mardi 28 juin 2016

Liban : L'armée recherche des kamikazes dans les camps de réfugiés

L'armée libanaise ratissait mardi les camps de fortune où vivent des réfugiés syriens près d'un village chrétien, théâtre la veille de huit attentats suicides dans cette région limitrophe de la Syrie en guerre. Le ministre de l'Intérieur libanais Nouhad al-Machnouk a toutefois estimé qu'il était "plus probable que les kamikazes soient venus de Syrie, plutôt que des camps de réfugiés". Il s'exprimait lors d'une visite au village d'Al-Qaa, situé dans la Bekaa à quelques kilomètres de la frontière syrienne, où huit kamikazes ont fait exploser leur ceinture d'explosifs lors de deux attaques, lundi à l'aube et dans la soirée, faisant au total 5 morts et 28 blessés.
"Nous craignons qu'il y ait d'autres terroristes", a indiqué Bachir Matar, le maire d'Al-Qaa. "Les unités de l'armée ratissent la zone à la recherche de suspects". "On n'a jamais eu aussi peur de toute notre vie", a confié à l'Agence France-Presse Yola Saad, une habitante d'Al-Qaa contactée par téléphone. "Les jeunes ont pris les armes pour garder leur quartier, personne ne sort sauf en cas de nécessité. Tout est fermé, à l'exception des magasins d'alimentation", a-t-elle ajouté.
"Tous les habitants restent chez eux, par peur de nouveaux attentats, les jeunes patrouillent dans les rues avec leurs armes", a indiqué de son côté Danny Naous. Al-Qaa est situé sur le principal axe routier reliant la ville syrienne de Qousseir à la Bekaa libanaise. Majoritairement chrétien, le village d'environ 3 000 habitants compte un quartier de musulmans sunnites et quelque 30 000 réfugiés syriens sont établis à sa périphérie. "L'armée a déployé des effectifs importants dans le secteur de Macharii al-Qaa", à la périphérie du village, "menant des opérations dans les camps de réfugiés à la recherche d'armes et de suspects", a indiqué l'agence nationale libanaise Ani.
Le mode opératoire des attaques de lundi - kamikazes et attentats simultanés - est typique des organisations djihadistes très actives en Syrie, à l'instar de Daesh et Al-Qaïda. Des chars de l'armée étaient déployés dans les rues d'Al-Qaa, où des habitants ont pris les armes pour se protéger, a constaté un photographe de l'Agence France-Presse. Des femmes posaient en armes devant les photographes.
Le Premier ministre Tammam Salam a toutefois invité, lors du conseil des ministres, les civils à ne pas prendre les armes. Le Hezbollah, très présent dans la Bekaa et dont les hommes combattent aux côtés du régime syrien de Bashar el-Assad, a déployé ses hommes sur la route reliant Baalbeck à la région semi désertique du Hermel "pour fouiller les véhicules", a indiqué un responsable de l'organisation. À Baalbeck, les militaires ont également mené "des opérations de ratissage dans des camps de réfugiés (...), interpellant 103 Syriens en situation irrégulière", selon un communiqué de l'armée. Le Liban accueille plus de 1,1 million de réfugiés syriens, soit le quart de sa population.
Par ailleurs, la mairie de la ville de Hermel, au nord-ouest d'Al-Qaa, a interdit de circulation pendant 72 heures les réfugiés syriens, selon un communiqué. La zone frontalière a été le théâtre de multiples affrontements entre l'armée libanaise et des groupes djihadistes comme le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, ou Daesh. La tension a culminé en août 2014, lorsque les deux groupes djihadistes ont enlevé une trentaine de soldats et policiers libanais, à Aarsal, dans l'est du pays. 16 d'entre eux ont été libérés fin 2015 à l'issue de longues négociations menées par Beyrouth.

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