Le Parlement libyen a reporté sine die sa session attendue lundi sur le
vote de confiance au gouvernement d'union soutenu par l'ONU, qui a
pourtant continué à asseoir son autorité en prenant les rênes de ses
premiers ministères à Tripoli.
Ce gouvernement a reçu une nouvelle marque de soutien avec la visite
surprise à Tripoli du ministre britannique des Affaires étrangères
Philip Hammond, qui a rencontré le Premier ministre désigné Fayez
al-Sarraj quelques jours après une démarche similaire de ses homologues
italien, français et allemand.
La session du Parlement basé à Tobrouk (est) n'a finalement pas eu lieu
malgré la présence de l'émissaire de l'ONU Martin Kobler pour
"encourager" les députés à voter, ont précisé des parlementaires en
mettant en avant de profondes divergences.
Issu d'un accord conclu fin 2015 sous l'égide de l'ONU par des membres
des factions rivales, le gouvernement d'union a besoin du vote de
confiance du Parlement pour pouvoir étendre son autorité à l'est du pays
gouverné pour le moment par un cabinet parallèle qui refuse de lui
céder le pouvoir avant un tel vote.
"Les députés ont seulement tenu des consultations aujourd'hui. On verra
bien comment les choses évolueront", a déclaré le député Ali Tekbali.
Le député Khalifa Daghari a annoncé "la mise en place d'un comité formé
de députés pour tenter de parvenir à un accord entre ceux qui sont pour
et ceux qui sont contre le gouvernement d'union".
"Si nous parvenons à un accord, nous tiendrons une session demain (mardi), sinon on continuera de négocier", a-t-il dit.
Ce Parlement a plusieurs fois échoué à tenir un vote de confiance sur le gouvernement d'union, faute de quorum.
Même si sa légitimité n'a pas encore été consacrée par un vote de la
chambre, le gouvernement d'union s'est autoproclamé le 12 mars en
fonctions sur la base d'un communiqué de soutien d'une centaine de
parlementaires (sur 198).
Arrivé le 30 mars à Tripoli par la mer, il a pris ses quartiers dans la
base navale de la capitale. Il a rallié le soutien d'acteurs économiques
clé comme la compagnie nationale pétrolière et la banque centrale ainsi
que celui d'une partie des autorités basées à Tripoli et rivales du
gouvernement installé dans l'Est.
Le vice-Premier ministre désigné, Ahmed Meitig, a toutefois indiqué que
quelle que soit l'issue du vote du Parlement, l'exécutif d'union
commencerait à prendre le contrôle de ministères à Tripoli.
Ainsi lundi, Mohamad al-Amari, ministre d'Etat, "a pris le contrôle du
siège" du ministère de l'Habitat et des travaux publics ainsi que de
celui du ministère des Affaires sociales, selon un communiqué officiel.
En soirée, M. Sarraj devait participer à une vidéo-conférence avec les
ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l'Union européenne
réunis à Luxembourg.
Cette réunion permettra de "travailler à identifier des projets (de
soutien) concrets sur le plan économique, politique ou sécuritaire", a
dit la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini alors que
plusieurs pays européens envisagent de rouvrir leurs ambassades en
Libye, pays miné par des années de violences et de luttes de pouvoir.
Cette intense activité diplomatique des Européens s'est accompagnée par
l'annonce dimanche par M. Kobler du retour de la mission des Nations
unies (MANUL) en Libye, pays qu'elle avait quitté en 2014 en raisons des
violences.
Lors d'une visite éclair à Tripoli, le ministre britannique Hammond a
apporté le soutien de son pays au gouvernement Sarraj en lui promettant
notamment une aide de 10 millions de livres (environ 12,6 millions
euros).
M. Hammond a souligné l'importance que son pays et l'UE accordent à la
lutte contre l'organisation jihadiste qui se dit Etat islamique (EI) et
l'immigration clandestine.
Pour lui, "combattre Daesh (un acronyme en arabe de l'EI) et
l'immigration clandestine font partie du même combat et c'est au peuple
et au gouvernement libyens de décider comment ils veulent reconquérir
leur pays de (l'emprise) des envahisseurs de Daesh".
Les Occidentaux espèrent que l'entrée en fonctions du gouvernement
d'union permettra à la Libye de regagner un semblant de stabilité et
sera à même de lutter contre Daesh qui est monté en puissance dans ce
pays à la faveur du chaos.
Signe de cette instabilité, au moins 26 soldats des forces loyales au
Parlement de Tobrouk ont été tués ces cinq derniers jours dans la région
de Benghazi (est) dans des affrontements avec des groupes
"terroristes", selon l'agence libyenne Lana.
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