Une réunion internationale sur le conflit israélo-palestinien, la
première depuis presque 10 ans, se tient vendredi à Paris pour redonner
vie au processus de paix abandonné depuis des années, une démarche vouée
à l'échec, selon Israël.
Cette conférence, qui va rassembler les ministres et représentants d'une
trentaine de pays occidentaux, arabes, l'ONU et l'UE, se déroule sans
les deux principaux intéressés et vise avant tout à réaffirmer
solennellement l'engagement international en faveur de la solution à
deux Etats.
Il s'agit de "remobiliser" autour d'un dossier passé au second plan
depuis les printemps arabes et l'explosion des conflits régionaux, selon
le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault. La réunion doit
lancer un processus de travail international et convaincre Israéliens et
Palestiniens de reprendre les négociations d'ici fin 2016.
Mais cette démarche "échouera", a asséné le ministère des Affaires
étrangères israélien à la veille de la réunion, l'Etat hébreu étant
farouchement opposé à toute approche multilatérale du conflit, et
prônant des négociations directes avec les Palestiniens.
"Personne n'a jamais imaginé qu'on trouvera une solution de paix sans
les deux parties. Mais à l'heure actuelle, si on met Israéliens et
Palestiniens autour d'une table, il est fort probable que la discussion
va durer moins de quelques minutes", rétorque-t-on de sources
diplomatiques françaises.
Les dernières négociations directes, menées sous égide américaine, ont
échoué en 2014. Le Proche-Orient reste une éternelle poudrière, et même
s'il s'agit d'"un conflit de basse intensité", la situation empire de
façon régulière.
Attaques au couteau menées par des Palestiniens, représailles
israéliennes, les violences ont fait plus de 200 morts palestiniens et
une trentaine d'Israéliens depuis le 1er octobre.
La colonisation israélienne se poursuit sans fléchir dans les
territoires palestiniens, hypothéquant chaque jour davantage la solution
"à deux Etats", vue comme la seule formule viable pour résoudre un des
plus vieux conflits au monde.
Côté politique, le gouvernement de l'Etat hébreu est l'un des plus à
droite de l'histoire du pays, tandis que les Palestiniens sont plus
divisés et affaiblis que jamais.
"Évidemment, on ne va pas faire la paix tout de suite entre Israéliens
et Palestiniens", répètent les diplomates français, qui insistent sur
"la modestie", le "pragmatisme" et la "lucidité" de la démarche.
Concrètement, les participants n'entreront pas vendredi dans les détails
ni les paramètres d'une future négociation, inscrits dans de nombreuses
résolutions et textes internationaux. Mais Paris souhaite la mise en
place de groupes de travail autour de thèmes précis comme des
incitations économiques pour faire la paix, des mesures pour faire
baisser la tension sur le terrain, des garanties de sécurité régionale.
L'initiative arabe de 2002, qui proposait des relations normalisées avec
Israël dans le cadre d'une paix globale et d'un retrait israélien des
Territoires palestiniens, est également envisagée comme une piste à
relancer, selon les sources diplomatiques.
La démarche française se heurte cependant à de multiples obstacles, dont
le premier est l'hostilité affichée d'Israël. Le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu répète qu'il est prêt à reprendre les
négociations directes avec les Palestiniens et s'est dit ouvert pour
"négocier" le plan arabe de 2002, mais nombre de commentateurs le
soupçonnent simplement de jouer la montre.
Une autre interrogation porte sur le niveau d'implication, au-delà d'un
intérêt poli, des Etats-Unis, acteurs incontournables sur le dossier. Le
secrétaire d'Etat John Kerry, médiateur malheureux des négociations
israélo-palestiniennes en 2013 et 2014, sera certes à Paris. Mais "nous
n'apportons aucune proposition spécifique", et "n'avons pris aucune
décision sur ce que pourrait être notre rôle", a bien souligné jeudi un
haut responsable du département d'Etat.
Seuls les Palestiniens, "au bord du désespoir" selon une source
diplomatique française, soutiennent pleinement la démarche. "Les
négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens durent depuis
25 ans, sous le parrainage des seuls Américains, et n'ont abouti à rien.
Une intervention internationale est nécessaire pour sauver la solution à
deux Etats", estime l'ambassadeur palestinien à Paris, Salman El Herfi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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