Le président américain Barack Obama s'est dit vendredi "très inquiet" au
sujet de la trêve en Syrie, tandis que le médiateur de l'ONU a appelé à
une réunion ministérielle d'urgence et assuré que les pourparlers de
paix se poursuivraient jusqu'au 27 avril.
"Je suis très inquiet concernant la cessation des hostilités qui
s'effiloche" et je me demande "si elle est durable", a déclaré Barack
Obama, lors d'une conférence de presse commune à Londres avec le Premier
ministre britannique David Cameron.
"Si la cessation (des hostilités, ndlr) tombe en morceaux, nous allons
essayer à nouveau de tout faire pour la remettre en vigueur", a-t-il
affirmé, accusant Moscou et Téhéran de soutenir le "régime meurtrier" du
"président" syrien Bashar al-Assad.
S'exprimant au même moment devant les médias au Palais des Nations à
Genève, où se tiennent les pourparlers de paix, l'envoyé spécial de
l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a estimé que "la cessation des
hostilités est toujours en vigueur, mais elle est en grand danger si
nous n'agissons pas rapidement".
"Nous avons certainement besoin en urgence d'une nouvelle réunion
ministérielle du GISS (Groupe international de soutien à la Syrie
composé de 17 pays et co-présidé par la Russie et les Etats-Unis, ndlr)
en raison du niveau de danger", a-t-il dit.
"Ce qui s'est passé aujourd'hui à Alep (nord) est à nouveau très
inquiétant", a-t-il poursuivi, en référence aux nouveaux raids aériens
qui ont tué au moins 25 civils, selon les service de secours.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie
sur un vaste réseau de sources à travers le pays en guerre, a affirmé
que les raids avaient été menés par l'aviation du régime qui mène une
offensive dans la région depuis plusieurs semaines, en dépit de la trêve
en vigueur depuis le 27 février, conclue sous l'impulsion de Moscou et
Washington.
Ce deuxième round de négociations a débuté le 13 avril, mais
l'opposition syrienne, représentée par le Haut comité des négociations
(HCN) a suspendu lundi sa participation "formelle" aux pourparlers pour
protester contre la "détérioration" de la situation sur le terrain. Le
HCN a laissé sur place une équipe "technique" qui poursuit les
discussions depuis son hôtel.
Le porte-parole du HCN - qui rassemble des représentants politiques et
des groupes armés - a déclaré à l'AFP que les chefs de la délégation
pourraient revenir à Genève si des "progrès majeurs et sérieux" étaient
constatés "dans les tout prochains jours" sur le plan de l'aide
humanitaire, des prisonniers et du cessez-le-feu en Syrie.
Dans un communiqué, le HCN a par ailleurs annoncé avoir eu une réunion
vendredi à Genève avec l'ONU sur la question des détenus et a estimé
aussi que la trêve "est en danger".
M. de Mistura a assuré aux médias que les négociations allaient se
poursuivre "sans doute" jusqu'à mercredi, "sous tous les plans, formels,
informels, techniques, ici à l'ONU, ou dans les hôtels".
A l'issue de ce 3ème round de négociations, M. de Mistura s'est engagé à
faire à nouveau le point sur la situation et les éventuels progrès dans
la difficile question du gouvernement de transition, qui oppose les
opposants et le gouvernement de Damas.
"Il y a un changement par rapport aux autres rounds: les parties
présentes parlent toutes du même sujet, la transition politique", a
ajouté M. de Mistura, ajoutant qu'il aura un entretien lundi avec le
chef de la délégation du gouvernement syrien.
Le HCN exige le départ du dictateur syrien Bashar al-Assad, au pouvoir
depuis 16 ans, avant la mise en place d'un "organe gouvernemental de
transition". Le régime considère que le sort du président Assad n'est
pas négociable.
La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 par la répression sanglante de
manifestations pacifiques réclamant la démocratie, s'est transformée en
conflit complexe impliquant une multitude d'acteurs, syriens et
étrangers. Elle a fait plus de 270.000 morts selon l'OSDH et déplacé au
moins la moitié de la population.
M. de Mistura a expliqué qu'il est difficile de croire que le bilan ne
soit pas plus élevé. Selon son estimation personnelle, quelque 400.000
personnes ont été tuées depuis 2011.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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