L'influent chef chiite irakien Moqtada Sadr a appelé jeudi ses partisans
à mettre fin à deux semaines de sit-in en plein centre de Bagdad après
avoir obtenu satisfaction à une de ses revendications, la présentation
d'un nouveau gouvernement.
Le Premier ministre Haider al-Abadi a présenté devant le Parlement une
proposition de nouveau gouvernement, une mesure de nature à apaiser les
tensions politiques que connaît le pays depuis plusieurs semaines.
Des milliers de chiites étaient rassemblés depuis la mi-mars devant la
Zone verte, un secteur ultra-sécurisé où se concentrent les hautes
institutions de l'Etat et de nombreuses ambassades.
Moqtada Sadr, qui a entamé symboliquement dimanche un sit-in à
l'intérieur de la Zone verte, réclamait un gouvernement de technocrates
susceptible de s'attaquer à la corruption qui gangrène la classe
politique et l'Etat, la mauvaise gouvernance et le délabrement des
services publics.
"Mettez fin au sit-in devant les portes de la Zone verte", Avec mes
remerciements", a déclaré à la télévision ce chef chiite de 42 ans, issu
d'une influente famille religieuse de la ville sainte de Najaf
(centre).
Il a cependant affirmé que des manifestations se tiendraient après la
prière hebdomadaire du vendredi pour faire pression afin d'obtenir un
vote d'approbation par le Parlement du nouveau gouvernement.
Peu de temps auparavant, le Premier ministre avait présenté au président
du Parlement Salim al-Joubouri une liste de 16 candidats pour un
nouveau gouvernement, respectant un ultimatum que lui avaient posé lundi
les députés.
M. Abadi n'a pas donné la liste des noms des futurs ministres, se
contentant de préciser que les titulaires des portefeuilles de
l'Intérieur et de la Défense restaient inchangés en raison des combats
que l'armée et les forces de sécurité livrent au groupe jihadiste Daesh désigné comme Etat
islamique (EI).
Haider al-Abadi souhaitait le remplacement du gouvernement actuel, formé
de politiciens, par un cabinet composé de technocrates qui seraient
plus à mêmes, selon lui, de mettre en oeuvre les réformes anticorruption
adoptées l'an dernier dans la foulée de grandes manifestations
populaires contre l'incurie et clientélisme de la classe politique.
Le Premier ministre se heurte toutefois à une farouche résistance des
partis --y compris du sien-- à adopter des réformes les privant de leurs
privilèges.
- 'Professionnalisme et compétence' -
Selon un communiqué de ses services, les candidats présentés par M.
Abadi "ont été choisis par un comité d'experts sur la base de leur
professionnalisme, compétence, intégrité et capacité à diriger".
Lors de la séance de jeudi, le Parlement s'est donné dix jours pour
examiner les candidats au nouveau gouvernement, et un mois pour ceux
choisis pour d'autres postes à la tête des institutions de l'Etat et des
services de sécurité.
Le gouvernement de Haider al-Abadi avait annoncé l'an dernier des
réformes anticorruption mais qui sont restées en grande partie lettre
morte.
L'Irak détient parmi les plus importantes réserves de pétrole au monde
mais des années de corruption et de mauvaise gestion, combinées à la
dégringolade des prix du brut, menacent de plonger le pays dans une
situation d'insolvabilité.
L'économie est déjà affectée par le coût représenté par la lutte contre Daesh qui occupe depuis 2014 de larges pans du territoire.
Si les forces irakiennes reprennent progressivement des zones aux
jihadistes, Bagdad doit s'atteler à l'énorme tâche de reconstruire des
villes dévastées, et a demandé le soutien de ses partenaires étrangers.
La Banque mondiale a récemment accordé à l'Irak un prêt de 1,2 milliard
de dollars pour l'aider à faire face à la crise financière.
En visite fin mars à Bagdad, le secrétaire général des Nations unies Ban
Ki-moon a exhorté les responsables politiques irakiens à soutenir M.
Abadi.
(31-03-2016)
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