L’émir du Qatar s’est dit favorable à l’envoi de troupes arabes en Syrie afin de "mettre fin à la tuerie" dans le pays, secoué depuis dix mois par une révolte populaire réprimée dans le sang, la première prise de position de ce type d’un dirigeant arabe.
Les Etats-Unis ont accusé de leur côté l’Iran de fournir des armes à Damas pour aider le régime du président Bachar al-Assad à réprimer la contestation. Interrogé par la chaîne américaine CBS sur la nécessité d’envoyer des troupes arabes en Syrie, l’émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, a répondu : "afin de mettre fin à la tuerie (...) un certain nombre de soldats devraient se rendre sur place", selon un extrait de l’entretien devant être diffusé dimanche.
CBS souligne que l’émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se prononcer publiquement en faveur de l’envoi de troupes en Syrie, où la répression a fait au moins 5.000 morts depuis la mi-mars, selon les Nations unies.
Les exactions se poursuivent dans le pays malgré la présence depuis le 26 décembre de dizaines d’observateurs arabes chargés de surveiller l’application d’un plan de sortie de crise. Quatre cents personnes ont été tuées depuis le début de leur mission, selon un responsable de l’ONU.
Samedi, quatre civils, dont un adolescent de 13 ans, ont encore péri sous les balles des forces de sécurité à Homs (centre), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Deux autres ont succombé des suites de leurs blessures reçues hier à Homs et Idleb (nord).
Le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a déclaré samedi à l’AFP que la mission des observateurs serait "réévaluée" lors d’une réunion le 21 janvier au Caire. Il n’était pas clair s’il insinuait un éventuel retrait des observateurs de Syrie ou un réexamen pour rendre la mission plus efficace.
Vendredi soir, il avait déclaré que la Ligue "examin(ait) en ce moment si le maintien de la mission est bénéfique, face à la poursuite des violences", selon des propos rapportés par l’agence officielle égyptienne Mena.
Un nouveau rapport du chef de la mission des observateurs est attendu le 19 janvier.
Les opposants veulent que la Ligue arabe, incapable d’aider selon eux à protéger les civils, transmette le dossier à l’ONU.
Le Premier ministre britannique David Cameron s’est dit vendredi prêt à "soumettre une nouvelle résolution" au Conseil de sécurité pour condamner la répression, qui serait "basée sur ce que dit et fait la Ligue arabe".
La Russie, qui s’est opposée à toute résolution condamnant Damas, a proposé son propre projet de résolution. Mais le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a critiqué les amendements occidentaux, estimant qu’ils avaient pour but de procéder à un changement de régime à Damas.
Washington a accusé de son côté Téhéran de fournir des armes à Damas pour réprimer les protestataires. "Le gouvernement américain est persuadé que l’Iran a fourni des munitions à la Syrie", a indiqué un responsable américain à l’AFP sous couvert de l’anonymat.
Le général iranien Qassem Soleimani, commandant de l’unité Qods (force spéciale des Gardiens de la révolution), était à Damas en janvier, ont précisé des responsables américains, qui considèrent cette visite comme le signe le plus concret que l’aide iranienne comprend du matériel militaire.
Washington a en outre fait part de son "inquiétude à la Russie et à Chypre", alors qu’un navire russe transportant une "cargaison dangereuse" devait rejoindre la Syrie, après avoir fait escale à Chypre, selon une source au sein de la compagnie d’exploitation du bateau. D’après des médias russes, il pourrait transporter jusqu’à 60 tonnes d’armes et d’équipement militaire.
Un général déserteur de l’armée syrienne, Mustafa al-Cheikh, qui s’est réfugié récemment en Turquie, doit par ailleurs annoncer samedi la création d’un "Conseil supérieur militaire" pour planifier les opérations contre le régime de Damas et organiser les défections dans l’armée, a affirmé à l’AFP l’un de ses conseillers, Fahad Almasri. Le général al-Cheikh est le plus haut gradé ayant défection.
L’Armée syrienne libre (ASL), qui revendique quelque 40.000 militaires ayant fait défection, aura pour mission d’exécuter ces opérations", a-t-il précisé.
Les autorités syriennes, qui ne reconnaissent pas l’ampleur de la contestation et attribue les troubles à des "bandes armées" ont accusé un "groupe terroriste" d’avoir posé un engin piégé sur une voie ferrée, faisant dérailler un train transportant du fioul à Idleb (nord-ouest), selon l’agence officielle Sana, qui a fait état de trois blessés.
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