Une famille est évacuée après des bombardements à Alep, le 23 avril 2016, en Syrie. (Afp)
Régime et rebelles syriens sont prêts à en découdre, après huit semaines de trêve et les bombardements ont fait 26 morts dimanche à Alep (nord), mais pour le président américain il est hors de question d'envoyer des troupes au sol pour régler la guerre.
Au moins 26 civils ont été tués dimanche dans des bombardements du régime et des rebelles dans la ville septentrionale d'Alep, meurtrie par des violences pour la troisième journée consécutive.
Depuis vendredi, un total d'au moins 63 civils sont morts dans l'ancienne capitale économique de Syrie qui vit de nouveau au rythme des raids et tirs d'obus après une période de calme relatif lié à la trêve initiée par les Etats-Unis et la Russie et entrée en vigueur le 27 février.
Dimanche, des obus tirés par les insurgés contre les zones gouvernementales ont causé la mort de 10 civils, dont une femme et deux enfants, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre.
Le régime de Bashar al-Assad a répliqué par une série de raids sur les zones tenues par les rebelles qui ont entraîné la mort de 16 civils, selon l'OSDH.
Douze de ces civils ont péri dans un raid contre un marché de légumes sur le quartier de Sakhour et quatre dans d'autres quartiers rebelles, a précisé l'Observatoire.
Dans les quartiers rebelles d'Alep, les hôpitaux de campagne ont appelé à des dons du sang pour répondre à l'urgence et les écoles ont annoncé qu'elles fermaient jusqu'à nouvel ordre en raison des frappes.
Alep est coupée en deux depuis juillet 2012 entre les zones tenues par le régime à l'ouest et celles contrôlées par les rebelles à l'est.
Pour le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, la trêve "n'existe plus" après de nombreuses violations commises tant par les rebelles que par le régime.
Et pour les insurgés, la coupe est pleine après l'intensification des bombardements du régime sur Alep et d'autres zones opposées à Bashar qui ont fait des dizaines de morts civils.
Une coalition de groupes rebelles a ainsi annoncé samedi soir que si le régime ne cessait pas ses attaques, elle "se sentirait dégagée complètement de la trêve".
Elle a donné 24 heures à la communauté internationale pour faire pression sur Damas avant que les rebelles ne répondent à "l'agression" du régime.
Mais pour Barack Obama, farouchement opposé à l'implication de son armée dans ce conflit où s'affrontent toutes les composantes ethniques, confessionnelles et politiques de la société syrienne, la solution doit être trouvée par la négociation.
"Ce serait une erreur" de la part des États-Unis, du Royaume-Uni ou de toute alliance de pays occidentaux "d'envoyer des troupes au sol et de renverser le régime d'Assad", a-t-il déclaré lors d'une interview à la chaîne britannique BBC News.
"Mais je crois vraiment que nous pouvons faire pression, internationalement, sur toutes les parties en présence (...) pour qu'elles s'assoient à une table et tentent de négocier une transition", a-t-il dit citant la Russie et l'Iran -- principaux soutiens de Bashar-- ainsi que l'opposition modérée syrienne.
Les tractations diplomatiques sont toutefois dans l'impasse.
A Genève, les discussions de paix indirectes entre les parties sous l'égide de l'ONU doivent théoriquement se poursuivre jusqu'à mercredi, mais aucun progrès n'est à attendre puisque la principale composante de l'opposition, représentée par le Haut comité des négociations (HCN) a suspendu sa participation "formelle".
Vendredi, M. Obama s'était dit "très inquiet concernant la cessation des hostilités qui s'effiloche" en Syrie. "Si la cessation (des hostilités) tombe en morceaux, nous allons essayer à nouveau de tout faire pour la remettre en vigueur", avait-il affirmé.
La Syrie est déchirée depuis 2011 par une guerre sanglante qui a fait plus de 270.000 morts et poussé plus de la moitié de la population à quitter son foyer pour fuir les combats.
Preuve de la complexité de cette guerre, après trois jours d'affrontements à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, le régime et des représentants des Kurdes de Syrie ont enterré momentanément la hache de guerre et se sont même engagés à un échange de prisonniers.
Les forces kurdes ont fait état de 17 civils, 10 combattants kurdes et 31 membres des forces prorégime morts dans les combats. Elles détiennent en outre 102 soldats et miliciens prorégime.
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