Le groupe le plus important de l’opposition syrienne a affirmé
dimanche qu’il ne participerait pas à la conférence de paix Genève-2,
portant un coup dur à la crédibilité de ces négociations voulues par les
Américains et les Russes.
Sur le terrain, le Croissant-Rouge syrien a annoncé avoir évacué 1.500
civils de Muwadamiyat al-Cham, une localité en périphérie de Damas tenue
en majorité par les rebelles et assiégée depuis des mois par l’armée.
Le chef du Conseil national syrien (CNS) a menacé de se retirer de la
coalition anti-régime si celle-ci prenait part à la conférence
internationale de Genève-2, souhaitée pour la mi-novembre, qui vise à
réunir à une même table le régime syrien et l’opposition.
"Le CNS, qui est le plus grand bloc politique au sein de la Coalition, a
pris la ferme décision (...) de ne pas aller à Genève", a affirmé à
l’AFP le chef du CNS Georges Sabra, dans un entretien téléphonique avec
l’AFP.
"Cela veut dire qu’il ne restera pas au sein de la Coalition si celle-ci y va", a-t-il ajouté.
La Coalition de l’opposition s’était dite disposée en septembre à
envoyer des représentants à Genève, tout en fixant comme condition le
départ du président Bashar al-Assad.
La décision du CNS intervient à la veille d’une rencontre entre le
secrétaire d’Etat américain John Kerry et Lakhdar Brahimi, l’émissaire
de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, au sujet de cette
conférence.
La décision du CNS risque d’approfondir encore les divisions au sein
d’une opposition déjà très fragmentée et affaiblie par un désaveu des
principaux groupes d’opposition armée, dont certains sont entrés en
conflit entre eux.
Des jihadistes ont ainsi renforcé leur présence à
Alep (nord) au détriment des rebelles après des combats meurtriers
entre ces groupes pourtant tous engagés contre le régime syrien.
M. Sabra a expliqué cette décision par les souffrances endurées par la
population, dans un conflit qui a fait plus de 100.000 morts depuis mars
2011 selon l’ONU.
de Muwadamiyat al-Cham meurent de faim, la Ghuta (dans la province de
Damas) est assiégée et (le régime) interdit même d’y faire entrer du
pain, est-ce que ce sont des conditions qui permettent de parvenir (...)
à une transition démocratique en Syrie ?", s’est-il insurgé.
A Muwadamiyat al-Cham, le Croissant-Rouge "a évacué 1.500 civils, en
majorité des femmes et des enfants", a affirmé à l’AFP le directeur des
opérations Khaled Ereksousse, précisant qu’ils "étaient dans un état de
grande fatigue et avaient très peur".
L’opposition dénonce depuis des mois le siège de Muwadamiyat al-Cham.
Des militants et ONG ont rapporté de nombreux décès en raison de la
famine dans cette ville au sud-ouest de Damas qui sert de base arrière
aux rebelles pour attaquer la capitale et que l’armée pilonne
quotidiennement pour déloger les insurgés.
Le régime de son côté soutient que les civils sont assiégés par les rebelles.
Les civils ont été évacués vers des abris dans la province de Damas.
"Nous avons pu offrir une aide médicale à ceux qui en étaient dépourvus
depuis longtemps, mais nous n’avons pas pu évacuer les blessés", a
précisé M. Ereksousse.
Muwadamiyat al-Cham est une des zones qui avaient été visées le 21 août
par une attaque chimique attribuée au régime par l’opposition et des
pays occidentaux selon qui elle a fait des centaines de morts.
M. Sabra a accusé la communauté internationale d’avoir laissé le régime
impuni après cette attaque qui avait fait planer la menace de frappes
occidentales contre le régime, écartées par une résolution à l’ONU
exigeant le démantèlement de l’arsenal chimique syrien.
"La communauté internationale s’est concentrée sur l’arme du crime, qui
est l’arme chimique ; elle a laissé le meurtrier impuni et oublié les
victimes" a déploré l’opposant.
A Damas, des obus se sont abattus dimanche sur la place des Abbassides
(centre), ainsi que sur le quartier périphérique de Qadam (sud), sans
faire de victime.
Dans la province d’Alep (nord), l’armée poursuivait ses bombardements
aériens de Sfiré, essentiellement aux mains de jihadistes et près d’un
site que pourraient visiter les experts internationaux en charge du
démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Ces bombardements ont
provoqué un exode de la ville depuis samedi.
Dans la région de Deraa (sud), berceau de la révolte, les rebelles ont
abattu un avion de l’armée de l’air dans la localité d’Atmane.
Signe que le conflit pousse à la fuite un nombre toujours grandissant de
Syriens, dont deux millions ont déjà pris la voie d’un exil parfois
périlleux, un bateau ayant fait naufrage près de Malte vendredi s’est
avéré transporter une majorité de migrants syriens, passés par la Libye
ou l’Egypte pour rejoindre l’Europe.
(13-10-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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