Les ministres français et allemand des Affaires étrangères effectuaient
samedi une visite surprise en Libye pour soutenir le gouvernement
d'union avec l'espoir qu'il contribue à mettre fin au chaos dans ce pays
où croît la menace jihadiste.
Les chefs de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier et
française Jean-Marc Ayrault doivent rencontrer à Tripoli le Premier
ministre désigné du gouvernement d'union nationale, Fayez al-Sarraj,
dans la base navale où il a pris ses quartiers depuis son arrivée dans
la capitale libyenne le 30 mars.
Leur visite fait suite à celle du ministre des Affaires étrangères
italien Paolo Gentiloni qui a été le premier haut responsable européen à
se rendre à Tripoli depuis les violences de l'été 2014.
La visite de MM. Steinmeier et Ayrault intervient deux jours avant une
session cruciale du Parlement libyen basé dans l'est du pays qui doit
décider d'accorder ou non sa confiance au nouvel exécutif d'union.
"Notre visite commune avec nos amis français à Tripoli est un signal:
l'ensemble de la communauté internationale est d'accord sur le fait que
le chemin vers la paix et la stabilité passe par l'application de
l'accord de paix et par le gouvernement d'union nationale", a déclaré M.
Steinmeier.
Selon une source diplomatique française, M. Ayrault "estime que les
Européens doivent se mettre en ordre de marche et agir de concert" en
Libye pour restaurer la paix et la sécurité.
Pays riche en pétrole situé à 300 kilomètres des côtes européennes, la
Libye a sombré dans le chaos après la chute du dictateur Muammar
Kadhafi en 2011 en raison des disputes entre milices armées.
A l'été 2014, le pays s'est retrouvé avec deux "gouvernements" rivaux
après la prise de Tripoli par une coalition de milices, dont certaines
islamistes, jamais reconnue par la communauté internationale.
Profitant des divisions et de la faiblesse des autorités, le groupe Etat
islamique (EI) s'est implanté dans la ville de Syrte, sur la côte
méditerranéenne, et a renforcé son ancrage en Libye.
- 'A point' -
Inquiets de cette menace jihadiste, l'ONU, les Européens, les Américains
ainsi que les pays d'Afrique du Nord voisins de la Libye placent tous
leurs espoirs dans un gouvernement d'union qui pourrait reprendre les
rênes du pays.
Prévu par un accord signé au Maroc en décembre 2015, ce gouvernement
s'est autoproclamé en fonctions le 12 mars puis s'est installé par
surprise dans une base navale de Tripoli le 30 mars.
Il a depuis rallié d'importants soutiens, notamment ceux de la Banque
centrale et de la compagnie nationale pétrolière, mais il fait toujours
face à l'opposition de certaines figures politiques.
Pour Mattia Toaldo, spécialiste de la Libye au groupe de réflexion
Conseil européen des relations internationales (ECFR), "la visite des
deux ministres tombe à point pour deux raisons".
"La première est le vote (de confiance) attendu du Parlement lundi, même
si je ne suis pas sûr que cela impressionne ce Parlement", a-t-il
déclaré à l'AFP.
La deuxième est, selon lui, un dîner lundi des ministres européens de la
Défense et des Affaires étrangères qui doivent entre autres discuter
d'une éventuelle mission d'assistance à la police et aux
gardes-frontières libyens.
"Les deux ministres veulent peut-être avoir une vraie discussion avec M.
Sarraj afin de voir s'il est favorable à ces plans", ajoute M. Toaldo
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