Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé
solennellement mardi à l’ONU que son pays était prêt à agir seul pour
empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, prenant ainsi le
contre-pied de Washington qui a renoué avec l’Iran.
"Israël ne laissera pas l’Iran obtenir des armes nucléaires. Si Israël
est obligé d’agir seul, il agira seul", a-t-il martelé devant
l’assemblée générale de l’ONU, dans un discours sans concession dénoncé
par l’Iran comme "provocateur et belliqueux".
L’Iran n’a pas encore franchi la ligne rouge, a-t-il expliqué, mais il
"veut être en position de pouvoir accélérer et construire des bombes
atomiques" quand il le voudra "avant que la communauté internationale ne
puisse le détecter et l’empêcher".
L’an dernier à la même tribune, Netanyahu avait tracé une ligne rouge
sur un croquis de bombe atomique iranienne pour montrer la nécessité
d’agir vite avant que l’Iran ne devienne une puissance nucléaire. Mardi,
il était le dernier orateur à monter, sous les applaudissements, à
cette tribune qui a accueilli depuis une semaine des dizaines de chefs
d’Etat et de gouvernement dont le président américain Barack Obama et le
nouveau président iranien Hassan Rohani.
Il a estimé qu’un Iran nucléaire serait aussi dangereux que "cinquante
Corées du Nord". "Face à une telle menace, Israël n’aura d’autre choix
que de se défendre", a-t-il souligné. "Je n’accepterai jamais qu’un
régime qui a juré à plusieurs reprises de nous rayer de la carte aie des
armes nucléaires (..) je ne ferai jamais de compromis sur la sécurité
de mon peuple et de mon pays". La Corée du Nord a procédé à trois essais
nucléaires, dont le dernier en février, malgré de lourdes sanctions
internationales.
"J’aimerais croire M. Rohani mais je ne le peux pas", a-t-il encore
déclaré en référence aux déclarations conciliantes du président iranien.
Celui-ci a juré que l’Iran ne cherchait pas à se doter de la bombe, ce
dont Israël et les Occidentaux le soupçonnent.
Pour le Premier ministre israélien, M. Rohani est "un loyal serviteur du
régime", pas plus fiable que son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, qui
se livrait à de violentes diatribes anti-israéliennes à la tribune de
l’ONU. Il faut "se concentrer sur les actions de l’Iran", a-t-il estimé,
et en attendant il faut "maintenir la pression" et les sanctions contre
Téhéran, de façon à s’assurer que le programme nucléaire iranien soit
"démantelé complètement et de façon vérifiable".
On ne doit "lever les sanctions que quand l’Iran aura totalement
démantelé son programme de fabrication d’armes nucléaires", a affirmé Netanyahu, qui a rejeté l’idée d’un "accord partiel" relâchant l’étau
en échange de "concessions surperficielles" de la part de Téhéran.
Il a énuméré une série de mesures que les Iraniens devraient prendre, à
commencer par "cesser tout enrichissement de leur uranium" et transférer
en dehors d’Iran les stocks d’uranium enrichi. L’uranium peut faire
marcher une centrale nucléaire civile mais, à un plus haut dégré
d’enrichissement, il peut aussi servir à fabriquer une bombe.
La semaine dernière, les Iraniens ont accepté de reprendre les
négociations sur le nucléaire avec les pays membres du groupe 5+1 (les
cinq grandes puissances et l’Allemagne) à la mi-octobre à Genève.
Les chefs de la diplomatie américain et iranien, John Kerry et Mohammad
Javad Zarif, se sont rencontrés jeudi à New York et vendredi, un coup de
téléphone historique a eu lieu entre Barack Obama et Hassan Rohani.
Tout en réclamant que l’offensive de charme de M. Rohani soit suivie
d’effet, M. Obama a choisi de "donner une chance à la diplomatie" et
n’exclut pas que Téhéran puisse conserver une capacité nucléaire civile.
Un diplomate iranien a immédiatement réagi en séance au discours de Netanyahu en le qualifiant d’"extrêmement provocateur" et de
"belliqueux". Selon Khodadad Seifi, conseiller à la mission iranienne
auprès de l’ONU, "toutes les activités nucléaires iraniennes ont, et ont
toujours eu, un objectif exclusivement pacifique".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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