Deux semaines de conflit. Cinq jours d’offensive terrestre. Des
efforts diplomatiques de la communauté internationale qui s’intensifient
en vue d’un cessez-le-feu. Mais sur le terrain, rien ne change. Encore
et toujours la guerre. Et les mêmes images terrifiantes venues de Gaza :
hôpitaux bondés où les blessés côtoient les morts. Des mères
impuissantes, entre colère et douleur. Des maisons détruites avec leurs
tonnes de gravats d’où émergent un vieil homme et deux adolescents, à la
recherche d’on ne sait quoi. Lundi, au moins 55 Palestiniens ont été
tués, dont de nombreux enfants.
Du côté israélien, toujours en haut du petit écran, les alertes en
temps réel, suivies du direct du correspondant sur place, là où la
roquette est tombée ou a été interceptée par une batterie antimissile. À
intervalle régulier, des bandeaux apparaissent avec le nom et l’âge des
soldats tués. À 20 heures, lors du journal télévisé, les enterrements
et la douleur des familles. Entre-temps, et parce qu’il faut tenir
l’antenne, c’est débat sur débat. Les spécialistes militaires et
d’anciens généraux tentent d’expliquer pourquoi l’armée et les divers
services de renseignements n’ont pas plus investi dans la recherche et
la neutralisation des tunnels "offensifs" creusés par le Hamas. Mardi
matin, dans un édito au vitriol, le correspondant militaire du quotidien
Haaretz parle d’"échec stratégique national". Viennent ensuite les
politiques, pro ou anti-cessez-le-feu, qui développent leurs arguments.
Et enfin l’inépuisable discussion sur les médias étrangers encore une
fois soupçonnés ou accusés de soutenir uniquement la cause palestinienne
en oubliant, volontairement ou pas, ce que traversent les Israéliens.
Dans le pays, l’atmosphère est au deuil et à l’héroïsme de "nos
soldats". Israël comme une "grande famille". La mort de chaque soldat -
29, selon le dernier bilan - est celle de tous. Un des militaires tombés
dans la nuit de samedi à dimanche dans ce qu’on appelle désormais la
"bataille de Shadjaya" avait immigré il y a quelques années des
États-Unis. Enrôlé à 18 ans dans l’armée israélienne, il était considéré
comme un soldat "boded" (en français : "isolé", "sans famille sur
place"). Pour qu’il ne soit pas enterré seul, des amis ont demandé, via
Facebook, aux Israéliens de venir en masse. Vingt mille personnes ont
répondu présent. C’était lundi soir, à 23 heures, au cimetière de Haïfa.
Il y a aussi les aspects dont les médias parlent moins. La campagne
haineuse sur les réseaux sociaux contre des personnalités du monde
culturel qui ont tenu à exprimer leur solidarité avec les nombreuses
victimes civiles à Gaza. Plusieurs actrices, très connues, sont la cible
d’une avalanche d’insultes et de menaces sur Facebook et Twitter. La
ministre de la Culture et des Sports du Likoud, Limor Livnat, y est
allée de son post. Elle a traité une cinéaste israélienne de "déshonneur
pour l’État d’Israël". Avec des collègues, Shira Geffen avait, la
semaine dernière au Festival international du film de Jérusalem, fait
observer une minute de silence à la mémoire des quatre enfants
palestiniens tués alors qu’ils jouaient sur la plage de Gaza. De son
côté, le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, réclame le
boycott des commerces arabes israéliens, après les manifestations de
soutien à Gaza qui ont eu lieu dans plusieurs villes arabes, notamment à
Nazareth où, à l’issue de heurts avec la police, dix protestataires ont
été interpellés. Lundi, tout le secteur arabe israélien était en grève.
Même chose à Jérusalem-Est
Ce mardi matin, l’armée a fini par le confirmer : le corps d’un
soldat tué à Chajaya, dans la nuit de samedi à dimanche, est manquant.
Il faisait partie des sept militaires tués lorsqu’un transport de
troupes a été touché par un missile antichar. Le Hamas affirme qu’il est
prisonnier. Selon les Israéliens, l’organisation islamiste a
probablement récupéré son cadavre.
(22-07-2014 - Danièle Kriegel )
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