vendredi 13 janvier 2012

Tunisie : "ils n’arriveront à rien, quitte à en tuer mille", disait Ben Ali avant de fuir

Le matin du 14 janvier 2011, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali déclarait à propos des manifestants qui réclamaient son départ : "ils n’arriveront à rien, quitte à en tuer mille ou plus", a raconté jeudi l’ancien Premier ministre Mohammed Ghannouchi.
"Le matin du 14 janvier j’ai appelé le président et lui ai dit ce qui se passait sur l’avenue Bourguiba", à Tunis, a raconté le Premier ministre de l’époque Mohammed Ghannouchi sur la chaîne nationale tunisienne.
Ce jour là, des centaines de manifestants ont commencé à se rassembler sur la grande artère de la capitale tunisienne pour réclamer le départ de Ben Ali, confronté à un soulèvement populaire sans précédent depuis le 17 décembre.
"Ils n’arriveront à rien. Quitte à ce qu’on en tue mille, ou plus", a répondu Ben Ali, selon son Premier ministre. "J’étais sous le choc. Je découvrais un autre homme que celui avec qui je travaillais depuis des années", a poursuivi M. Ghannouchi.
Selon son récit, il assure au président que la répression n’est "pas la bonne solution" et lui demande de "mettre en oeuvre des mesures pour le développement et contre la corruption".
"On en parlera après", réplique Ben Ali. M. Ghannouchi assure alors avoir décidé de quitter son poste pour "ne pas être complice" d’un éventuel bain de sang.
Dans l’après-midi du 14 janvier, vers 17H00, il reçoit un coup de téléphone d’un haut gradé militaire qui lui dit : "Ben Ali est parti, le pays est entre tes mains. Si tu n’assumes pas, il va y avoir un bain de sang".
Le président tunisien, son épouse Leïla et quelques proches se sont rendus à l’aéroport militaire de Carthage et se sont envolés vers l’Arabie Saoudite, dans des circonstances encore mal connues.
A 19H00 ce 14 janvier 2011, Mohammed Ghannouchi déclare à la télévision assurer l’intérim de la présidence en remplacement de Ben Ali qui a quitté la Tunisie après 23 ans de pouvoir.
Mohammed Ghannouchi sera nommé le surlendemain Premier ministre et gouvernera jusqu’au 27 février, date à laquelle il démissionne sous la pression de la rue.
La Tunisie va fêter samedi le premier anniversaire de cette journée historique, qui a vu le premier gouvernant arabe chassé du pouvoir par son peuple et a été le déclencheur du "printemps arabe".

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