Un marché détruit à Maaret al-Noomane, dans la province syrienne d'Idleb, après des frappes le 19 avril 2016. (Afp)
Au moins 44 civils ont été tués mardi dans des frappes aériennes sur
deux marchés dans le nord-ouest de la Syrie, un massacre intervenant
dans un contexte de blocage des négociations de paix à Genève où des
représentants de l'opposition commençaient à partir.
L'opposition syrienne a annoncé lundi à l'émissaire spécial de l'ONU
pour la Syrie Staffan de Mistura qu'elle suspendait sa participation
"formelle" aux pourparlers, jugeant "inacceptable" de les poursuivre
alors que le régime continue de "bombarder et d'affamer les civils".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 44
civils ont été tués dans des frappes vraisemblablement menées par
l'aviation syrienne sur deux marchés dans la province d'Idleb, contrôlée
par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui est exclu,
comme le groupe Etat islamique (EI), de la trêve entrée en vigueur fin
février entre régime et rebelles.
Au moins 37 civils ont été tués dans des frappes sur un marché à Maaret
al-Noomane et au moins sept autres ont péri dans des raids sur un autre
marché à Kafranbel, d'après la même source.
Réagissant à ces attaques, parmi les plus sanglantes depuis le début du
cessez-le-feu, la Coalition syrienne de l'opposition, qui regroupe les
principales formations politiques en exil, a condamné des "massacres".
"Viser des marchés populaires bondés de civils représente une escalade dangereuse", a-t-elle affirmé dans un communiqué.
Il s'agit d'une "preuve supplémentaire du bien-fondé (...) du choix du
HCN de suspendre sa participation aux pourparlers" de Genève, a-t-elle
ajouté, en référence au Haut comité des négociations qui représente
l'opposition aux négociations en Suisse.
Les principaux responsables de l'opposition ont commencé à quitter
Genève en ne laissant sur place qu'une équipe "technique", a annoncé
mardi le coordinateur général du HCN, Riad Hijab.
"Certains collègues, experts en questions juridiques, vont rester ici",
a-t-il précisé, alors que ce deuxième round de négociations, qui a
débuté le 13 avril, devait en principe s'achever vendredi.
M. Hijab a par ailleurs demandé au Conseil de sécurité de "reconsidérer"
l'accord de trêve. "Il faut qu'il y ait des observateurs internationaux
sur le terrain et que l'ONU constate les violations et demande des
comptes aux coupables", a-t-il dit.
Il a également reproché aux Américains d'avoir stoppé les livraisons
d'armes aux rebelles alors que les Russes ont eux continué à soutenir
l'armée syrienne.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a pour sa part fustigé le
comportement "capricieux" du HCN, estimant que les négociations
n'étaient "pas gelées" malgré le départ de représentants de
l'opposition.
"Il y a (...) des protagonistes sur la scène internationale qui rêvent
de renverser le régime par la force, qui font tout, y compris en sapant
les négociations de Genève. Il me semble que les Etats-Unis, la France
sont résolument opposés à ces tentatives", a-t-il dit lors d'une
conférence de presse avec son homologue français Jean-Marc Ayrault.
Pour Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut de relations
internationales et stratégiques (Iris), "l'opposition semble être
parvenue à la conclusion que ces négociations n'étaient qu'un écran de
fumée permettant au régime de continuer à consolider son assise".
"Les Russes et les Américains continuent de coordonner leurs efforts et
de pousser au respect de la trêve, mais même les grandes puissances se
trouvent aujourd'hui parfois impuissantes face à l'imbroglio syrien où
s'enchevêtrent tant de contradictions locales, régionales et
internationales", soutient M. Bitar.
De son côté, le régime s'est dit prêt à discuter de la création d'un
gouvernement de coalition avec l'opposition mais pas du sort de Bashar al-Assad, a déclaré mardi à l'AFP Bachar al-Jaafari, le
négociateur en chef de Damas.
"Ce n'est pas dans nos compétences, ni dans nos prérogatives, de discuter du sort du président Bashar al-Assad", a-t-il dit.
Le sort du président syrien reste la principale pierre d'achoppement dans les négociations.
L'opposition insiste pour la constitution d'un "organisme de transition"
doté des pouvoirs exécutifs et dont serait exclu Bashar al-Assad,
tandis que le régime veut un "gouvernement de coalition" avec
l'opposition sous l'autorité du président.
En visite en Jordanie, le président français François Hollande a
qualifié de "préoccupante" la suspension des négociations par
l'opposition.
"Car si la trêve est rompue, les combats reprendront, les civils vont fuir de nouveau. Il n'y aura pas d'espoir", a-t-il dit.
En cinq ans, la guerre en Syrie a fait plus de 270.000 morts et obligé
plus de la moitié de la population à quitter ses foyers, plusieurs
millions de Syriens se réfugiant à l'étranger.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire