Exposé organisé par « Emancipation syndicale et pédagogique » fait à l’occasion des journées de Blois (11-12 octobre 2013)
Partie 1
Cette guerre n’a commencé ni en 1948, ni en 1967. Elle plonge ses
sources dans un passé lointain. La création de l’Etat d’Israël s’est
faite au nom du « retour du peuple juif » dans son pays. Il est donc
indispensable d’explorer l’histoire antique et l’histoire de
l’antisémitisme avant d’aborder l’apparition du sionisme et la période
actuelle.
L’Antiquité : ce que dit la Bible et ce que dit l’archéologie
Les premiers archéologues qui arrivent en Palestine dans la deuxième
moitié du XIXe siècle sont persuadés que la Bible est un ouvrage
historique et que leurs découvertes confirmeront le discours biblique.
Et puis, petit à petit, les découvertes sont venues infirmer ces
certitudes. Pour plus de précisions, il faut lire « La Bible dévoilée »
des archéologues israéliens Finkelstein et Silberman et « Comment le
peuple juif fut inventé » de l’historien Shlomo Sand. Aujourd’hui, il y a
un consensus général des historiens et des archéologues sur les points
suivants : les Hébreux ne sont pas venus de Mésopotamie. Il n’y a aucune
trace d’un départ ou d’un passage de populations sémites migrant vers
l’Ouest. La Genèse évoque des événements ou des animaux (comme le
dromadaire) très postérieurs à cette histoire supposée.
L’épisode de l’entrée et de la sortie d’Egypte avec Moïse ou le
ministre Joseph est également légendaire. Les textes égyptiens n’en
parlent pas. Le Sinaï à l’époque était truffé de garnisons égyptiennes
et on voit mal comment tout un peuple aurait pu passer. Les archéologues
n’ont trouvé aucune trace des faits mentionnés dans l’Exode. Par
contre, lors des périodes de sécheresse, la population de Canaan migrait
souvent vers le delta du Nil, d’où sans doute l’origine de cet épisode
égyptien.
La conquête sanglante de Canaan décrite dans le livre de Josué (et
utilisée aujourd’hui pour légitimer la colonisation de la Cisjordanie)
est également infirmée par l’archéologie. Les trompettes n’ont pas sonné
à Jéricho. Il y a des divergences sue l’origine des Hébreux. Pour
Finkelstein, c’était un peuple de pasteurs vivant au-delà du Jourdain et
échangeant ses produits avec les cités côtières de Canaan. Pour
d’autres, Hébreux et Cananéens formeraient un seul et même peuple. Ce
que dit la Bible et qui est confirmé, c’est que de nombreux peuples et
de nombreuses religions ont cohabité à des périodes différentes dans la
région (Hébreux, Cananéens, Moabites, Iduméens, Philistins …). La
première trace historique des Hébreux figure sur la stèle du pharaon
Mérenptah (vers 1210 av JC).
Il y a débat sur l’origine de la religion juive qui est monothéiste.
Certains y voient une influence égyptienne (le culte d’Aton). Pour
Shlomo Sand, il y a une influence perse.
L’existence du « Royaume unifié » de David et Salomon (la Bible parle
longuement du grand temple de Jérusalem, de la reine de Saba …) est très
hypothétique. Les nombreuses fouilles faites à Jérusalem dévoilent des
restes antérieurs ou postérieurs mais il semble bien qu’à l’époque
présumée de Salomon, Jérusalem n’était qu’un petit village. Les deux
royaumes (Israël au nord détruit par les Assyriens en 722 av JC et Judée
au sud détruit par les Babyloniens en 586 av JC avec déportation des
élites à Babylone) ont probablement toujours été deux royaumes distincts
(bien que tous deux monothéistes) avec un environnement et une économie
très différents.
Il y a des divergences pour savoir quand la Bible hébraïque a été
écrite. Pour Finkelstein, c’est essentiellement dans le royaume de
Judée, sous le règne du roi Josias (fin du VIIe siècle av JC). Pour
d’autres, c’est postérieur et l’essentiel a été écrit pendant l’exil à
Babylone. En tout cas, si la Bible a une importance considérable, ce
n’est pas un livre d’histoire. Pendant des années, les livres (manuels
scolaires, dictionnaire « Mourre ») ont pris pour argent comptant des
mythes sur l’histoire antique.
Exil et retour ? D’où viennent Juifs et Palestiniens ?
Les Juifs ne sont pas tous revenus à Jérusalem quand l’empereur Perse
Cyrus permet ce retour vers 530 av JC. Les Juifs Irakiens, Iraniens ou
ceux de Samarkand sont les descendants de ceux qui sont restés. La
religion juive a commencé très tôt à se disperser. Bien avant la
conquête romaine, il y avait des Juifs à Alexandrie et probablement déjà
en Tunisie et en Espagne (lire « Guia judia de Espana »).
