La Syrie a annoncé jeudi que son secteur pétrolier avait subi des pertes de plus de deux milliards en raison des sanctions internationales, au moment où le chef des observateurs arabes s’apprêtait à remettre à la Ligue arabe un rapport "décisif".
"Nous avons subi d’importantes pertes en raison de notre incapacité à exporter du brut et des produits pétroliers", a déclaré le ministre syrien du Pétrole, Sufian Allawu, lors d’une conférence de presse.
"Le manque à gagner et les pertes associées durant la période du 1er septembre à ce jour s’élèvent à plus de deux milliards de dollars", a-t-il ajouté.
"L’embargo pétrolier a entraîné une baisse de la production de 150.000 barils, soit 15 millions de dollars, par jour", a-t-il précisé.
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont lancé en avril 2011 leurs premières sanctions économiques contre le régime de Bashar al-Assad et ses dignitaires, et ont depuis plusieurs fois durci ces mesures afin de sanctionner Damas pour sa répression d’une révolte sans précédent, débutée à la mi-mars.
La livre syrienne a perdu mercredi près de 51% de sa valeur depuis mars, s’échangeant sur le marché parallèle à 71 SYP pour un dollar.
Sur le terrain, les militants pro-démocratie ont appelé à des manifestations vendredi, placées sous le slogan des "détenus de la révolution".
Depuis le début de la révolte, au moins 5.400 personnes ont péri dans la répression, selon l’ONU, et des dizaines de milliers d’autres ont été arrêtées selon l’opposition.
Sur leur page Facebook "Syrian Revolution 2011", des militants ont à nouveau réclamé une "internationalisation" de la crise, en allusion à une intervention de l’ONU, après une demande similaire de groupes d’opposition et d’ONG arabes ayant jugé inefficace la présence des observateurs de la Ligue arabe.
Jeudi encore, malgré la mission arabe, dix-huit civils ont été tués à travers le pays par les forces du régime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a également fait état de la mort de trois déserteurs.
Un général des services de renseignement militaires a par ailleurs été tué à Hama (centre) par des soldats rebelles ayant refusé d’obéir à des ordres de tirer sur les civils, selon un communiqué des Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent les manifestations sur le terrain. Selon l’OSDH, un lieutenant a également été tué dans ces accrochages.
Selon l’agence officielle SANA, des "groupes terroristes" ont tué le général ainsi que "deux" membres des forces de sécurité.
Depuis le début le 26 décembre de la mission arabe, des centaines de personnes ont été tuées selon l’opposition et l’ONU.
Les observateurs ont été déployés en Syrie après l’accord donné par le régime à un protocole régissant leur mission, qui prévoit un arrêt des violences, le retrait des chars des villes et le déplacement libre des médias étrangers. Mais aucune de ces trois clauses n’a été respectée.
Dans ce contexte, le chef des observateurs, Mohammed Ahmed MustaFa al-Dabi, va remettre un "rapport décisif" sur la base duquel la Ligue arabe décidera du sort de la mission, a déclaré Ahmed ben Helli, le secrétaire général adjoint de la Ligue.
L’institution panarabe "évaluera" la coopération du gouvernement avec les observateurs, a-t-il poursuivi.
Al-Dabi doit présenter dimanche au Caire ce document au Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien, qui l’examinera avant de soumettre ses recommandations le même jour à une réunion élargie à l’ensemble des ministres des Affaires étrangères arabes, selon des sources à la Ligue arabe.
Face à la poursuite des violences, l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, s’est dit la semaine dernière favorable à l’envoi d’une force arabe pour faire cesser la répression, ce que le régime Assad a rejeté en accusant le Qatar d’"armer les terroristes".
Le pouvoir syrien ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation et affirme combattre des "gangs terroristes" accusés de vouloir semer le chaos dans le pays dans le cadre d’un "complot" soutenu par l’étranger.
Le peuple syrien "réalise l’ampleur des complots visant sa sécurité et sa cohésion", a affirmé jeudi le tyran Assad, selon SANA. "Il est capable de surmonter les difficultés actuelles pour bâtir une Syrie forte", a-t-il ajouté en s’adressant à des membres d’une association militant contre toute intervention étrangère.
A l’étranger, la France a demandé que le prochain rapport des observateurs soit transmis au Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis se disant sur la "même longueur d’onde" que Paris quant à cette requête.
Plus tôt, Washington a dit oeuvrer en vue d’une résolution "forte" contre Damas au Conseil de sécurité, mais la Russie, traditionnel allié de Damas, a réaffirmé qu’elle ne soutiendrait "aucune sanction" et bloquerait toute résolution contre le régime.
Un responsable de l’Otan a par ailleurs affirmé que l’organisation ne préparait ni n’envisageait d’intervenir en Syrie à l’image de l’opération menée en Libye, contrairement aux récentes affirmations d’un haut responsable russe.
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