Plus d'un millier de personnes ont manifesté vendredi dans le
centre du Caire en demandant la "chute du régime" du président
Abdel Fatah al-Sissi, le plus grand rassemblement de contestation
du pouvoir depuis deux ans.
Dans la soirée, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour
disperser les manifestants restants tandis que des policiers en
civil en poursuivaient d'autres dans les rues adjacentes au lieu
de rassemblement, a constaté un journaliste de l'AFP.
Plus tôt dans la journée, la police avait dispersé une autre
manifestation dans le quartier de Mohandessine à coups de grenades
lacrymogènes et procédé à au moins 12 arrestations, selon un
officier de police.
A Alexandrie (nord), les forces de l'ordre ont également tiré des
gaz lacrymogènes contre les protestataires et arrêté certains
d'entre eux, selon la même source.
Au Caire, la principale manifestation a eu lieu près du syndicat
des journalistes, dans le centre, à l'appel de militants de gauche
et laïcs qui ne s'étaient jamais mobilisés ainsi contre le régime
du président Sissi depuis son élection en juin 2014.
Officiellement organisé pour protester contre la rétrocession de
deux îles de la mer Rouge à l'Arabie saoudite, le rassemblement
s'est transformé en contestation du régime.
"Je proteste à cause de la situation générale dans le pays, pas
seulement pour les îles", a expliqué Mohamed Hussein, un
ingénieur.
"Si il y a un grand nombre de manifestants, ce n'est pas seulement
pour les îles, c'est une accumulation de plusieurs choses", a
confié à l'AFP le journaliste Khaled Daoud, une figure de
l'opposition, déplorant la perte de "l'espoir" né de la révolution
de 2011 qui avait précipité la chute du raïs Hosni Moubarak.
La rétrocession à Ryad des deux îlots inhabités de Tiran et
Sanafir au large de la péninsule du Sinaï, annoncée au cours d'une
visite au Caire du roi Salmane d'Arabie Saoudite la semaine
dernière, a provoqué une vague de protestations contre le
président égyptien.
Jeudi, la police avait prévenu la population de ne pas manifester
après l'appel de militants islamistes et laïcs à des
rassemblements au Caire. Ces derniers accusent le président
égyptien de "vendre" les îles en échange d'investissements
saoudiens.
"Ce qui est intéressant, c'est de voir le grand nombre de
manifestants malgré les mises en garde du ministère de
l'Intérieur", a estimé M. Daoud.
Le gouvernement égyptien affirme pour sa part que l'Arabie Saoudite avait demandé en 1950 à l'Egypte d'assurer la protection
des deux îles qui lui appartenaient.
Le président Sissi jouit depuis son élection d'une grande
popularité mais essuie depuis quelques mois de nombreuses
critiques pour sa gestion de la crise économique et la persistance
des violences policières.
Ex-commandant de l'armée ayant destitué en 2013 son prédécesseur
islamiste Mohamed Morsi, M. Sissi est accusé par les organisations
internationales de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré
un régime ultra-autoritaire, réprimant implacablement toute
opposition qu'elle soit islamiste, laïque ou libérale.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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