Le vice-président américain Joe Biden est arrivé jeudi à Bagdad pour une
visite surprise au moment où l'Irak traverse une crise politique qui
pourrait affecter la lutte contre les jihadistes du groupe Daesh qui s'est autoproclamé Etat
islamique (EI).
"Le vice-président est arrivé en Irak où il rencontrera des responsables
irakiens afin d'encourager l'unité nationale et la poursuite de la
lutte contre l'EI", a indiqué la vice-présidence américaine dans un
communiqué.
Peu après son arrivée, M. Biden s'est entretenu avec le Premier ministre
irakien Haider al-Abadi, a indiqué un communiqué du chef du
gouvernement.
La visite de M. Biden intervient dans un contexte de turbulences pour
l'Irak alors que M. Abadi tente depuis plusieurs semaines de faire
approuver par le Parlement un nouveau gouvernement composé de
technocrates qui pourra, selon lui, mener de manière plus efficace des
réformes cruciales pour lutter contre la corruption.
Mardi, le Parlement a approuvé seulement une partie des candidats
proposés lors d'une séance houleuse qui a vu des députés jeter des
bouteilles en direction du Premier ministre.
Un certain nombre de partis et de politiciens redoutent la disparition
de l'attribution des ministères sur une base politique qui leur assurait
de nombreux avantages.
Des milliers de partisans de l'influent chef religieux chiite Moqtada
al-Sadr ont de leur côté manifesté ces derniers jours devant la Zone
verte à Bagdad afin d'apporter leur soutien aux réformes.
La confusion au Parlement a discrédité un peu plus les responsables
politiques, considérés par les Irakiens comme corrompus et suivant
uniquement leurs intérêts personnels.
Les Etats-Unis craignent que cette crise "ne détourne" les autorités de
la lutte contre l'EI "qui constitue "la véritable menace" pour les
Irakiens, selon un haut responsable américain en marge de cette visite.
Daesh contrôle encore de vastes pans du territoire dont la deuxième ville
du pays Mossoul malgré l'avancée des forces irakiennes appuyées par la
coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Quelque 40% du territoire de Daesh en Irak et 15% de celui en Syrie ont
été repris aux jihadistes, et des dizaines de milliers de combattants
ont été chassés du champ de bataille, a affirmé ce responsable
américain, ajoutant que l'organisation radicale sunnite avait perdu
trois de ses principaux dirigeants au cours des derniers mois ainsi que
d'importantes ressources matérielles.
"Sur le plan militaire, la période est clairement en faveur de la coalition anti-EI", a-t-il soutenu.
Mais cette dernière doit encore lancer l'offensive pour reprendre la
ville de Mossoul, nécessitant une coordination entre les forces kurdes
et irakiennes.
Washington insiste sur la nécessité "d'un plan clair" pour cette
offensive. "Ce que nous ne voulons pas, c'est une course vers Mossoul de
différentes forces qui finiraient par se marcher sur les pieds ou se
combattre", a souligné ce responsable.
Les Etats-Unis n'ont pas évoqué de date pour la reconquête de la ville,
se bornant à préciser: "Nous voulons avancer le plus possible avant les
grosses chaleurs de l'été".
Outre la situation politique et la lutte contre Daesh, M. Biden évoquera
"les mesures que pourrait prendre la communauté internationale pour
favoriser la stabilité économique de l'Irak", selon le communiqué de la
vice-présidence américaine.
Bagdad est aux prises avec une importante crise budgétaire, causée en
grande partie par la forte chute des prix du pétrole, qui représente
plus de 90% des revenus du pays. La reconstruction de certaines villes
comme Ramadi, reprise à Daesh, coûtera aussi des centaines de millions
d'euros.
M. Biden entend encourager l'Irak à faire appel à ses voisins du Moyen-Orient pour l'aider financièrement.
Il s'agit de la plus importante visite américaine en Irak depuis la venue du vice-président Biden dans ce pays en 2011.
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