D’importants groupes rebelles syriens ont menacé de condamner pour
"trahison" ceux qui dans l’opposition seraient tentés de se rendre à la
Conférence de paix, dite de Genève-2, prévue en novembre.
Les éventuels participants à la conférence de Genève commettront une
"trahison" dont ils devront répondre "devant nos tribunaux", ont ainsi
prévenu dix-neuf importants groupes rebelles islamistes syriens,
laissant clairement entendre qu’ils seront exécutés.
"Nous annonçons que la conférence Genève-2 n’est pas, et ne sera jamais
le choix du peuple ou une revendication de notre révolution", ont
annoncé ces groupes dans un communiqué lu samedi soir par le chef de la
brigade Suqur al-Cham, Ahmad Eissa al-Sheikh.
"Pour nous, il s’agit d’un élément supplémentaire du complot visant à
faire dérailler notre révolution et à la stopper", ont insisté ces
groupes, dont certains font partie de l’Armée syrienne libre (ASL).
L’opposition syrienne, très divisée sur une éventuelle participation à
cette conférence de paix déjà plusieurs fois reportée, doit se réunir le
9 novembre en Turquie. Elle réclame des garanties qu’elle aboutira à un
départ de Bashar al-Assad, ce que le régime rejette catégoriquement.
Ceci va rendre encore plus ardue la tâche Lakhdar Brahimi à Damas. Lors
de sa dernière visite en Syrie, il avait appelé à un changement "réel"
et à la formation d’un gouvernement de transition.
Le journal al-Watan, proche du pouvoir, avait rapporté qu’Assad avait
mis fin à son entretien avec M. Brahimi lorsque ce dernier "avait osé
s’enquérir de la question des candidatures lors des présidentielles" en
2014. La presse syrienne s’était déchainée, le traitant de "faux
médiateur".
Le médiateur s’est déjà rendu en Turquie, en Jordanie, en Irak, en
Egypte, au Koweït, au sultanat d’Oman et au Qatar. Jeudi, il a rencontré
en Turquie le chef de l’Armée syrienne libre (ASL), principale
formation rebelle, et d’autres dirigeants des combattants anti-régime.
Il essaye de convaincre toutes les parties de la nécessité de rassembler
autour d’une table représentants du régime et opposition pour trouver
une solution politique après deux ans et demi d’un conflit dévastateur.
Dans l’est, les Kurdes ont conquis samedi un poste-frontière avec
l’Irak, important lieu de transit pour les hommes et munitions, contrôlé
jusque là par des jihadistes.
Ils ont poursuivi leur avance dimanche en s’emparant de la
quasi-totalité d’Alyaaroubié, ville frontalière où les combats se
poursuivent, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme
(OSDH).
En position de faiblesse, les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et
au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra, ont appelé à leur rescousse leurs
frères d’armes, selon l’OSDH.
Dans ce conflit de plus en plus complexe qui a fait plus de 115.000
morts selon l’OSDH, les Kurdes défendent leur territoire, d’où s’est
retiré l’armée, désirant créer une zone autonome à l’instar des Kurdes
d’Irak qui auto-administrent une région depuis plus de vingt ans.
Les groupes jihadistes eux, combattent à la fois le régime syrien, les
autres rebelles et les Kurdes pour instaurer leur pouvoir sur tout le
nord et l’est du pays et d’assurer la liaison avec l’Irak, où se trouve
une réserve de combattants aguerris.
Dans le centre de la Syrie, rebelles et jihadistes tentent depuis lundi
de s’emparer d’un dépôt à Mahin "qui regorge de tant d’armes qu’il
pourrait permettre (aux insurgés) de libérer toute la Syrie", selon un
dirigeant rebelle, Oussama Idris.
"Il y a eu en six jours au moins cent morts dans les rangs de l’armée,
qui défend un important arsenal, et des dizaines d’autres parmi les
rebelles et les jihadistes, dont des combattants étrangers, qui
cherchent à s’en emparer", a affirmé samedi Rami Abdel Rahman,
directeur de l’OSDH
.
Dimanche, deux hommes et trois femmes ont été tués dans un bombardement du village chrétien de Sadad, proche de l’armurerie.
Une source de sécurité syrienne a affirmé que les militaires pourchassaient les rebelles dans la région de Sadad.
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