Le Conseil national syrien a exhorté la communauté internationale à agir contre les "massacres" du régime, déterminé à venir à bout de la révolte, avant une réunion mardi d’un Conseil de sécurité de l’ONU divisé sur la manière de mettre fin au bain de sang.
La Russie, un allié de Damas, a répété son opposition à un projet de résolution sur un transfert de pouvoirs proposé au Conseil de sécurité, Moscou affirmant qu’il pourrait "ouvrir la voie à une guerre civile".
"Les changements de régime, ce n’est pas notre travail (...). C’est aux Syriens de décider eux-mêmes comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure", a insisté le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, actuellement en Australie.
En tournée au Proche-Orient, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a qualifié la violence en Syrie de "menace pour la paix" et dit espérer que la réunion sur ce projet proposé par l’Occident et les Arabes, porte "rapidement ses fruits".
Mais malgré la machine de guerre du régime qui frappe sans répit depuis le début de la révolte populaire en mars 2011, la communauté internationale ne parvient pas à s’entendre : les Occidentaux réclament sanctions et pressions, Moscou et Pékin prônent la non-ingérence.
La réunion à l’ONU doit commencer à 20H00 GMT par un exposé du chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, et du Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem Al Thani, sur leur plan proposant un transfert des pouvoirs de Bashar al-Assad à son vice-président avant un dialogue avec l’opposition et la formation d’un cabinet d’union.
Les chefs de la diplomatie américaine Hillary Clinton, française Alain Juppé et britannique William Hague doivent ensuite s’exprimer pour réclamer l’adoption d’une résolution dénonçant la répression qui a fait des milliers de morts en plus de dix mois et appelant à une transition démocratique.
Le texte reprend les grandes lignes d’un plan proposé par la Ligue arabe, mais aucun vote n’est prévu mardi selon des diplomates. Sa dernière version donne cependant quelques gages à la Russie.
Le texte souligne en effet "la nécessité de résoudre la crise actuelle en Syrie de manière pacifique" et précise que la condamnation des violences s’adresse à "toute violence, d’où quelle vienne", ajouts jugés pour l’instant insuffisants par Moscou.
Depuis une semaine, au moins 400 personnes ont péri dans les violences, des civils tués par les forces du régime et des militaires et déserteurs tués dans des affrontements armés qui augmentent les craintes de voir le pays sombrer dans la guerre civile.
Mardi, les violences ont fait au moins 22 morts, essentiellement dans des opérations de sécurité menées par les forces du régime, tandis que des combats entre armée et dissidents faisaient rages dans plusieurs zones des provinces d’Idleb, Homs et Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
La banlieue nord-est de Damas était toujours en état de siège, et à Rankus, ville située à 40 km au nord de Damas, assiégée depuis une semaine, privée d’eau, d’électricité et de nourriture, les forces du régime ont fait sauter des maisons, selon des militants.
"Le régime utilise une force démesurée dans plusieurs régions de Syrie et la force de feu mise en oeuvre est la plus violente depuis le début de la révolution syrienne" en mars 2011, a commenté Rami Abdel Rahman, président de l’OSDH, basé au Royaume-Uni.
Le régime Assad, qui assure disposer du soutien populaire pour venir à bout des contestataires, assimilés à des "terroristes", a accentué la répression pour tenter d’étouffer la contestation, semblant mettre à profit l’appui russe et les divisions persistantes à l’ONU.
Les autorités ont assuré avoir porté depuis trois jours "des coups durs" aux "groupes terroristes armés".
Dénonçant les "massacres sauvages contre les civils dont des femmes et des enfants", le Conseil national syrien (CNS) a appelé la communauté internationale à prendre des "mesures rapides" afin de "protéger les civils par tous les moyens disponibles".
Sur le terrain, les militants ont appelé à "une journée de deuil et de colère" à travers le pays. A Daël (sud), les funérailles d’un soldat dissident ont rassemblé près de 10.000 personnes qui ont appelé à la chute du régime, selon l’OSDH.
A New York, la délégation du CNS, conduite par son président Burhan Ghaliun, a eu une série d’entretiens avec des représentants de membres du Conseil de sécurité pour rallier du soutien au projet de résolution, tout en appelant à faire pression sur la Russie pour éviter son veto.
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