L'arrêt des combats à la frontière avec l'Arabie Saoudite et l'annonce
de la fin prochaine des opérations militaires "majeures" apparaissent
comme les prémisses d'un apaisement dans le conflit au Yémen qui affecte
durement les civils depuis près d'un an.
En appui au gouvernement yéménite, l'Arabie Saoudite et d'autres pays
arabes sunnites ont lancé le 26 mars 2015 au Yémen une campagne
militaire contre les rebelles chiites Houthis et leurs alliés qui
s'étaient emparés de larges pans du territoire, dont la capitale Sanaa.
Mercredi, le porte-parole de la coalition, le général de brigade
saoudien Ahmed Assiri, a déclaré: "Nous nous trouvons aujourd'hui à la
fin de la phase des combats majeurs" au Yémen. Il a ajouté que la
coalition travaillerait à un plan de long terme pour stabiliser le
Yémen. Ces annonces ont été saluées par Washington.
Mais pour le moment, l'aviation de la coalition arabo-sunnite sous
commandement saoudien continue ses raids aériens au Yémen, en dépit de
fortes critiques de l'ONU alarmée par les pertes civiles.
Les dernières frappes ont visé jeudi soir, selon un correspondant de
l'AFP, les alentours de Sanaa où les Houthis, soutenus par l'Iran,
tiennent de nombreuses positions.
Mais le calme prévaut tout au long des quelque 400 kilomètres de
frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen depuis le 9 mars à la
suite d'une médiation tribale, a affirmé à l'AFP le général Assiri.
Cette zone a connu des échanges quasi-quotidiens de tirs qui ont fait
quelque 90 morts du côté saoudien, dont des civils, depuis mars 2015.
Dans un autre signe d'apaisement, les Houthis ont demandé, selon des
habitants de Sanaa, aux imams de la prière hebdomadaire du vendredi de
cesser de dénoncer dans leurs prêches l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, les deux piliers de la Coalition Arabe.
Pour l'analyste Mustafa Alani du Gulf Research Centre, même si les raids
ne vont pas nécessairement cesser le 26 mars, premier anniversaire de
l'intervention de la coalition, l'"opération est en train de prendre
fin".
La coalition "ne veut pas aller au delà de cette date psychologique",
estime-t-il, alors que l'ONU peine à relancer les négociations entre
belligérants pour un règlement du conflit.
La Maison Blanche a salué jeudi l'intention de la Coalition de cesser
les opérations majeures. "Nous saluerions et nous saluons la
déclaration" du général Assiri, a-t-elle dit.
Washington apporte certes une aide logistique et des renseignements à la
coalition, mais ne cesse d'exprimer son irritation face aux pertes
civiles, également dénoncées par les ONG des droits de l'Homme.
Mardi une seule frappe a tué 119 personnes dont 22 enfants sur un marché
dans le nord du Yémen, selon l'ONU qui comptabilise au total plus de
6.200 morts en près d'un an, pour moitié des civils, et constate une
grave crise humanitaire dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
La coalition a promis une enquête interne sur les "bavures" possibles
provoquant des pertes civiles, dont les résultats se font attendre.
Vendredi, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad
Al Hussein, a indiqué que la coalition arabe avait entraîné la mort de
"deux fois plus" de civils que l'ensemble des autres forces engagées au
Yémen.
"Ils ont frappé des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles,
des usines, des réceptions de mariage - et des centaines de résidences
privées dans des villages, des villes, y compris à Sanaa. Malgré de
nombreuses démarches internationales, ces terribles incidents continuent
de se produire avec une régularité inacceptable", a dénoncé le
Haut-commissaire, en condamnant le carnage de mardi.
Sur un autre front, la coalition a commencé à combattre les jihadistes
d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI) qui, profitant de l'absence
d'une forte autorité étatique, ont renforcé leur emprise sur le sud du
pays.
Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi n'arrive pas à
asseoir son autorité sur cette zone reprise aux Houthis l'été 2015.
"C'est une guerre qui ne dit pas son nom mais qui est en train de se
dérouler", a estimé l'analyste, en allusion à la lutte contre les
jihadistes, cibles aussi des raids de la coalition.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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