L’Arabie saoudite a annoncé dimanche son retrait de la mission controversée des observateurs arabes en Syrie, lors d’une réunion de la Ligue arabe censée se prononcer sur sa prolongation pour un mois.
Ryad "retire ses observateurs de la mission (de la Ligue arabe) car le gouvernement syrien n’a respecté aucune des clauses" du plan arabe prévoyant la fin des violences, a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne Saud al-Fayçal lors de la réunion plénière ministérielle de l’organisation au Caire.
Ce retrait saoudien témoigne des divergences au sein de la Ligue arabe sur l’opportunité de poursuivre cette mission, déployée depuis le 26 décembre et objet de vives critiques de la part notamment de l’opposition syrienne qui l’accuse d’inefficacité et voudrait voir le dossier syrien transféré à l’ONU.
La réunion plénière devrait se prononcer sur une recommandation de prolonger d’un mois cette mission, faite dans l’après-midi par le Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien.
Cette recommandation fait suite à la remise d’un rapport du chef des observateurs, le général soudanais Mohammed Ahmed Mustafa al-Dabi, demandant, selon des sources diplomatiques, la prolongation de la mission et son renforcement en personnels et en logistique.
Le rapport, selon une source diplomatique, fait "porter aux deux parties concernées (gouvernement et opposition) la responsabilité de la poursuite des violences" dans le pays, en proie à une révolte populaire réprimée dans le sang par le régime et à des heurts entre déserteurs et l’armée régulière.
Selon l’ONU, plus de 5.400 personnes ont perdu la vie en dix mois de révolte et de répression en Syrie.
Sur le terrain, des soldats déserteurs ont brièvement pris samedi soir la ville de Douma, à seulement 20 km au nord-est de la capitale syrienne, après de violents combats avec les forces de sécurité, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Et dimanche, "des affrontements ont eu lieu entre ces forces et des groupes de déserteurs", a ajouté l’OSDH qui parle d’une éventuelle "tentative des forces de sécurité de prendre d’assaut Douma".
Aucune information de source indépendante n’était disponible sur ces combats, la presse étrangère ayant interdiction de circuler librement dans le pays.
Signe que la contestation se rapproche de la capitale, des combats se sont déroulés aussi entre l’armée régulière et des groupes de déserteurs à Talfita dans la province de Damas, selon l’OSDH.
Cinq personnes -deux officiers et un soldat ainsi qu’un déserteur et un civil- sont morts à Talfita, et un civil à Douma, alors qu’une septième personne a péri à Idleb (nord-ouest), a précisé le groupe. L’agence officielle Sana a parlé de deux officiers tués par un "groupe terroriste" à Douma.
Les violences ont continué malgré le déploiement depuis le 26 décembre de la mission.
L’incapacité des observateurs à faire appliquer un accord prévoyant l’arrêt de l’effusion de sang leur a valu de vives critiques de l’opposition au régime de Bashar al-Assad et d’ONG arabes et internationales.
Selon le chef adjoint de la cellule de la Ligue arabe chargée de la mission, Ali Jarush, le premier mois de la mission a été "en partie consacré à la logistique".
Un autre responsable arabe a précisé que le nombre d’observateurs serait porté "à quelque 300", soit quasiment le double du chiffre actuel.
Le général Dabi a défendu samedi le travail de ses observateurs, qu’il a jugés "professionnels et objectifs". Leur rôle "est de vérifier que le gouvernement syrien met en oeuvre les termes du plan arabe pour résoudre la crise et faire cesser l’effusion de sang".
Les observateurs ont été déployés après l’accord donné le 19 décembre par Damas à un protocole régissant leur mission, qui prévoit un arrêt des violences, le retrait des chars des villes et le déplacement libre des médias étrangers. Mais aucune des clauses n’a été respectée.
Face à la poursuite de la répression, le Conseil national syrien (CNS), le plus important groupe de l’opposition syrienne, a incité la Ligue arabe à transmettre le dossier syrien au Conseil se sécurité de l’ONU.
Le CNS s’apprête à envoyer une mission auprès de l’ONU pour remettre "une lettre demandant que le dossier soit transféré au Conseil de sécurité afin de protéger les civils", a déclaré un porte-parole du mouvement présent au Caire, Mohamed Sermini.
Le bureau exécutif du CNS s’est réuni au Caire pour finaliser un "contre-rapport" basé sur des témoignages de "quinze observateurs" sur le terrain et de militants, a-t-il ajouté, en affirmant redouter que celui de la Ligue "ne soit pas objectif".
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