Les avocats de la veuve de Yasser Arafat ont contesté vendredi devant la
cour d'appel de Versailles le non-lieu prononcé dans l'enquête pour
"assassinat" ouverte après la mort en 2004 de l'ancien leader
palestinien, a-t-on appris vendredi de sources judiciaires.
Convaincus que la justice a refermé trop vite le dossier, les avocats de
la veuve du raïs palestinien, Francis Szpiner et Renaud Semerdjian,
avaient fait appel du non-lieu et demandé l'annulation d'une
expertise-clé pour l'enquête. A l'audience de vendredi devant la chambre
de l'instruction, le parquet général a requis la confirmation du
non-lieu et le rejet de la demande de nullité. Les magistrats
trancheront le 17 juin.
Dans leur ordonnance de non-lieu, les trois juges de Nanterre, dont la
décision était conforme aux réquisitions du parquet, ont estimé "qu'à
l'issue des investigations (...), il n?est pas démontré que M. Yasser
Arafat ait été assassiné par empoisonnement au polonium 210, et il
n'existe pas de preuve suffisante de l'intervention d'un tiers qui
aurait pu attenter à (sa) vie", avait dit en septembre le procureur de
Nanterre. Aucune mise en examen n'a été prononcée dans cette affaire.
Yasser Arafat est décédé le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire Percy
de Clamart, près de Paris, après une brusque détérioration de son état
de santé, et les causes de sa mort n'ont jamais été élucidées.
Les magistrats étaient saisis de cette enquête depuis août 2012, après
une plainte contre X déposée par Souha Arafat à la suite de la
découverte de polonium 210, substance radioactive hautement toxique, sur
des effets personnels de son mari.
Les experts mandatés par les juges français ont à deux reprises écarté
la thèse de l'empoisonnement, estimant que la présence d'un gaz
radioactif naturel, le radon, dans l'environnement extérieur
expliquerait les fortes quantités de polonium enregistrées dans sa
sépulture et sur sa dépouille.
Dans leurs expertises complémentaires, les Français avaient ré-exploité
des données brutes issues de l'analyse en 2004 par le service de
protection radiologique des armées d'échantillons d'urine prélevés sur
Yasser Arafat lors de son hospitalisation. Ils n'y ont pas trouvé de
polonium 210.
Des experts suisses sollicités par la veuve avaient au contraire jugé
que leurs résultats "soutiennent raisonnablement l'hypothèse de
l'empoisonnement" au polonium.
Les avocats s'interrogent sur l'apparition "mystérieuse" des résultats
d'analyses d'un échantillon d'urine, utilisés pour l'expertise
complémentaire française. Selon eux, ces éléments ne figuraient pas au
dossier, motif suffisant pour annuler l'expertise complémentaire. Leur
requête en nullité, a été examinée vendredi et la décision sera elle
aussi connue le 17 juin.
Les avocats de Souha Arafat n'ont pas souhaité commenter.
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