Ce jeudi, l'ONU a évoqué des "progrès visibles" depuis l'entrée en
vigueur samedi du cessez-le-feu en Syrie, qui se traduit notamment par
une nette baisse du nombre de civils tués. La guerre qui dure depuis
près de six ans et a fait plus de 270 000 morts a infligé d'immenses
ravages aux infrastructures du pays, victime jeudi d'une coupure
générale du courant électrique pendant plusieurs heures. Dans ce conflit
complexe impliquant des acteurs régionaux et internationaux, l'envoyé
des Nations unies pour la Syrie fait preuve d'un optimisme prudent,
conscient qu'il suffit de peu pour que l'accord de trêve - une
initiative américano-russe soutenue par l'ONU - déraille. "La situation
sur le terrain pourrait être résumée comme étant fragile. Le succès (de
la cessation des hostilités entre régime et rebelles, ndlr) n'est pas
garanti, mais des progrès sont visibles", a ainsi expliqué Staffan de
Mistura à Genève. "Malheureusement, (...) il y a un nombre d'endroits où
les combats se poursuivent", a-t-il ajouté, précisant que ces combats
restaient "contenus". Staffan de Mistura a ajouté que "l'aide
humanitaire et la cessation des hostilités étaient extrêmement
importantes" mais "n'étaient pas des conditions préalables" au processus
politique, qui doit reprendre le 9 mars à Genève.
Une nouvelle réunion du groupe de travail chargé de surveiller la mise
en oeuvre de la cessation des hostilités, dont rien n'a filtré, s'est
tenue jeudi après-midi dans la ville suisse selon l'ONU. Cette "task
force" s'était déjà réunie lundi. Les deux camps et leurs alliés
s'accusent en effet mutuellement de violer la trêve, dont les modalités
d'application sont compliquées par le fait que les jihadistes du Front
Al-Nosra - exclus de l'accord comme ceux du groupe Etat islamique (EI) -
sont alliés à des rebelles dit modérés dans certains secteurs.
Une centaine de violations
Le président français François Hollande et le Premier ministre
britannique David Cameron ont ainsi demandé jeudi "à la Russie et au
régime syrien, de mettre fin immédiatement aux attaques contre les
groupes de l'opposition modérée" et de cesser les violations. Davie
Cameron et François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel
s'entretiendront vendredi au téléphone avec Vladimir Poutine. Ils
entendent "dire clairement (au président russe) que nous avons besoin du
maintien du cessez-le-feu et (...) d'une réelle transition politique",
selon Downing Street.
Le même jour à Paris, la situation en Syrie sera au coeur d'une réunion
des ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères.
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a assuré jeudi
avoir enregistré 44 violations du cessez-le-feu au cours des dernières
24 heures. Riad Hijab, un haut responsable de l'instance qui regroupe
les principaux groupes politiques et armés de l'opposition syrienne, a
de son côté indiqué que le régime et ses alliés avaient commis une
centaine de violations depuis le début de la trêve.
Demi-journée d'école
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le nombre de
civils tués en Syrie a considérablement baissé depuis samedi. En cinq
jours, 73 civils ont péri dans des violences en Syrie, dont 24 dans les
zones où le cessez-le-feu a été décrété, soit en moyenne 15 civils par
jour. En février, 38 civils mouraient chaque jour d'après l'OSDH, et 63
ont été tués pour la seule journée de vendredi, veille de l'entrée en
vigueur de la trêve. Dans le même temps, 42 combattants rebelles ont été
tués, a précisé cette organisation. Conséquence des destructions
d'infrastructures engendrées par la guerre depuis 2011, la Syrie a été
totalement privée de courant pendant plus de trois heures à partir de
11H00 GMT à la suite d'une panne générale d'électricité, ont annoncé la
télévision d'Etat et des résidents.
Le ministre de l'Electricité Imad Khamis avait affirmé lundi que les
dégâts dans le domaine de l'électricité s'élevaient à 3,75 milliards de
dollars et que 5 des 13 grandes centrales électriques du pays avaient
été l'objet d'attaques. Malgré cette coupure d'électricité, la situation
semblait calme selon des correspondants de l'AFP et des activistes.
Dans les quartiers rebelles d'Alep, un correspondant de l'AFP a vu jeudi
de nombreuses familles faire leurs courses dans des marchés et se
promener dans des parcs. A Daraya, une localité rebelle près de Damas,
les enfants peuvent désormais fréquenter les écoles plus longtemps selon
l'activiste Shadi Matar. "Avant la trêve, ils allaient en classe à
06h00 du matin pour seulement deux heures, avant que les bombardements
commencent", a-t-il expliqué. "Mais maintenant, ils vont à l'école pour
une demi-journée entière, de 07h00 à midi".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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