Une délégation syndicale internationale a demandé jeudi une amélioration
immédiate des conditions des travailleurs migrants du Qatar, riche pays
du Golfe accusé d’exploiter la main d’oeuvre employée sur des chantiers
du Mondial 2022.
Le sévère constat établi par une délégation de la Fédération
internationale du bâtiment et du bois sanctionne une mission, chahutée,
de quatre jours, pendant laquelle les délégués n’ont pu accéder
librement à certains des immenses chantiers du pays.
Ils ont pu toutefois rencontrer des travailleurs originaires d’Inde, du
Népal, du Bangladesh et des Philippines, dont certains se sont plaints
du manque de soins médicaux ou de l’impossibilité d’avoir recours aux
tribunaux en cas de litige avec l’employeur.
Les autorités du Qatar ont répliqué en affirmant être prêtes à "relever les défis" posés par la condition de ces travailleurs.
Dans un communiqué lu au cours d’une conférence de presse, la délégation
syndicale a souligné que "des mesures vigoureuses sont nécessaires
maintenant, et non pas à l’avenir", pour améliorer les conditions de ces
travailleurs.
Elle a estimé que les législations du travail du Qatar ne comportaient
pas de "principes bien définis, ne sont pas au niveau des standards
internationaux et n’incluent pas le droit des travailleurs à se
syndiquer".
La délégation a en outre souligné que les réformes proposées pendant la
mission par les autorités ne mentionnent aucune "urgence" à
l’amélioration de la situation des travailleurs migrants.
La mission, décidée de longue date, est arrivée au Qatar après la
parution d’articles de presse dénonçant l’exploitation de la main
d’oeuvre étrangère dans le pays.
Le quotidien britannique The Guardian a révélé le mois dernier que 44
ouvriers népalais étaient morts sur les chantiers du Qatar, ce qu’ont
démenti les autorités de Doha.
La délégation, qui n’a pas parlé d’esclavagisme, a relevé une situation
satisfaisante sur de gros chantiers et indiqué que les abus émanent
souvent de sous-traitants.
Les délégués ont estimé que les mesures envisagées par les autorités
étaient insuffisantes, et recommandé que le Qatar intègre dans sa
législation les règles de l’Organisation internationale du travail (OIT)
en ce qui concerne la santé et la sécurité sur les chantiers de
construction, ainsi qu’un système fort d’inspection.
La délégation a également recommandé que l’on cesse de retenir les
passeports des travailleurs étrangers et que soit supprimé le système de
"kafala", le parrainage de tout étranger par un national qui ouvre la
porte à de nombreux abus.
Elle a d’autre part souligné qu’il fallait interdire aux agences de
recrutement de monnayer leurs services, faire en sorte que les contrats
de travail soient rédigés dans la langue de ces travailleurs et établir
un système pour résoudre les conflits de travail.
Tout de suite après la conférence de presse des délégués, Ali al-Merri,
chef de la Commission nationale des droits de l’Homme du Qatar, un
organisme officiel, a assuré à la presse qu’"il y a des défis à relever
en ce qui concerne le système de la Kafala et des libertés syndicales".
Le premier fait l’objet des travaux d’une commission qui va soumettre
ses recommandations au Conseil des ministres, a-t-il déclaré, et un
embryon d’organisation syndicale avec une direction de 50 membres est en
cours de constitution.
Il a par ailleurs souhaité que les recommandations finales de la
délégation syndicale internationale soient uniquement consacrées à la
défense des travailleurs et "ne pas servir d’autres objectifs", allusion
à la campagne dont le Qatar estime faire l’objet à propos de
l’organisation du Mondial 2022.
Des voix s’élèvent en effet dans le milieu sportif international pour
souligner l’impossibilité d’organiser cette compétition pendant l’été
dans un pays où les températures peuvent approcher les 50°. D’autres
estiment que l’attribution de cette prestigieuse compétition
internationale au Qatar est entachée d’irrégularité, avec un soupçon de
corruption.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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