Des Yéménites à Sanaa, après l'explosion d'une voiture piégée, le 15 avril 2016. (Afp)
Des négociations censées trouver une solution politique au Yémen doivent s'ouvrir en principe jeudi à Koweït sous l'égide de l'ONU, mais des tensions persistantes entre les protagonistes risquent de provoquer de nouveaux retards.
Les représentants des rebelles, qui ont boudé les pourparlers prévus initialement lundi dernier, n'étaient pas encore arrivés jeudi en début d'après-midi dans la capitale koweïtienne.
"La délégation rebelle est attendue en soirée à Koweït et les pourparlers devraient commencer aussitôt après", a affirmé à l'AFP une source diplomatique en contact avec les rebelles et le gouvernement.
Les représentants des rebelles chiites Houthis et de leurs alliés, des partisans de l'ex-président du Yémen Ali Abdallah Saleh, étaient partis mercredi du Yémen pour le Koweït via Oman où ils se trouvaient toujours jeudi en début d'après-midi, selon des diplomates.
"Selon les dernières informations, la délégation des rebelles ne devrait arriver à Koweït qu'en fin de journée", a indiqué un diplomate qui suit de près les tractations.
"En conséquence, les pourparlers pourraient encore être retardés et ne commencer que vendredi", a spéculé un autre diplomate.
La délégation du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, présente depuis dimanche à Koweït, a menacé de se retirer si les pourparlers ne commençaient pas jeudi matin.
Des représentants des parrains du processus de paix, dont les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, sont alors intervenus et le porte-parole des Nations unies à New York, Stéphane Dujarric, a confirmé mercredi soir que les négociations "commenceront jeudi à Koweït".
Mais le président Hadi, qui fait patienter sa délégation, a exigé, dans un message au médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, que "les négociations s'ouvrent jeudi soir" et réaffirmé son "refus de conditions que poseraient les rebelles ou une modification de l'ordre du jour déjà convenu", selon un membre de la délégation gouvernementale.
Le gouvernement Hadi est soutenu par une coalition militaire arabo-sunnite sous commandement saoudien, qui est intervenue au Yémen en mars 2015 pour repousser les rebelles chiites, perçus comme des "agents de l'Iran" et qui contrôlent la capitale Sanaa depuis septembre 2014.
Les rebelles exigent aujourd'hui un arrêt total des opérations de l'aviation de la coalition arabe, la levée du blocus naval imposé par l'Arabie Saoudite au Yémen et la levée des sanctions imposées à certains de leurs dirigeants et alliés, dont M. Saleh, selon des diplomates.
En vertu de ces sanctions décidées en novembre 2014 par le Conseil de sécurité, la Turquie, proche allié de l'Arabie saoudite, a gelé les avoirs de M. Saleh qui, selon un rapport de l'ONU, a accumulé par la corruption une fortune estimée entre 32 et 60 milliards de dollars avant d'être chassé en 2012 du pouvoir sous la pression de la rue.
La tension est également vive sur le terrain où des combats se sont poursuivis jeudi sur certaines lignes de front, même s'ils ont baissé d'intensité, selon des sources militaires.
Les belligérants s'accusent mutuellement d'être responsables de violations répétées d'un cessez-le-feu décrété le 11 avril au Yémen pour créer un climat propice aux négociations.
Une roquette Katioucha, tirée mercredi soir par les rebelles, est tombée à l'entrée de Marib, ville tenue par les loyalistes à l'est de la capitale Sanaa, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des sources militaires loyalistes ont fait état d'affrontements violents à Nahm, au nord-est de Sanaa, et de combats sporadiques dans les provinces de Jawf (nord), de Taëz (sud-ouest), et de Baïda (centre).
Pour leur part, les rebelles affirment sur leur site Sabanews.net que l'aviation de la coalition sous commandement saoudien viole toujours la trêve après avoir mené mercredi deux raids à Nahm et survolé la capitale Sanaa, Marib et Jawf.
Depuis l'intervention de la coalition arabe il y a 13 mois, la guerre au Yémen a fait 6.400 morts, pour moitié des civils, et plus de 30.500 blessés, selon l'ONU.
(21-04-2016)
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