L'opposition syrienne entend faire monter la pression sur la communauté internationale, et en particulier sur la Russie, en vue d'une intervention de l'ONU dans le pays, où les violences ont encore fait au moins 22 morts dimanche.
Ces violences, particulièrement fortes depuis mardi, ont poussé la Ligue arabe à suspendre samedi sa mission d'observation après un peu plus d'un mois de mission en accusant le régime de président Bashar al-Assad d'avoir "choisi l'option de l'escalade".
Depuis mardi, les violences - répression, attentats contre les forces de sécurité, affrontements entre armée et déserteurs - ont fait au moins 232 morts, dont 147 civils, selon des chiffres compilés par l'AFP à partir d'informations officielles et de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Selon un premier bilan à la mi-journée, 22 personnes avaient trouvé la mort, dont 16 militaires, un déserteur et cinq civils, selon le même décompte. Dix militaires ont péri dans l'explosion d'une bombe au passage de leur convoi à Kansafra, dans la région de Jebel al-Zawiya (nord-ouest), a annoncé l'OSDH. Et six soldats ont été tués dans une embuscade «terroriste» à Sahnaya, près de Damas, selon l'agence officielle Sana. Un civil est mort à Homs et quatre civils ainsi qu'un déserteur ont péri dans la province de Damas, où de violents combats entre déserteurs et forces gouvernementales se poursuivaient dimanche dans la région de Ghuta, à 10 km de la capitale, a affirmé l'OSDH.
Burhan Ghaliun, le chef du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble les principaux courants de l'opposition, doit se rendre, ce dimanche à New York, à la tête d'une délégation dans l'espoir de peser sur les discussions autour d'un projet de résolution défendu par les pays européens et arabes.
Dans le même temps, le CNS a réclamé «une protection» internationale pour les civils et appelé à des manifestations à travers le monde à 14h locales devant les ambassades de Russie, alliée de Damas, qui avait fait usage de son droit de veto contre une première résolution sur la Syrie en octobre et a déjà déclaré son opposition au texte actuel.
A New York, les pays européens et arabes à l'origine d'un projet de résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU ont commencé à retravailler leur texte après la suspension de la mission des observateurs arabes, ont annoncé des diplomates. Le texte appelle à un soutien international au plan de sortie de crise défendue par la Ligue arabe, qui prévoit l'arrêt des violences et le transfert des pouvoirs du dictateur syrien Bashar al-Assad à son vice-président avant l'ouverture de négociations.
Moscou toujours opposé à la résolution
Des responsables de la Ligue arabe doivent exposer mardi les détails du plan, «mais la suspension de la mission d'observation montre qu'ils n'ont jamais été en mesure de faire leur travail correctement», a déclaré samedi soir un porte-parole de la mission britannique à l'ONU.
Paris et Berlin ont appelé samedi soir à l'adoption rapide d'une résolution. Mais la Russie s'est opposée au texte, estimant qu'il franchissait des «lignes rouges». Moscou refuse toute indication de sanction et tout préalable aux négociations. Dimanche, la Russie a condamné la suspension de la mission des observateurs. «Nous aimerions savoir pourquoi ils se conduisent ainsi envers un instrument aussi utile», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par des agences russes.
Rappelant qu'il était favorable à «une augmentation du nombre des observateurs», il a fustigé les déclarations «irresponsables» et «impardonnables» des pays qui ont jugé les observateurs inutiles et le dialogue avec Assad impossible.
Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a espéré dimanche un «changement de position» de la part de Moscou et Pékin afin que l'ONU puisse endosser le plan arabe de sortie de crise, ajoutant que des contacts étaient «en cours» entre la Ligue et ces deux capitales.
«Nettoyer le territoire des hors-la-loi»
Les autorités syriennes ont dit samedi «regretter» la suspension de la mission des observateurs arabes, estimant qu'elle visait à «augmenter les pressions en vue d'une intervention étrangère», selon SANA. «Les forces de sécurité sont déterminées à aller de l'avant pour rétablir l'ordre et la sécurité, et nettoyer le territoire des hors-la-loi (...) qui tuent des citoyens innocents», a menacé le ministre syrien de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, cité par SANA.
Dimanche matin, le journal Al-Watan, proche du pouvoir, a ainsi évoqué la poursuite de la «campagne de ratissage» à Hama (centre) pour «nettoyer la ville» des hommes armés.
Dans le même temps, plus de 200 représentants de la communauté kurde de Syrie sont réunis ce week-end pour une conférence à Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Evoquant un après-Assad, ils ont réclamé un référendum pour déterminer leur place dans la société. Les Kurdes représentent 9% de la population syrienne. Ils sont installés essentiellement dans le nord-est et à Damas, où ils affirment faire l'objet de discriminations et réclament la reconnaissance de leur langue et leur culture.
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