L’organisation chargée de superviser la destruction de l’arsenal
chimique en Syrie a appelé mercredi à des cessez-le-feu temporaires dans
ce pays ravagé par un conflit sanglant, afin que ses inspecteurs
puissent effectuer leur mission dans les délais impartis.
Sur le terrain, plusieurs dizaines de membres des forces loyalistes
ainsi que des rebelles ont été tués mercredi dans de violents combats au
sud de Damas où l’armée syrienne a effectué une avancée, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Parlant devant des journalistes à La Haye, où siège l’Organisation pour
l’interdiction des armes chimiques (OIAC), son directeur général Ahmet
Uzumcu a évoqué le calendrier "extrêmement serré" fixé pour ce processus
de démantèlement, qui s’effectue pour la première fois dans un pays en
conflit.
"Je pense que l’élimination des armes chimiques est dans l’intérêt de
toutes les parties et je pense que si des cessez-le-feu temporaires
pouvaient être instaurés, ces objectifs pourraient être atteints", a
déclaré M. Uzumcu.
L’OIAC a été chargée par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU
de démanteler d’ici au 30 juin 2014 l’arsenal chimique du régime syrien
et les installations liées à cet arsenal.
Pour M. Uzumcu, les délais impartis, en particulier la limite du 1er
novembre pour la destruction de toutes les installations de production
d’armes chimiques, ne sont pas irréalistes.
La résolution 2118 a été adoptée sur la base d’un accord conclu entre la
Russie et les Etats-Unis, après une attaque chimique meurtrière
survenue le 21 août dans la banlieue de Bagdad. La responsabilité de
cette attaque est attribuée par les Occidentaux au régime du président
syrien Bashar al-Assad et par Damas à la rébellion.
Depuis le déploiement le 1er octobre de la mission de l’OIAC en Syrie,
les autorités de Damas ont reçu des éloges internationaux pour la
coopération dont elles font preuve.
"La coopération avec la Syrie est très constructive", a confirmé le directeur général de l’OIAC.
Les inspecteurs de la première équipe, composée de dix-neuf experts de
l’OIAC et seize spécialistes de la logistique et de la sécurité de
l’ONU, ont déjà commencé à détruire des installations de production
d’armes chimiques.
Des images de leur travail ont été diffusées par la télévision officielle syrienne.
L’équipe visitait un autre site mercredi. "Il y a 20 sites qui doivent
être visités dans les prochaines semaines", a précisé M. Uzumcu, qui a
rappelé qu’une deuxième équipe, composée de 12 experts, était en chemin
vers Damas.
"Il y a des sites qui sont situés dans des zones dangereuses", a
souligné le conseiller politique de M. Uzumcu, Malik Ellahi. "Nous
devons nous assurer que les conditions sur le terrain sont telles que
nos équipes peuvent effectuer leur travail".
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait averti lundi que les
inspecteurs étaient exposés à un "danger sans précédent" dans cette
mission en Syrie, où les forces gouvernementales et les groupes rebelles
s’affrontent depuis deux ans et demi.
Les experts, qui travaillent en combinaisons protectrices, portent également des gilets pare-balles et des casques.
Des affrontements se poursuivaient mercredi soir dans des localités
proches de Damas faisant plusieurs dizaines de morts, a indiqué l’OSDH.
"De violents combats se poursuivent entre les combattants des brigades
rebelles et les forces régulières soutenues par les membres de l’Armée
de défense (milice pro-régime) et du Hezbollah libanais, dans les
localités de Husseiniyeh, Thiyabiyeh et Bouaydah, alors que l’armée mène
des raids aériens et pilonne ces zones", selon l’ONG.
L’OSDH avait auparavant indiqué que les forces régulières avaient
renforcé "leur contrôle sur les villages de Cheikh Amro et Basatine qui
séparent les localités de Thiyabiyeh et Bouaydah".
Les Comités locaux de coordination —militants sur le terrain—
indiquaient pour leur part que "les localités de Thibabiyeh,
Husseiniyeh, Hujeirat el-Balad et Bouaydah étaient la cible depuis hier
(mardi) d’une offensive des plus violentes menée par la milice de la
Brigade Abou Fadel el-Abbas (composée en majorité de chiites irakiens),
le Hezbollah et des forces d’élite de l’armée régulière".
Dans le sud du pays, et après un mois de combats féroces, les rebelles
ont pris le contrôle d’une caserne située à la frontière avec la
Jordanie, a ajouté l’OSDH.
Avec cette prise, les rebelles contrôlent désormais le long de la
frontière jordanienne une bande de territoire allant des environs de la
ville de Deraa au plateau du Golan, occupé par Israël.
Par ailleurs, deux journalistes français, Nicolas Hénin, reporter de 37
ans, et Pierre Torres, photographe de 29 ans, ont été enlevés en juin à
Raqqa (nord), ont annoncé mercredi le gouvernement français et leurs
familles, qui avaient préféré jusqu’ici ne pas rendre publique leur
détention, et selon lesquelles "ils sont en vie".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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