mardi 15 octobre 2013

Irak : 12 morts dans un attentat contre des fidèles à Kirkouk

Douze fidèles ont été tués mardi dans un attentat à la sortie d’une mosquée de Kirkouk, dans le nord de l’Irak, au premier jour de l’Aïd al-Adha, la plus importante des fêtes musulmanes, dans un contexte de violences croissantes depuis le début de l’année.
Vingt-six personnes ont en outre été blessées par la bombe qui a explosé à 07H55 (04H00 GMT) au milieu d’une foule de fidèles devant la mosquée sunnite Al-Qods dans le sud de cette ville multi-communautaire, selon la police et un médecin, en ce premier jour de l’Aïd al-Adha ou fête du sacrifice.
Après l’attentat, des corps en sang ont été évacués à bord d’un petit pick-up de la police et des flaques de sang maculaient la chaussée, selon un photographe de l’AFP.
"Que Dieu se venge des malveillants !", criaient des fidèles en colère.
La ville pétrolière de Kirkouk est le chef-lieu d’une province éponyme, mosaïque ethnique et confessionnelle où cohabitent Kurdes, Arabes et Turcomans, sunnites et chiites, et souvent théâtre de violences.
A l’occasion de la fête de l’Adha, l’émissaire de l’ONU Nickolay Mladenov a appelé lundi à l’unité en Irak : "Pour cette occasion et en ce moment crucial, je voudrais plaider pour l’unité et la compréhension parmi tous les Irakiens et leurs dirigeants politiques, religieux et civils".
Le pays connaît depuis le début de l’année un regain de violences, sur fond d’impasse politique qui pourrait, selon des experts, se prolonger jusqu’aux élections législatives prévues en 2014.
Les attentats sont quotidiens et les bilans des quatre derniers mois renouent avec le niveau de violence de 2008, lorsque le pays sortait difficilement d’une quasi-guerre civile entre sunnites et chiites, avec des bilans mensuels oscillant désormais entre 800 et 1.000 morts, et ce en dépit des opérations —parmi les plus importantes depuis le retrait en 2011 des troupes américaines— menées ces deux derniers mois par les forces de sécurité.
Pour le mois de septembre, l’ONU avait fait état d’un bilan de près d’un millier de morts et plus de 2.100 blessés et sa mission en Irak avait lancé une mise en garde contre une spirale "infernale" de représailles entre sunnites et chiites.
Quasiment aucun lieu ou évènement susceptibles d’attirer les foules n’est à l’abri des violences en Irak. Les mosquées, les terrains de football, les mariages, les enterrements et même des endroits ultra-sécurisés comme les prisons sont régulièrement pris pour cible.
Ce dernier attentat porte à plus de 310 le nombre de morts depuis début octobre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources policières et médicales. Le chiffre des décès causés par les violences a dépassé les 5.000 depuis le début de l’année.
Selon l’ONU, 5.000 personnes ont été chassées de chez elles cette année en raison des "attaques et tensions confessionnelles".
Pour les spécialistes, la recrudescence des violences vise à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays, 10 ans après l’invasion américaine qui a renversé le président Saddam Hussein.
Elle coïncide avec un mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, à l’encontre du gouvernement dominé par les chiites, accusé en particulier de multiplier les arrestations arbitraires.
L’ONU et de nombreux diplomates ont appelé le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser davantage les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les groupes extrémistes.
Mais en réponse aux violences, le gouvernement a intensifié une campagne contre les insurgés sunnites, procédant à de nombreuses arrestations.
Et la paralysie de l’appareil politique, associée à une corruption endémique et à une défaillance des services publics, contribuent à alimenter l’instabilité dans le pays.

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