Comparer les pratiques d’un pays, même impéraliste et colonialiste,
avec celles d’une entité coloniale de peuplement, dont le fondement est
associé à d’horribles massacres, à l’expulsion d’un peuple et à une
entreprise méthodique de purification ethnico-religieuse, toujours en
cours, n’est pas entièrement justifié. Il est vrai que la France n’est
pas une colonie, les Français qui y vivent n’ont pas chassé un peuple et
volé ses terres et ses biens, pour s’y installer. La France n’a pas
inventé une histoire mythique datant de plusieurs milliers d’années pour
justifier la création de son Etat.
Mais la France porte un lourd passé d’Etat colonial, qui a commis des
massacres partout dans le monde, au nom de la « liberté », des « droits
de l’homme » et de la « supériorité raciale ». Malgré les crimes
commis par ses colons et militaires ailleurs que sur son sol, la France
persiste à légitimer son histoire criminelle en adoptant ce qu’elle
nomme « les bienfaits de la colonisation », c’est-à-dire la destruction
des sociétés et leur acculturation, l’exploitation économique de leurs
pays, la provocation de conflits inter-ethniques et inter-religieux, et
la formation d’élites « indigènes » soumises à ses politiques. Cette
politique coloniale se traduit aujourd’hui, sur divers plans, par le
racisme antiarabe et l’islamophobie, par une politique impérialiste et
dominatrice, par un soutien inconditionnel à l’entité coloniale
sioniste, et par le maintien en otage de George Ibrahim Abdallah.
Au moment où le militant libanais George Ibrahim Abdallah entame sa
31 ème d’incarcération dans les prisons de l’impérialisme français,
l’entité coloniale sioniste se prépare à libérer 26 prisonniers, des
combattants palestiniens ayant été condamnés à plusieurs perpétuités,
parmi les 104 qu’elle a promis de faire libérer, non par humanisme,
mais pour que les négociations entre l’Autorité palestinienne et les
dirigeants de la colonie reprennent, sous l’égide de l’impérialisme
américain. Ce fut une condition de l’Autorité palestinienne, formulée à
cause de la pression exercée par le peuple palestinien. Ces combattants
prisonniers sont détenus par l’occupant depuis les années 80, et le plus
ancien prisonnier, Karim Younes, est détenu depuis 1983 (juin), soit
comme George Ibrahim Abdallah, depuis plus de 30 ans !
Si l’entité sioniste a finalement accepté de faire libérer ces
combattants, suscitant diverses réactions hostiles à l’intérieur même de
son establishment, pourquoi la France refuse-t-elle de faire libérer
l’otage libanais qu’elle détient, et poursuit-elle une attitude de
hors-la-loi, elle qui affirme tout haut respecter le droit
international, la communauté internationale et tout ce qui s’ensuit, et
qui se targue de donner des leçons dans ce sens au monde entier ?
Si l’entité sioniste a rompu, rompt et rompera toujours avec ses
propres principes d’Etat voyou et colonial, à cause des pressions
exercées par la résistance palestinienne et le peuple palestinien et ses
amis dans le monde, pourquoi la France semble-t-elle si arrogante en
maintenant l’otage George Ibrahim Abdallah en captivité ?
Certains avancent l’idée que la France n’est pas un pays souverain.
Elle est, comme l’entité sioniste, soumise à l’impérialisme américain.
Dans le cas de l’otage George Ibrahim Abdallah, ce sont les Etats-Unis
qui refusent sa remise en liberté, alors que dans le cas des combattants
palestiniens devant être libérés, l’entité sioniste a dû se plier au
désir américain, pressé de régler la « question palestinienne » au
détriment du peuple palestinien !
D’autres avancent l’idée que la France a durci le ton envers tout ce
qui peut représenter la culture de la résistance dans la région arabe,
dont George Ibrahim Abdallah est le symbole, car, en libérant l’otage
qui a refusé, tout au long de trente années de « s’excuser » ! de son
appartenance anti-impérialiste et qui a refusé de « tourner sa veste »,
elle craint de satisfaire et d’appuyer le camp de l’anti-impérialisme et
de la résistance au sionisme dans la région. Au moment où la France
prétend être du côté de la liberté des peuples, armant par-ci des
« rebelles » et intervenant militairement par-là pour tuer ou
« libérer », la France craint en réalité le soulèvement des peuples
contre la domination impériale qu’elle représente aux côtés des
Etats-Unis et d’autres puissances européennes. Libérer l’otage George
Ibrahim Abdallah serait, pour la France, renforcer le camp
anti-impérialiste et les mouvements de libération. Cela est sûrement
contraire à sa vision du monde.
D’autres enfin avancent l’idée que la pression internationale n’est
pas assez puissante pour que la France libère son otage. D’abord, Le
Liban, son propre pays, est soumis et divisé, et maintenant plus
qu’hier. Ce pays dont une grande partie de son peuple est
« colonisable » (comme dirait Malek Bennabi) vit dans l’illusion d’une
souveraineté acquise par le jeu des puissances mondiales et régionales.
En France, la pression de la « rue » a pris de l’ampleur, depuis que
George Ibrahim Abdallah a été libéré avant d’être pris en otage, il y a
moins d’un an, mais elle reste insuffisante pour rabattre l’arrogance de
l’impérialisme français.
Même si la résistance palestinienne en Palestine occupée se prépare
tous les jours et mène sans cesse des tentatives pour libérer les
combattants palestiniens, la libération de George Ibrahim Abdallah,
comme celle des combattants palestiniens, anciennement ou récemment
détenus, est également possible grâce à l’internationalisation de la
question de leur détention, non seulement auprès des instances
internationales (si l’entité sioniste ne les craint pas, la France peut y
être sensible), mais surtout auprès des peuples, dans les pays arabes
et ailleurs dans le monde. Une victoire contre l’impérialisme français
et l’occupation sioniste n’est pas impossible, au contraire. Elle est
nécessaire car l’infamie est à son comble.
(27-10-2013 - Fadwa Nassar)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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