Il y a eu un royaume juif dans l’Antiquité, celui des Maccabées aux IIe
et Ie siècles av JC, issu d’une résistance à l’hellénisation du
Proche-Orient. Il y a eu aussi des rois collaborateurs avec l’occupant
comme Hérode qui a réprimé férocement tous les opposants à la domination
romaine et qui a bâti sa richesse sur le fait que Jérusalem était un
lieu de pèlerinage pour des Juifs déjà dispersés.
La révolte des Juifs contre Rome a eu essentiellement un caractère
religieux. La plupart du temps, la religion romaine et la religion
locale se superposaient et le peuple conquis devait reconnaître la
domination romaine. Pour la religion juive, cette symbiose ne s’est pas
faite. La révolte s’est accompagnée d’une véritable guerre civile entre
différentes factions juives (Juifs romanisés, Pharisiens, Sadducéens et
Zélotes insurgés (lire Flavius Josèphe et Pierre Vidal-Naquet). Toute
une historiographie affirme qu’après la prise de Jérusalem et la
destruction du temple par les troupes de Titus en 70 ap JC, des
centaines de milliers (des millions disent certains) de Juifs seraient
partis en exil. Il n’y a pas la moindre trace de ce départ massif qui
n’a probablement pas eu lieu. La révolte s’est poursuivie encore 3 ans
jusqu’au suicide collectif des insurgés assiégés dans Massada au-dessus
de la Mer Morte. Cet épisode a donné naissance à ce qu’on appelle
aujourd’hui en Israël le complexe de Massada, c’est-à-dire l’idée que le
suicide est préférable au compromis.
L’hypothèse de l’exil massif des Juifs est démenti par de nombreux
faits. Il y avait encore de nombreux Juifs dans la région au moment de
la révolte de Bar Kokhba (135 ap JC) qui a mobilisé de nombreuses
légions romaines. Sous le règne d’Hadrien, Jérusalem est interdite aux
Juifs. Mais ça ne signifie pas leur départ. Il y a encore une importante
présence juive dans la région, notamment en Galilée, quand ceux-ci
s’allient aux Perses Sassanides contre les Byzantins au début du VIIe
siècle ap JC.
Pendant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne, plusieurs
religions prosélytes ont été en concurrence : christianisme, judaïsme,
culte d’Isis, culte de Mithra … On trouve des synagogues de cette époque
près du mur d’Hadrien, dans la vallée du Rhin, à Rome, en Afrique du
Nord, sur le Golan, à Doura Europos sur l’Euphrate (c’est le plus beau
monument visible au musée de Damas) … Les Juifs ont probablement
constitué une importante minorité religieuse dans l’empire, mais ces
Juifs étaient essentiellement des citoyens romains convertis. C’est au
IVe siècle, avec l’empereur Constantin qui fait du christianisme la
religion officielle de l’empire que le judaïsme cesse d’être prosélyte.
La plupart des Juifs se convertissent à la nouvelle religion dominante,
les autres constituent une minorité dispersée.
Après la chute de l’empire romain, il y aura plusieurs conversions
massives au judaïsme : en Afrique du Nord (et ces Berbères judaïsés sont
les ancêtres des Juifs maghrébins), dans l’empire Khazar entre
Caspienne et Mer Noire (et les Slaves de cet empire turc sont en partie
les ancêtres des Ashkénazes), ou au Yémen (où les Himyarites sont les
ancêtres des Juifs yéménites et ceux qui ont converti les Falashas). Les
Juifs d’aujourd’hui sont en grande partie des descendants de convertis.
Il est probable que les descendants des Judéens de l’Antiquité soient
essentiellement … les Palestiniens. Même si d’autres populations ont
émigré ultérieurement en Palestine, il n’y a pas de trace de mouvement
massif de population. Un indice de la permanence de la population au
cours des siècles : les Samaritains qui vivent près de Naplouse et se
considèrent comme Palestiniens sont les descendants d’une dissidence du
judaïsme qui remonte au VIIIe siècle av JC.
Ces Judéens sont devenus majoritairement chrétiens après la défaite de
Bar Kochba, puis majoritairement musulmans après la conquête arabe du
VIIe siècle ap JC.
Comme l’a écrit Shlomo Sand dans « Comment le peuple juif fut inventé »,
il n’y a pas eu exil des Juifs et donc il n’y a pas eu « retour » au
XXe siècle.
De l’anjudaïsme chrétien à l’antisémitisme racial
C’est le christianisme triomphant qui a instauré contre les Juifs toute
une série de stéréotypes et de discriminations. Les Juifs ont été
accusés de crimes rituels, d’être un peuple déicide, de vouloir dominer
le monde. De nombreux métiers et surtout la possession de la terre leur
ont été interdits.
