Un Yéménite agite le drapeau national le 17 avril 2016 à Taez (Afp)
Les pourparlers de paix sur le Yémen, prévus lundi à Koweït sous l'égide de l'ONU, étaient suspendus à l'arrivée de la délégation des rebelles chiites Houthis qui se plaignent de "violations saoudiennes" du cessez-le-feu décrété il y a une semaine.
Les négociations, qui doivent mettre en présence des représentants du gouvernement soutenu par l'Arabie Saoudite et des rebelles appuyés par l'Iran visent à accélérer "un accord global", dont la réussite exige des "compromis difficiles", selon le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.
"Jusque là, nous n'avons pas d'informations, mis à part que la délégation des Houthis est en retard", qu'elle n'a "pas encore quitté Sanaa et qu'elle tergiverse", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale yéménite sous le couvert de l'anonymat.
A Sanaa, une source proche des rebelles a indiqué à l'AFP que la délégation des Houthis et de leurs alliés, des représentants de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, n'était pas partie pour le Koweït pour protester contre les "violations saoudiennes" du cessez-le-feu.
Les médias contrôlés par les Houthis affirment que les raids de l'aviation saoudienne, qui dirige une coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu, n'ont jamais cessé depuis l'entrée en vigueur de la trêve le 10 avril à minuit.
Vendredi, le médiateur de l'ONU avait confirmé devant le Conseil de sécurité qu'un nouveau round de négociations inter-yéménites devait s'ouvrir lundi à Koweït, en dépit de "certaines violations" du cessez-le-feu.
Toutes les précédentes tentatives de trêve et de pourparlers, y compris le dernier round de discussions en décembre en Suisse, ont échoué.
"Pas question d'échouer"
Le conflit au Yémen oppose le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi aux rebelles Houthis qui l'ont chassé de la capitale Sanaa en septembre 2014 avec l'aide d'unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Saleh.
La guerre a pris une dimension régionale lorsqu'en mars 2015, l'Arabie Saoudite a pris la tête d'une coalition arabo-sunnite pour enrayer l'avancée des Houthis, perçus comme des "agents de l'Iran" chiite.
Les forces progouvernementales, aidées par la coalition, ont reconquis des territoires, principalement dans le sud, mais le conflit s'est enlisé et la population civile apparaît comme la principale victime.
Depuis l'intervention de la coalition, la guerre a fait 6.400 morts, pour moitié des civils, et plus de 30.500 blessés, tandis que 2,8 millions de personnes ont été déplacées et 80% de la population a besoin d'une assistance humanitaire, selon l'ONU.
Evoquant devant le Conseil de sécurité le nouveau round de négociations, le médiateur de l'ONU a affirmé: "nous n'avons jamais été aussi proches de la paix" et "il n'est pas question d'échouer".
L'une des principales divergences porte sur la mise en oeuvre de la résolution 2216 de l'ONU, qui prévoit le retrait des rebelles de toutes les zones qu'ils occupent, y compris la capitale, la restitution des armes lourdes à l'Etat et la relance du processus politique.
Le conflit yéménite s'est aggravé avec l'implication croissante de groupes jihadistes.
Selon l'ONU, les pourparlers au Koweït doivent porter sur cinq grands sujets: "le retrait des milices et des groupes armés, la restitution des armes lourdes à l'Etat, des arrangements intérimaires de sécurité, le rétablissement des institutions de l'Etat et la reprise d'un dialogue politique inclusif, en plus de la création d'une commission spéciale pour les prisonniers et les détenus".
Dans des déclarations à l'AFP, April Longley Alley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group, a mis en garde contre une mise en oeuvre "trop rigide" de la résolution 2216, qui équivaudrait à "une reddition" du camp Houthis-Saleh.
Mais, selon elle, les pourparlers au Koweït offrent "la meilleure chance" de sortir de l'impasse.
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