaine de km à l'ouest de Bagdad. Quelque 50.000 civils sont bloqués dans ce fief jihadiste totalement assiégé et leur présence ralentit les opérations de reconquête, selon le pouvoir.

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