Ils ont occupé des métiers interdits aux
Chrétiens (banquiers, usuriers) qui ont fait d’eux des intermédiaires
entre les seigneurs et la population et les ont rendus très
impopulaires. Ils ont été enfermés dans des quartiers (juderias en
Espagne, ghettos – du nom d’un quartier de Venise — en Europe). Parfois
protégés par les souverains ou les papes, les périodes de prospérité ont
alterné avec de très nombreuses expulsions et surtout des massacres.
Les moments les plus emblématiques de cet antijudaïsme chrétien sont les
tueries commises par les Croisés en route pour l’Orient, le massacre
d’Ecija (1391 en Andalousie) prélude à un siècle d’agonie du judaïsme
espagnol qui se terminera par l’expulsion de 1492, et les pogroms du
cosaque Khmelnytsky en Ukraine au XVIIe siècle.
En pays musulman, les Juifs ont eu, comme les autres « religions du
livre » le statut de « dhimmi ». Ils n’avaient pas les mêmes droits que
les Musulmans. Ils devaient payer l’impôt et étaient soumis au
souverain. Mais ils s’auto administraient et, avant le XXe siècle, il
n’y a aucun massacre spécifique de Juifs et en tout cas rien de
comparable à ce qu’ont subi les Juifs européens.
En 1492, quand les Juifs espagnols sont expulsés, la plupart trouveront
refuge en pays musulman, Maghreb et empire Ottoman. Ces derniers iront à
Salonique, Smyrne, Sarajevo … mais pas à Jérusalem alors que c’est
possible. Dans la religion juive, un tel retour était interdit avant
l’arrivée du Messie.
Il a toujours existé en Palestine une petite minorité juive,
proportionnellement plutôt moins importante qu’en Égypte ou en Irak.
L’émancipation des Juifs commence en Allemagne et en France à la fin du
XVIIIe siècle. En Allemagne, les Juifs qui se convertissent accèdent à
des postes de responsabilité. En France, la Révolution avec l’Abbé
Grégoire leur donne la citoyenneté. Le décret Crémieux donnera la
citoyenneté aux Juifs algériens (et la refusera aux Musulmans). Cette
émancipation va transformer l’antijudaïsme chrétien en antisémitisme
racial. Désormais invisibles, les Juifs concentrent une haine liée à
l’aspiration à construire des nouveaux États ethniquement purs. En
Allemagne et dans l’empire Austro-Hongrois, les Juifs constituent une
minorité intellectuelle privée de toute possibilité de progresser dans
l’échelle sociale. Hannah Arendt a parlé de « parias ». Dans la deuxième
moitié du XIXe siècle apparaissent les théoriciens de l’antisémitisme
racial (Gobineau, Marr …) qui inventent le concept de race juive.
Un seul pays concentre plus de 60% de la population juive mondiale,
c’est l’empire russe depuis les conquêtes du règne de Catherine II. Le
recensement de 1881 comptabilise 6 millions de Juifs sur 135 millions
d’habitants (lire Henri Minczeles). Dans la « zone de résidence » hors
de laquelle sauf exception, les Juifs ne peuvent pas résider, les Juifs
forment 10% de la population et souvent la moitié de celle des grandes
villes. Dans ce Yiddishland qui va de la Baltique à la Mer Noire,
l’antisémitisme d’État organise des pogroms (le plus célèbre étant celui
de Kichinev en 1903). Les Juifs de ces régions sont très pauvres
(colporteurs, artisans, ouvriers). Dès 1880 commence une émigration
massive vers l’Ouest (surtout les États-Unis), une perte de religion et
un engagement massif dans tous les mouvements ou partis
révolutionnaires.
Le sionisme
C’est par réaction à l’antisémitisme que les premiers sionistes et leur
dirigeant, Theodor Herzl vont vouloir créer un État juif. Ils
s’inspirent aussi directement de l’explosion nationaliste de la fin du
XIXe siècle. Après avoir songé à créer cet État en Ouganda ou en
Argentine, ils décident en 1905 de le faire en Palestine. En fait, les
sionistes ont d’entrée considéré que l’antisémitisme était inéluctable,
qu’il était inutile de le combattre et qu’il fallait partir.
Pendant des décennies, les sionistes seront très minoritaires parmi les
Juifs. Pour les haredims (Juifs orthodoxes), l’idée d’aller à Jérusalem
n’a aucun sens et les sionistes dont les dirigeants sont pour la plupart
non-croyants leur semblent dangereux. Démarchés par Herzl, la plupart
des grands rabbins condamneront le sionisme (lire Yakov Rabkin et Shlomo
Sand).
