L'opposition syrienne a déclaré vendredi à Genève qu'elle était
prête à former un gouvernement de transition avec des diplomates
et des technocrates du régime de Damas, mais pas avec ceux "qui
ont commis des crimes".
"Nous ne pouvons pas accepter la participation dans le (futur)
organe de transition de responsables qui ont commis des crimes
contre le peuple syrien", a déclaré à l'AFP Salem al-Meslet,
porte-parole du Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe
les principales factions opposées à Damas. "Mais il y a beaucoup
de diplomates et de technocrates (...) et des personnalités
indépendantes en Syrie" qui peuvent en faire partie, a-t-il
ajouté.
Dans sa résolution 2254, l'ONU prévoit la formation d'ici
l'automne d'un organe gouvernemental de transition et la rédaction
d'une nouvelle Constitution, avant l'organisation d'élections
présidentielle et législatives courant 2017.
M. Meslet, qui participe avec la délégation du HCN aux discussions
intersyriennes de Genève sous l'égide de l'ONU, a souligné que "le
peuple syrien sait très bien qui (...) est resté neutre et devra
nous autoriser à choisir les noms des membres" de cet organe. "(Le
président) Bashar al-Assad ou quiconque a commis des crimes contre
le peuple syrien ne pourra pas y participer", a-t-il martelé.
Le sort du président syrien est la question principale qui sépare
l'opposition et le régime. Damas se dit prêt à envisager un
gouvernement de coalition avec l'opposition, mais considère que
l'avenir du président est une "ligne rouge" à ne pas dépasser.
Selon M. Meslet, les noms jugés acceptables par l'opposition n'ont
pas encore été discutés. "la distribution des sièges au sein de
l'organe de transition fera l'objet d'un long débat et il est
encore prématuré d'en parler", a-t-il ajouté.
Un membre de la délégation du HCN, qui a requis l'anonymat, a
déclaré à l'AFP qu'il était exclu d'accepter "des officiers de la
sécurité ou des personnes travaillant pour les services de
renseignement qui ont donné des ordres pour exécuter des Syriens".
"Chaque représentant du régime devra être approuvé par
l'opposition et vice versa", a-t-il expliqué.
Les difficiles négociations de paix sur la Syrie ont repris
mercredi au Palais des Nations de Genève, siège de l'ONU, sous
l'égide de l'émissaire spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura.
Ce dernier a fixé pour objectif la mise en place d'une transition
politique, seule capable de mettre un terme à plus de 5 ans de
conflit, qui a fait quelque 270.000 morts et poussé à l'exil des
millions de Syriens.
Un premier round de négociations, qui s'était tenu le mois
dernier, n'avait pas permis d'avancée majeure.
Le chef de la délégation de Damas, Bachar al-Jaafari, arrivé
vendredi à Genève, a eu un premier entretien dans l'après-midi
avec M. De Mistura.
"Nous avons discuté de son document sur les principes fondamentaux
en vue d'une solution à la crise en Syrie (..) qu'il nous avait
donné à l'issue du précédent round", a dit M. Jaafari devant la
presse.
"Aujourd'hui, nous avons soumis à M. De Mistura les amendements
portés par la Syrie à son document", a-t-il poursuivi. "Nous lui
avons demandé de l'examiner et de le soumettre ensuite aux autres
groupes" de négociateurs, a-t-il ajouté.
M. Jaafari, qui est ambassadeur de Syrie à l'ONU à New York, a
indiqué que sa délégation rencontrerait à nouveau le médiateur
lundi en fin de matinée.
M. De Mistura devait s'entretenir vendredi soir avec les
représentants du HCN, pour la deuxième fois cette semaine.
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