La colère monte contre l’Autorité palestinienne de Mahmud Abbas en
Cisjordanie, accusée de rester passive devant l’assaut d’Israël contre
le Hamas dans la bande de Gaza, malgré la récente réconciliation entre
les deux frères ennemis. Des manifestants ont été empêchés à maintes
reprises par les forces de sécurité du président de l’Autorité Mahmud
Abbas de marcher sur les barrages de l’armée israélienne pour exprimer
leur solidarité avec les "frères" de Gaza. "Ô l’Autorité, dis-nous ce
qui t’arrive", ont scandé mercredi soir sur un ton virulent plus de 200
protestataires à al-Bireh, près de Ramallah.
Le refus de l’Autorité, qui administre les zones autonomes de
Cisjordanie, de les laisser manifester laisse un goût amer aux
activistes palestiniens. Pour Nachaat al-Aqtach, professeur à
l’université de Bir Zeit, empêcher des Palestiniens de manifester leur
solidarité avec Gaza est "dangereux, car aux yeux de l’opinion, cela
veut dire que l’Autorité protège l’occupant". Un rassemblement de
solidarité avec "les frères" de Gaza a d’ailleurs dégénéré mercredi à
Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, en affrontements avec les forces
de l’ordre palestiniennes qui ont répliqué - comme l’auraient fait des
soldats israéliens - à coups de grenades lacrymogènes pour le disperser.
Cibles des critiques, Mahmud Abbas, 79 ans, une figure modérée, est
carrément accusé de "collaboration" avec Israël, surtout sur les réseaux
sociaux qui lui reprochent une attitude par trop conciliante avec
"l’occupant". La coopération active entre les forces de sécurité de
l’Autorité et l’armée israélienne, en particulier, passe mal. Pour
beaucoup, la relative discrétion de M. Abbas depuis le début de
l’offensive israélienne à Gaza est la goutte qui fait déborder le vase.
"Le peuple palestinien n’a pas ressenti durant cette guerre
israélienne contre Gaza qu’il a un leader proche de lui et qui reflète
ses aspirations", accuse Moammar Ourabi, un militant de la société
civile. "Depuis le début de cette guerre, le fossé ne cesse de se
creuser" entre le président palestinien et la population, souligne ce
militant.
"Je ne comprends pas l’impuissance du président Abbas à arrêter cette
guerre contre les enfants et les femmes à Gaza", déplore Mayssar
Souleimane, 50 ans, vendeuse dans un magasin de vêtements à Ramallah. Il
faut dire que le Fatah (nationaliste) de Mahmud Abbas a été chassé par
la force de la bande de Gaza par le Hamas islamiste en 2007 et que la
récente réconciliation entre les deux frères ennemis du mouvement
national palestinien reste très fragile.
Depuis le début des bombardements israéliens sur Gaza, qui visent à
détruire l’infrastructure militaire du Hamas, Mahmud Abbas a adopté un
profil bas. Certes, il a dénoncé publiquement un "génocide" dans la
bande de Gaza, mais il en a été réduit à demander à l’ONU une
"protection internationale" pour les Palestiniens. Seule arme à sa
disposition, la poursuite de l’adhésion de la Palestine à des traités et
conventions internationaux, comme son accession au rang d’État non
membre à l’ONU en novembre 2011 lui en donne le droit.
M. Abbas était vendredi au Caire, où il a rencontré les dirigeants
égyptiens et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, avant de
se rendre en Turquie dans le cadre des efforts internationaux pour
arracher un cessez-le-feu. "L’image de Mahmud Abbas comme leader a été
égratignée depuis le début de ce conflit et cela est grave", a estimé
l’universitaire de Bir Zeit, un constat que conteste l’entourage du
président palestinien qui n’y voit que "dénigrement".
"Il s’agit simplement d’une campagne d’incitation (à la haine)
interne contre la direction palestinienne", rétorque un responsable
gouvernemental palestinien. Ce dernier en veut pour preuve une "attaque
orchestrée" contre le ministre de la Santé du gouvernement d’union
(composé de personnalités indépendantes, mais soutenu par le Hamas),
Jawad Awad, contraint d’annuler une visite de solidarité à Gaza et
retourner en Cisjordanie via l’Égypte. Le convoi du ministre venu de
Ramallah a été en effet la cible de jets d’oeufs et de chaussures par
des jeunes en colère au terminal de Rafah, à la frontière entre l’Égypte
et la bande de Gaza.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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