Près d'un an après le sommet de Camp David, le président des États-Unis
Barack Obama retrouve jeudi à Riyad les monarques du Golfe avec l'espoir
d'une implication plus forte de leur part dans la lutte contre le
groupe djihadiste Daesh. À neuf mois de son départ de la Maison-Blanche,
le président américain doit aussi s'employer à rassurer ses alliés
sunnites (Arabie Saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman,
Qatar), échaudés par l'ouverture américaine vers l'Iran, leur grand
rival chiite, et par ses propos sur sa vision de la région.
Fort des progrès enregistrés ces derniers mois contre Daesh en Irak et
en Syrie, grâce à l'appui des raids aériens menés par la coalition
internationale dirigée par les États-Unis, Barack Obama veut accélérer
le rythme face à des djihadistes « sur la défensive ». Les États-Unis
viennent d'annoncer le déploiement de près de 220 soldats
supplémentaires et d'hélicoptères d'attaque pour soutenir les forces
irakiennes, notamment dans la reconquête de Mossoul, la deuxième ville
du pays, aux mains de Daesh depuis juin 2014. Mais Washington veut aussi
mettre l'accent sur la nécessaire reconstruction de villes reprises aux
djihadistes, mais ravagées par les combats, à l'image de Ramadi, à
l'ouest de Bagdad.
Mercredi, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a appelé
les riches monarchies pétrolières au sein du Conseil de coopération du
Golfe (CCG) à s'impliquer davantage en Irak, pas seulement militairement
comme l'ont fait Riyad et Abu Dhabi, mais aussi « politiquement et
économiquement ». Le « soutien sunnite » à la reconstruction sera «
crucial » pour assurer une victoire définitive contre les djihadistes, a
souligné Ashton Carter, également présent à Riyad. Les États-Unis
comptent aussi sur leurs alliés du Golfe dans la résolution des conflits
qui déchirent la région.
Selon Rob Malley, conseiller du président américain, la recherche d'une
solution diplomatique est urgente pour des raisons humanitaires en Syrie
et au Yémen en particulier, mais aussi « pour que les pays impliqués
dans ces combats soient capables, lorsqu'une solution politique aura été
trouvée, de se concentrer sur la lutte contre Daesh et Al-Qaïda ».
Les avancées diplomatiques restent néanmoins embryonnaires et
extrêmement fragiles. Les principaux responsables de l'opposition
syrienne ont commencé à quitter les négociations de Genève, face à la
poursuite des offensives du régime de Bashar el-Assad. Au
Yémen, les rebelles chiites Houthis s'apprêtent finalement à se joindre
aux pourparlers de paix qui doivent débuter avec retard jeudi à Koweït,
mais des combats se poursuivent sur le terrain et une solution politique
semble lointaine.
Barack Obama, qui s'exprimera à l'issue du sommet avec le CCG, devrait
profiter de l'occasion pour assurer ses interlocuteurs que les
États-Unis ne baisseront pas la garde face aux « activités
déstabilisatrices » de l'Iran, qui soutient le régime de Bashar en Syrie, le
Hezbollah au Liban et les rebelles houthis au Yémen. En mai 2015, en
pleines négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire, le
président américain avait retrouvé les dirigeants du CCG à Camp David.
Réaffirmant « l'engagement inébranlable » des États-Unis envers leurs
partenaires arabes, il avait souligné avec force que l'objectif d'une
coopération sur la sécurité n'était pas de « perpétuer une confrontation
sur le long terme avec l'Iran ou même de marginaliser l'Iran ».
Certaines monarchies du Golfe appellent de leurs voeux un accord de
défense mutuelle, à l'image du traité de l'Otan. Si la Maison-Blanche a
exclu un tel projet, elle rappelle qu'elle a accéléré depuis la
coopération militaire avec les pays du Golfe inquiets de la menace
iranienne. Washington a ainsi donné son feu vert à « plus de 33
milliards de dollars » de ventes d'équipements militaires aux pays du
Golfe depuis un an, selon Ashton Carter. Les patrouilles communes de
navires de guerre se sont multipliées, comme les exercices militaires
conjoints. Et les deux parties travaillent sur un projet de défense
aérienne et antimissile commun pour les six pays du Golfe.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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