Le gouvernement d'union nationale en Libye cherchait mercredi à imposer
son autorité sur les finances et les institutions au lendemain de la
décision des autorités non reconnues de Tripoli de lui céder le pouvoir,
un pas important en vue de sortir le pays du chaos.
Une semaine après son arrivée à Tripoli, le Premier ministre Fayez
al-Sarraj a engrangé un nouveau succès avec le ralliement du
"gouvernement" de Tripoli.
La Libye, riche pays pétrolier livré aux milices depuis la chute de
Muammar Kadhafi en 2011 et confronté à une montée en puissance du
groupe jihadiste Etat islamique (EI), ne compte désormais plus que deux
autorités rivales.
La pression devrait donc s'accentuer sur celles basées dans l'Est, en
Cyrénaïque, que la communauté internationale exhorte à se ranger
derrière le gouvernement d'union soutenu par l'ONU.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a salué le ralliement
du gouvernement de Tripoli comme une "bonne nouvelle", tout en
soulignant que "les actes devront suivre les paroles" de soutien.
Le "gouvernement" non reconnu conduit par Khalifa Ghweil a finalement
plié mardi soir, après s'être opposé au gouvernement d'union, en
expliquant vouloir "mettre fin à l'effusion de sang et éviter la
partition" du pays. Les dessous de cette décision restaient flous
mercredi.
"La question est de savoir si ces ralliements vont durer", a toutefois
tempéré Marc Pierini, ancine ambassadeur de l'UE en Libye et analyste
groupe de réflexion Carnegie Europe.
A Tripoli, un optimisme fragile pointe son nez chez des habitants lassés
du chaos et plusieurs pays envisagent d'y rouvrir des ambassades.
"Il y a beaucoup de défis à relever et maintenant le vrai travail
commence. Le processus pour faire face à toutes les crises a commencé", a
déclaré à l'AFP Moussa el-Koni, un des vice-Premier ministres du
gouvernement d'union dans une première réaction au ralliement des
autorités de Tripoli.
Le gouvernement d'union a ordonné à toutes les institutions et tous les ministères d'utiliser son logo.
Outre cette mesure symbolique, il leur a surtout intimé l'ordre
d'obtenir son feu vert pour effectuer toute dépense. Il compte pour cela
sur la Banque centrale, qui lui a formellement apporté son soutient.
Celle-ci tient les cordons de la bourse depuis des années alimentant les
autorités rivales.
A compter de mercredi, elle gèlera les comptes des ministères et
institutions publiques qui seront donc contraints d'avoir l'approbation
du gouvernement d'union pour débloquer un financement.
Les salaires des fonctionnaires continueront à être payés normalement, a
toutefois précisé l'exécutif d'union qui veut s'assurer le soutien
populaire.
Cette pression par les finances va se faire sentir sur le "gouvernement" basé dans l'Est, estiment les experts.
Incitera-t-elle le Parlement qui lui est rattaché à finalement donner un
vote de confiance au gouvernement d'union? Difficile à dire alors que
les autorités de l'Est gardent le silence depuis l'arrivée surprise du
gouvernement d'union à Tripoli.
Comme l'a rappelé l'émissaire de l'ONU, le Parlement de l'Est est la
seule institution légitime qui peut donner adouber officiellement le
gouvernement d'union, d'après l'accord interlibyen signé au Maroc en
décembre 2015.
En vertu de cet accord, ce Parlement deviendra ensuite l'instance législative officielle.
M. Kobler a enjoint une nouvelle fois dimanche ce Parlement d'organiser
ce vote pour que l'équipe de M. Sarraj puisse aller de l'avant.
Le gouvernement d'union s'était autoproclamée en fonctions le 12 mars
sur la base d'un communiqué d'une centaine de parlementaires de Tobrouk
(sur 198) mais un vote consacrerait sa légalisation.
M. Kobler a demandé mercredi à toutes les institutions libyennes de
"respecter leurs compétences" prévues dans l'accord de sortie de crise.
L-ex-Parlement des autorités de Tripoli qui se transforme en Conseil
d'Etat selon cet accord s'est réuni mercredi sous sa nouvelle
appellation, s'est-il réjoui.
Il s'agit d'"un pas important", selon l'émissaire de l'ONU, qui ne cesse
de souligner que le temps presse pour remettre la Libye sur les rails
afin de lutter contre l'expansion de l'EI qui inquiète aussi bien
l'Europe que les pays voisins de la Libye.
L'Italie, l'ancienne puissance coloniale, a jugé "encourageants" les
récents développements en vue d'une Libye "unie, stable et sûre".
"J'espère que l'esprit de compromis prévale pour toutes les parties
impliquées et que la Chambre des représentants vote au plus tôt la
confiance au gouvernement d'union", a ajouté son chef de la diplomatie,
Paolo Gentiloni.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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