Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Sanaa, réclamant l’exécution du président Ali Abdallah Saleh et protestant contre la loi lui accordant l’immunité.
"Il est de notre devoir d’exécuter le tyran", "le peuple yéménite a décidé, Saleh doit être exécuté", répétaient les manifestants partis de la place du Changement, où campent depuis près d’un an les protestataires réclamant le départ du chef de l’Etat.
Le Parlement yéménite a accordé samedi au président Saleh "l’immunité totale contre toute poursuite légale ou judiciaire".
Il a également entériné la candidature unique du vice-président Abd Rabbo Mansur Hadi à l’élection présidentielle, prévue le 21 février dans ce pays secoué depuis un an par des troubles ayant fait des centaines de morts.
"Aux députés : pas d’immunité aux dépens de notre sang", proclamait une banderole brandie par les manifestants, qui ont tenté de se diriger vers l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa avant d’en être empêchés par les forces de sécurité.
Le Parlement avait dû amender cette semaine le projet de loi accordant l’immunité à Ali Abdallah Saleh et à ses collaborateurs, la version initiale étant vivement contestée par le rue et des ONG.
En vertu de la nouvelle loi, les collaborateurs de M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé par les protestataires de corruption et de népotisme, bénéficieront de l’immunité "pour les actes politiquement motivés, accomplis dans l’exercice de leurs fonctions officielles". En revanche, l’immunité "ne s’applique pas aux actes terroristes".
L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, a critiqué samedi soir cette loi, soulignant le droit des "victimes" à réclamer des comptes.
"La loi a été modifiée (...) mais elle demeure en-deçà de nos aspirations. L’ONU a une position de principe à l’égard de ce genre d’immunité absolue", a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
Il a appelé à promulguer "une loi sur la justice et la réconciliation" qui permettrait "aux victimes de réclamer des compensations".
Un accord sur une transition politique conclu le 23 novembre à Ryad prévoit le départ du président Saleh du pouvoir en échange de l’immunité pour lui-même et ses proches, au terme du scrutin du 21 février auquel Hadi sera le seul candidat pour un mandat intérimaire de deux ans.
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