La Syrie a rejeté mardi tout déploiement de soldats arabes sur son territoire, comme l’a proposé le Qatar pour faire cesser les violences qui ont fait selon l’ONU plus de 5.000 morts en dix mois.
Cette prise de position syrienne intervient avant une réunion ce week end de la Ligue arabe au Caire pour réévaluer la mission des observateurs arabes en Syrie, critiquée pour son incapacité à faire cesser l’effusion de sang.
"La Syrie rejette les déclarations de responsables du Qatar sur l’envoi de troupes arabes qui amplifient la crise, font avorter l’action arabe et ouvrent la voie à une intervention étrangère", a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Le peuple syrien refuse toute intervention étrangère sous n’importe quelle appellation. Il fera face à toute tentative qui porte atteinte à la souveraineté de la Syrie et à l’intégrité de son territoire", selon le communiqué.
"Il serait regrettable que du sang arabe coule sur le territoire syrien pour servir des (intérêts) connus", ajoute le ministère sans autre précision.
L’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, s’est dit samedi favorable à l’envoi de troupes arabes en Syrie afin de "mettre fin à la tuerie" dans le pays.
Le chef de l’organisation panarabe, Nabil al-Arabi, a indiqué que cette idée pourrait être examinée lors du comité ministériel de la Ligue arabe dimanche.
Les exactions se poursuivent en Syrie malgré la présence depuis le 26 décembre de dizaines d’observateurs arabes chargés de surveiller l’application d’un plan de sortie de crise prévoyant en premier lieu l’arrêt des violences.
Pour sa part Riad al-Assaad, chef de l’ASL, constituée de déserteurs et qui revendique 40.000 combattants, a appelé dans un communiqué les 22 membres de la Ligue arabe à "transférer rapidement le dossier syrien devant le Conseil de sécurité de l’ONU".
L’ONU a annoncé qu’elle commencera à former dans les prochains jours des observateurs de la Ligue afin de les aider à évaluer la répression sanglante en Syrie, selon une porte-parole.
Mais les soldats dissidents réclament une action plus musclée, demandant un "recours au chapitre 7 de la charte de l’ONU, afin de préserver la paix". Ce chapitre donne au Conseil de sécurité la possibilité d’entreprendre "toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix".
"La situation a atteint un point inacceptable. J’espère sincèrement que le Conseil de sécurité va traiter (cette crise) d’une manière sérieuse et cohérente", a dit lundi le chef de l’ONU Ban Ki-moon lors d’une conférence de presse à Abu Dhabi, en marge d’un sommet sur l’énergie.
La Russie et la Chine, alliés du régime de Damas, ont bloqué en octobre un projet de résolution au Conseil de sécurité demandant des sanctions contre le régime syrien.
Moscou, qui accuse les pays occidentaux de vouloir changer le régime de Damas, a distribué lundi à ses partenaires du Conseil de sécurité une nouvelle version de son projet.
Ce texte, qui ne semble pas modifier sur le fond la position russe, sera discuté mardi après-midi au niveau des experts. Paris l’a jugé "très loin" des réalités.
Lundi, le Conseil national syrien (CNS) et l’ASL avaient décidé de "la mise en place d’un bureau de liaison et d’un téléphone rouge afin de suivre les développements sur le plan politique et sur le terrain".
L’Iran, grand allié de la Syrie dans la région, a démenti mardi des accusations de la France sur l’envoi d’armes en Syrie.
Sur le terrain, quatorze civils ont été tués, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Dans la province d’Idleb (nord-ouest), "huit Syriens ont été tués par une charge qui a explosé lors du passage de leur minibus sur la route reliant Idleb à Alep" (nord), a indiqué l’organisation qui ignore l’identité des auteurs de l’attentat.
Dans la même province, un militant a été tué par un tireur embusqué à Khan Cheikhoun.
A Homs (centre), épicentre de la contestation contre le régime du dictateur Bashar al-Assad, des transports de troupes blindés circulant dans la rue al-Qahira "ont ouvert le feu aveuglément, tuant un civil et en blessant neuf autres", a par ailleurs indiqué l’organisation basée en Grande-Bretagne.
Quatre autres civils -dont une femme de 39 ans- ont été tués à Homs par des tirs des forces de sécurité et de tireurs embusqués, selon la même source.
Parallèlement, à Alep, deuxième ville de Syrie, les forces de sécurité ont mené des perquisitions dans la Cité universitaire après une manifestation organisée la veille par des étudiants. Les forces de sécurité ont cassé les meubles dans les chambres et arrêté certains étudiants.
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