Le président palestinien Mahmud Abbas a affirmé dans
un entretien à l'AFP sa détermination à obtenir une résolution de l'ONU
contre Israël sans contrarier une initiative lancée par la France pour
ranimer l'effort de paix moribond.
Une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la
colonisation israélienne "est désormais urgente parce qu'Israël n'a pas
cessé ces activités qui menacent gravement le projet à deux Etats
jusqu'à l'effondrement", a dit M. Abbas au siège de la présidence
palestinienne à Ramallah lundi soir, à la veille d'une tournée
internationale en soutien à la cause palestinienne.
"En même temps, nous veillerons à ce qu'il n'y ait pas de contradiction
entre les deux sujets": le projet de résolution et l'initiative
française, a-t-il dit.
M. Abbas entreprend mardi un voyage qui le conduira pendant deux
semaines à Istanbul pour un sommet de l'Organisation de la coopération
islamique, à Paris, Moscou, Berlin et New York. Ce périple ressemble à
l'un des derniers efforts d'un homme de 81 ans qui, successeur de Yasser
Arafat, se bat depuis des décennies pour résoudre un des plus vieux
conflits de la planète, mais que chaque jour rapproche davantage de
céder la place sans avoir réalisé le rêve d'un Etat palestinien
indépendant.
L'horizon a rarement paru plus sombre. La dernière initiative
diplomatique américaine a échoué en 2014, année où Palestiniens et
Israéliens se sont fait la guerre à Gaza.
Une nouvelle vague de violences vient de faire plus de 200 morts en six
mois. Elle est retombée ces dernières semaines, mais un nouvel accès de
fièvre est redouté autour de l'esplanade des Mosquées à partir du 22
avril avec le début de la Pâque juive.
Malgré de nouvelles discussions, la rupture est toujours d'actualité
entre l'Autorité palestinienne établie en Cisjordanie occupée et les
frères ennemis du Hamas qui gouvernent la bande de Gaza.
Pour M. Abbas et la communauté internationale, la poursuite de la
colonisation israélienne sur des territoires censés appartenir à un
futur Etat palestinien menace d'oblitérer totalement "la solution à deux
Etats" palestinien et israélien coexistant en paix.
M. Abbas a exposé auprès de l'AFP la double démarche de sa tournée:
pousser à une résolution à l'ONU et soutenir l'initiative française.
Les Israéliens ont multiplié les déclarations de défiance face à cette
initiative, sans lui opposer de fin de non-recevoir définitive. Le
Premier ministre Benjamin Netanyahu, hostile à ce qu'il appelle les
"diktats internationaux", insiste sur une reprise des négociations
directes entre Israéliens et Palestiniens, sans condition préalable.
M. Abbas a signifié qu'au-delà des déclarations de bonnes intentions, le
dialogue ne paraissait pas à l'ordre du jour. "Je suis prêt à le voir
quand il veut", a-t-il dit. Il ne pose pas de condition, assure-t-il,
mais Israël doit d'abord geler la colonisation et libérer un certain
nombre de prisonniers palestiniens, préalables inaudibles pour Netanyahu.
Devant le vide diplomatique laissé par l'échec américain de 2014 et
l'inquiétude que le jihadisme ne finisse par faire son lit dans les
Territoires, la France a relancé en janvier le projet d'une conférence
internationale qui aurait lieu cet été. Un groupe de soutien
international serait créé. Au préalable se tiendrait au printemps une
conférence ministérielle.
Un diplomate chevronné, Pierre Vimont, a préparé le terrain ces derniers
mois en rencontrant des responsables israéliens, palestiniens, arabes,
américains ou russes.
De premiers arbitrages gouvernementaux français sur des questions aussi
essentielles que le format ou le calendrier pourraient être rendus sous
peu.
M. Abbas rencontre vendredi le président François Hollande, avec lequel il dit avoir des relations "exceptionnelles".
La direction palestinienne compte la France comme l'un de ses meilleurs
soutiens occidentaux. L'ancien ministre des Affaires étrangères Laurent
Fabius avait alarmé Israël en déclarant que Paris reconnaîtrait la
Palestine si l'initiative française échouait. La France dit à présent
qu'il n'y a rien "d'automatique".
Jusqu'alors, ce que M. Abbas dit avoir entendu de la France, ce sont des
"idées". "Ce qui importe à présent, c'est d'entendre de la part du
président français si ces idées sont devenues effectivement une
initiative que le gouvernement français mènera à son terme",
déclare-t-il.
Les Français entendent que l'effort palestinien à l'ONU ne sape pas leur
initiative. Fin 2014, après avoir coopéré avec les Français, les
Palestiniens avaient choisi de faire cavalier seul au Conseil de
sécurité avec un projet de résolution qui aurait fixé une date de fin de
l'occupation israélienne et qui avait capoté.
L'attitude américaine reste la grande inconnue. Le président Barack
Obama investira-t-il un dernier effort pour compenser son absence de
résultats pendant plus de sept ans? Après des années de relations
tendues avec Netanyahu, voudra-t-il délivrer un message fort en
n'opposant pas le veto américain à un projet de résolution.
M. Abbas l'y appelle à mots couverts: "Pendant huit ans, nous avons
attendu de l'administration américaine qu'elle prenne des mesures
positives en faveur de ce en quoi l'Amérique croit, à savoir une
solution à deux Etats. Jusqu'alors, l'administration américaine ne l'a
pas fait".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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