jeudi 3 mars 2016

Syrie : Des progrès "visibles" au sujet de la trêve, selon l'ONU

Ce jeudi, l'ONU a évoqué des "progrès visibles" depuis l'entrée en vigueur samedi du cessez-le-feu en Syrie, qui se traduit notamment par une nette baisse du nombre de civils tués. La guerre qui dure depuis près de six ans et a fait plus de 270 000 morts a infligé d'immenses ravages aux infrastructures du pays, victime jeudi d'une coupure générale du courant électrique pendant plusieurs heures. Dans ce conflit complexe impliquant des acteurs régionaux et internationaux, l'envoyé des Nations unies pour la Syrie fait preuve d'un optimisme prudent, conscient qu'il suffit de peu pour que l'accord de trêve - une initiative américano-russe soutenue par l'ONU - déraille. "La situation sur le terrain pourrait être résumée comme étant fragile. Le succès (de la cessation des hostilités entre régime et rebelles, ndlr) n'est pas garanti, mais des progrès sont visibles", a ainsi expliqué Staffan de Mistura à Genève. "Malheureusement, (...) il y a un nombre d'endroits où les combats se poursuivent", a-t-il ajouté, précisant que ces combats restaient "contenus". Staffan de Mistura a ajouté que "l'aide humanitaire et la cessation des hostilités étaient extrêmement importantes" mais "n'étaient pas des conditions préalables" au processus politique, qui doit reprendre le 9 mars à Genève.
Une nouvelle réunion du groupe de travail chargé de surveiller la mise en oeuvre de la cessation des hostilités, dont rien n'a filtré, s'est tenue jeudi après-midi dans la ville suisse selon l'ONU. Cette "task force" s'était déjà réunie lundi. Les deux camps et leurs alliés s'accusent en effet mutuellement de violer la trêve, dont les modalités d'application sont compliquées par le fait que les jihadistes du Front Al-Nosra - exclus de l'accord comme ceux du groupe Etat islamique (EI) - sont alliés à des rebelles dit modérés dans certains secteurs.

Une centaine de violations
Le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron ont ainsi demandé jeudi "à la Russie et au régime syrien, de mettre fin immédiatement aux attaques contre les groupes de l'opposition modérée" et de cesser les violations. Davie Cameron et François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel s'entretiendront vendredi au téléphone avec Vladimir Poutine. Ils entendent "dire clairement (au président russe) que nous avons besoin du maintien du cessez-le-feu et (...) d'une réelle transition politique", selon Downing Street.
Le même jour à Paris, la situation en Syrie sera au coeur d'une réunion des ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères. Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a assuré jeudi avoir enregistré 44 violations du cessez-le-feu au cours des dernières 24 heures. Riad Hijab, un haut responsable de l'instance qui regroupe les principaux groupes politiques et armés de l'opposition syrienne, a de son côté indiqué que le régime et ses alliés avaient commis une centaine de violations depuis le début de la trêve.

Demi-journée d'école
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le nombre de civils tués en Syrie a considérablement baissé depuis samedi. En cinq jours, 73 civils ont péri dans des violences en Syrie, dont 24 dans les zones où le cessez-le-feu a été décrété, soit en moyenne 15 civils par jour. En février, 38 civils mouraient chaque jour d'après l'OSDH, et 63 ont été tués pour la seule journée de vendredi, veille de l'entrée en vigueur de la trêve. Dans le même temps, 42 combattants rebelles ont été tués, a précisé cette organisation. Conséquence des destructions d'infrastructures engendrées par la guerre depuis 2011, la Syrie a été totalement privée de courant pendant plus de trois heures à partir de 11H00 GMT à la suite d'une panne générale d'électricité, ont annoncé la télévision d'Etat et des résidents.
Le ministre de l'Electricité Imad Khamis avait affirmé lundi que les dégâts dans le domaine de l'électricité s'élevaient à 3,75 milliards de dollars et que 5 des 13 grandes centrales électriques du pays avaient été l'objet d'attaques. Malgré cette coupure d'électricité, la situation semblait calme selon des correspondants de l'AFP et des activistes. Dans les quartiers rebelles d'Alep, un correspondant de l'AFP a vu jeudi de nombreuses familles faire leurs courses dans des marchés et se promener dans des parcs. A Daraya, une localité rebelle près de Damas, les enfants peuvent désormais fréquenter les écoles plus longtemps selon l'activiste Shadi Matar. "Avant la trêve, ils allaient en classe à 06h00 du matin pour seulement deux heures, avant que les bombardements commencent", a-t-il expliqué. "Mais maintenant, ils vont à l'école pour une demi-journée entière, de 07h00 à midi".


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