Les forces libyennes montent la garde devant le ministère des Affaires étrangères à Tripoli, le 25 avril 2016 (Afp)
Le gouvernement d'union en Libye développe une stratégie pour "anéantir"
les jihadistes de l'Etat islamique (EI), une bataille qui devra être
menée par les Libyens et non par des forces étrangères, selon le Premier
ministre.
"Nous avons commencé concrètement à mettre en place une stratégie et un
projet national pour mettre fin au fléau" de l'EI, a déclaré jeudi soir
tard le Premier ministre désigné de ce gouvernement d'union, Fayez
al-Sarraj dans un discours télévisé.
Il a souligné que Daesh devra être "anéanti par les Libyens et non par une (...) intervention étrangère".
L'organisation extrémiste a profité du chaos dans lequel est plongée la
Libye depuis la chute du dictateur Muammar Kadhafi en 2011 pour
s'implanter dans ce pays riche en pétrole.
Elle a établi sa base dans la ville portuaire de Syrte, à quelques
centaines de kilomètres des côtes de l'Europe, et mène régulièrement des
attaques pour étendre son territoire.
Selon des sources françaises et américaines, l'EI compte 3.000 à 5.000
combattants en Libye, dont des centaines de Tunisiens, Soudanais,
Yéménites ainsi que des Nigérians de Boko Haram, qui s'entraînent pour
mener des attaques dans d'autres pays.
Les Européens se sont déclarés prêts à aider le gouvernement d'union à
lutter militairement contre l'EI, éventuellement par une campagne de
frappes aériennes comme en Syrie ou en Irak.
Jeudi, le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni,
s'est dit favorable à une levée de l'embargo sur les armes en faveur du
gouvernement d'union, notamment pour lutter contre "le terrorisme".
Cet embargo, décidé par les Nations unies en 2011, a été violé à maintes reprises.
M. Sarraj a insisté lui sur la nécessité d'une action concertée "pour
anéantir Daesh (acronyme de l'EI en arabe) à Syrte (...) avec la
participation de tous" les Libyens.
Une déclaration destinée à toutes les milices et factions armées
toujours actives malgré l'installation de ce gouvernement d'union à
Tripoli le 30 mars.
Soutenu par l'ONU ainsi que par les Européens, les Américains et des
pays voisins d'Afrique du Nord, cet exécutif n'a toujours pas obtenu le
vote de confiance du Parlement libyen basé dans l'est du pays.
Une partie des membres de ce Parlement reste liée à une autorité
parallèle qui est encore en place dans l'est, avec des forces armées qui
lui sont loyales, notamment sous le commandement du général controversé
Khalifa Haftar.
Le gouvernement d'union craint que ce dernier ne lance une offensive
unilatérale contre l'EI à Syrte, ce qui pourrait donner lieu à des
affrontements entre les différents groupes armés, susceptibles
"d'entraîner le pays dans une nouvelle guerre civile".
"Notre guerre (contre l'EI) n'est pas au nom de, ni par loyauté envers
des personnes ou des groupes politiques ou idéologiques, mais c'est une
guerre au nom de la Libye et par loyauté envers la patrie", a insisté M.
Sarraj.
Il a fait état de "contacts avec tous les commandements militaires (...)
dans l'est, l'ouest et le sud pour (...) mettre en place les
dispositions nécessaires au lancement de l'opération pour la libération
de Syrte".
Jeudi, le conseil présidentiel, un organe composé du Premier ministre et
des vice-Premiers ministres, avait annoncé la création d'un
commandement militaire conjoint pour coordonner la bataille contre l'EI.
Il avait appelé l'ensemble des forces armées à attendre ses instructions avant toute offensive.
Par ailleurs, tirant un bilan de ses premiers 30 jours, le Premier
ministre désigné a réaffirmé sa détermination à résoudre les difficultés
que connaissent les Libyens au quotidien, notamment la cherté de la
vie, la pénurie de liquidités et l'inefficacité des services publics.
Il a souligné qu'en deux semaines, le gouvernement d'union avait pris le contrôle des sièges de huit ministères.
"Les défis sont réels et doivent être relevés mais nous parions sur le soutien" du peuple, a-t-il dit.
(29-04-2016)
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