Les Européens ont pressé vendredi une opposition syrienne toujours très
réticente à prendre part à la reprise des discussions de paix sur la
Syrie prévues la semaine prochaine à Genève, au septième jour d'une
trêve des combats toujours précaire.
Les conditions ne sont "actuellement pas propices" à une reprise des
négociations intersyriennes le 9 mars prochain à Genève, a déclaré Riad
Hijab, coordinateur du Haut comité des négociations (HCN), regroupant
responsables politiques et représentants de groupes armés de
l'opposition.
De passage à Paris, ce haut responsable de l'opposition syrienne a
rencontré les chefs de la diplomatie française, britannique, allemande
et européenne, qui ont insisté sur la nécessité d'une reprise rapide des
négociations, alors que la fragile trêve des combats initiée par la
Russie et les États-Unis, avec le soutien de l'ONU et en vigueur depuis
le 27 février, reste très fragile.
"Il n'y a pas de levée des blocus, pas de libération des prisonniers,
pas de respect de la trêve et pas d'acheminement de l'aide humanitaire",
tandis que depuis sept jours "ont eu lieu 90 raids aériens sur une
cinquantaine de zones libérées", a accusé M. Hijab.
Toutefois, "il est prématuré de dire qu'il n'y aura pas de reprise des
négociations. Nous allons nous consulter et à la lumière des
développements nous prendrons notre décision", a-t-il souligné.
Une précédente tentative de discussions indirectes sous l'égide de l'ONU
avait échoué le 3 février, en raison de l'intensification des
bombardements russes et de l'aggravation de la situation humanitaire.
M. Hijab a réaffirmé que Bashar al-Assad n'avait pas
de place dans une future transition politique, "car il a les mains
tachées de sang".
L'envoyé de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a toutefois
souligné qu'il revenait aux Syriens de "décider" du sort de leur
président, qui constitue l'un des principaux points de blocage à une
résolution politique du conflit.
La Russie et l'Iran, alliés de Damas, répètent que c'est aux Syriens
d'en décider, poussant à l'organisation d'élections au plus vite malgré
le chaos régnant dans le pays dévasté.
Les Occidentaux et les pays arabes estiment pour leur part que le dictateur syrien ne "peut pas faire partie de l'avenir de la Syrie" et
qu'il devra partir lorsqu'un processus de transition commencera.
Toute la journée, rencontres et coups de téléphones se sont multipliés
depuis Paris entre les soutiens européens de l'opposition et l'allié
russe du régime de Damas.
Moscou et Paris ont cependant eu une nouvelle passe d'armes illustrant
leurs visions totalement différentes de leur solution politique au
conflit.
Le président français François Hollande a ainsi jugée "provocatrice" et
totalement "irréaliste" l'idée de Bashar al-Assad d'organiser des
élections législatives en avril. Son homologue russe Vladimir Poutine a
estimé que cela ne gênerait en rien le processus de paix.
Sur le terrain, alors que la trêve continuait globalement de tenir
vendredi, l'ONU a livré de l'aide humanitaire pour 20.000 personnes dans
trois localités rebelles à l'est de Damas, deuxième opération de ce
genre depuis le cessez-le-feu.
Deux raids aériens ont néanmoins touché la région, faisant un mort, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Tard vendredi soir, un groupe de rebelles syriens a pris le contrôle du
point de passage d'Al-Tanaf, à la frontière irakienne, contrôlé par Daesh depuis mai dernier, a annoncé cette
même ONG.
La trêve ne s'applique pas aux groupes jihadistes de l'EI et du Front
al-Nosra (branche locale d'al-Qaïda), classés terroristes par l'ONU.
Mais son application est compliquée par l'imbrication des groupes et le
fait qu'al-Nosra est allié à des rebelles dits modérés dans certaines
régions.
Selon Moscou, 27 violations du cessez-le-feu ont été enregistrées ces
dernières 24 heures, principalement dans la province d'Alep (nord), et
des armes continuent de transiter "en permanence" par la frontière
turco-syrienne vers les groupes rebelles, ce qui "met en danger la
cessation prochaine des hostilités".
Profitant de la trêve, des centaines de Syriens ont de nouveau manifesté
pour la première fois depuis des années dans la région d'Alep, sous le
slogan "la révolution continue", renouant avec les habituelles
manifestations anti-régime du vendredi, symboles de la révolte populaire
et pacifique de début 2011 qui avait précédé la guerre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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