lundi 14 octobre 2013

Syrie : un important groupe de l’opposition rejette des négociations

Le groupe le plus important de l’opposition syrienne a affirmé dimanche qu’il ne participerait pas à la conférence de paix Genève-2, portant un coup dur à la crédibilité de ces négociations voulues par les Américains et les Russes.
Sur le terrain, le Croissant-Rouge syrien a annoncé avoir évacué 1.500 civils de Muwadamiyat al-Cham, une localité en périphérie de Damas tenue en majorité par les rebelles et assiégée depuis des mois par l’armée.
Le chef du Conseil national syrien (CNS) a menacé de se retirer de la coalition anti-régime si celle-ci prenait part à la conférence internationale de Genève-2, souhaitée pour la mi-novembre, qui vise à réunir à une même table le régime syrien et l’opposition.
"Le CNS, qui est le plus grand bloc politique au sein de la Coalition, a pris la ferme décision (...) de ne pas aller à Genève", a affirmé à l’AFP le chef du CNS Georges Sabra, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
"Cela veut dire qu’il ne restera pas au sein de la Coalition si celle-ci y va", a-t-il ajouté.
La Coalition de l’opposition s’était dite disposée en septembre à envoyer des représentants à Genève, tout en fixant comme condition le départ du président Bashar al-Assad.
La décision du CNS intervient à la veille d’une rencontre entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et Lakhdar Brahimi, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, au sujet de cette conférence.
La décision du CNS risque d’approfondir encore les divisions au sein d’une opposition déjà très fragmentée et affaiblie par un désaveu des principaux groupes d’opposition armée, dont certains sont entrés en conflit entre eux.
Des jihadistes ont ainsi renforcé leur présence à Alep (nord) au détriment des rebelles après des combats meurtriers entre ces groupes pourtant tous engagés contre le régime syrien.
M. Sabra a expliqué cette décision par les souffrances endurées par la population, dans un conflit qui a fait plus de 100.000 morts depuis mars 2011 selon l’ONU.
de Muwadamiyat al-Cham meurent de faim, la Ghuta (dans la province de Damas) est assiégée et (le régime) interdit même d’y faire entrer du pain, est-ce que ce sont des conditions qui permettent de parvenir (...) à une transition démocratique en Syrie ?", s’est-il insurgé.
A Muwadamiyat al-Cham, le Croissant-Rouge "a évacué 1.500 civils, en majorité des femmes et des enfants", a affirmé à l’AFP le directeur des opérations Khaled Ereksousse, précisant qu’ils "étaient dans un état de grande fatigue et avaient très peur".
L’opposition dénonce depuis des mois le siège de Muwadamiyat al-Cham. Des militants et ONG ont rapporté de nombreux décès en raison de la famine dans cette ville au sud-ouest de Damas qui sert de base arrière aux rebelles pour attaquer la capitale et que l’armée pilonne quotidiennement pour déloger les insurgés.
Le régime de son côté soutient que les civils sont assiégés par les rebelles.
Les civils ont été évacués vers des abris dans la province de Damas. "Nous avons pu offrir une aide médicale à ceux qui en étaient dépourvus depuis longtemps, mais nous n’avons pas pu évacuer les blessés", a précisé M. Ereksousse.
Muwadamiyat al-Cham est une des zones qui avaient été visées le 21 août par une attaque chimique attribuée au régime par l’opposition et des pays occidentaux selon qui elle a fait des centaines de morts.
M. Sabra a accusé la communauté internationale d’avoir laissé le régime impuni après cette attaque qui avait fait planer la menace de frappes occidentales contre le régime, écartées par une résolution à l’ONU exigeant le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. "La communauté internationale s’est concentrée sur l’arme du crime, qui est l’arme chimique ; elle a laissé le meurtrier impuni et oublié les victimes" a déploré l’opposant.
A Damas, des obus se sont abattus dimanche sur la place des Abbassides (centre), ainsi que sur le quartier périphérique de Qadam (sud), sans faire de victime.
Dans la province d’Alep (nord), l’armée poursuivait ses bombardements aériens de Sfiré, essentiellement aux mains de jihadistes et près d’un site que pourraient visiter les experts internationaux en charge du démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Ces bombardements ont provoqué un exode de la ville depuis samedi.
Dans la région de Deraa (sud), berceau de la révolte, les rebelles ont abattu un avion de l’armée de l’air dans la localité d’Atmane.
Signe que le conflit pousse à la fuite un nombre toujours grandissant de Syriens, dont deux millions ont déjà pris la voie d’un exil parfois périlleux, un bateau ayant fait naufrage près de Malte vendredi s’est avéré transporter une majorité de migrants syriens, passés par la Libye ou l’Egypte pour rejoindre l’Europe.

(13-10-2013)

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