Pour les nombreux Juifs engagés dans le mouvement ouvrier, la lutte
contre l’antisémitisme est inséparable de la lutte pour la révolution.
Il y aura même un parti révolutionnaire juif, le Bund, farouchement
antisioniste, prônant l’autonomie culturelle des Juifs sur place (avec
la langue Yiddish) dans le cadre de la révolution.
Le sionisme affirme que Juifs et Non-juifs ne peuvent pas vivre
ensemble, ni dans le pays d’origine, ni dans l’État à construire. Il
proclame la centralité d’Israël. Le sionisme repose sur l’idée qu’après
2000 ans d’exil, le peuple juif retourne chez lui. La diaspora est
considérée comme une parenthèse douloureuse. Les langues juives de la
diaspora (Ladino, Yiddish) sont remplacées par l’hébreu religieux
modernisé. C’est Israël Zangwill qui parlera le premier d’une « terre
sans peuple pour un peuple sans terre » et très tôt cette formule sera
appliquée à la Palestine.
Le sionisme n’a pas d’origine religieuse. Ses dirigeants sont souvent
non-croyants, mais ils considèrent la Bible comme un livre d’histoire.
À l’époque, il y a un consensus antisémite en Europe où les Juifs sont
considérés par la plupart des dirigeants comme des agitateurs
incontrôlables et des parias. Du coup, l’idée sioniste qui propose de
faire partir les Juifs plaira. Theodor Herzl et ses successeurs
multiplieront souvent avec succès les actes de lobbying auprès des
dirigeants européens ou ottomans.
D’après Shlomo Sand, le sionisme juif a été précédé par un sionisme
chrétien, principalement protestant et anglo-saxon. Pour ces Chrétiens
sionistes (des évangélistes millénaristes), les Juifs doivent revenir en
Terre Sainte, expulser Armageddon (le mal, c’est-à-dire les Arabes)
puis se convertir.
Les sionistes auront très tôt conscience qu’ils auront besoin de moyens
pour conquérir la Palestine. La Banque coloniale juive est créée en
1899. Le KKL(Fonds National Juif) est créé en 1901. il a pour but
d’acquérir des terres et de les confier aux nouveaux immigrants.
L’acquisition de cette terre sera collective (kibboutz, moshav).
Le mandat britannique
La Palestine avait été tour à tour romaine, byzantine, conquise par les
Arabes puis province ottomane. Les Ottomans ou les Égyptiens ont fait
venir des populations diverses (Arméniens, Tcherkesses, Soudanais …) qui
sont devenues palestiniennes mais en nombre très faible. La Palestine
était une province autosuffisante sur le plan alimentaire avec un
développement plutôt plus avancé que les pays voisins.
Pendant la guerre de 1914-18, le gouvernement anglais fait de nombreuses
promesses aux dirigeants arabes pour les pousser à se révolter contre
les Ottomans. Mais en même temps, en 1917, c’est la déclaration Balfour
(envoyée par lettre à Lord Rothschild) par laquelle la Grande-Bretagne
promet que la Palestine, qu’elle est en train de conquérir, deviendra un
foyer national juif. D’après Shlomo Sand, Balfour était chrétien
sioniste et avait tenu des propos publics antisémites. Son but était
d’utiliser le projet sioniste pour contrôler la région et la route des
Indes.
Dès la fin de la guerre, les Alliés vainqueurs se partagent le Proche-Orient.
La Palestine passe sous mandat britannique. Les promesses
d’indépendance ne sont pas tenues. À cette époque, l’immigration
sioniste a commencé mais, même avec les Juifs palestiniens qui étaient
là depuis longtemps, les Juifs ne forment qu’à peine 10% de la
population vers 1920.
Les Juifs créent en Palestine avec l’accord des Britanniques l’embryon
d’un État : le syndicat Histadrout est créé en 1920 avec dans l’article 1
de ses statuts la « défense du travail juif ». La Haganah, la future
armée, est créée la même année. L’Agence Juive qui s’occupe des
immigrants est créée en 1922.
L’acquisition des terres va provoquer des réactions palestiniennes. Ces
terres sont souvent achetées à des grands propriétaires absents, ce qui
provoque l’expulsion des métayers. Une société à part, réservée aux
Juifs, se crée petit à petit. Les manifestations et lettres de
protestation se multiplient. Les Britanniques répriment. Dès 1920, les
émeutes contre l’immigration juive se succèdent (à Hébron, à Safed) et
de nombreux partis politiques palestiniens (regroupant Musulmans et
Chrétiens) se créent.
Le mouvement sioniste scissionne. L’aile majoritaire est socialisante
avec David Ben Gourion. Les minoritaires s’intitulent « révisionnistes »
avec pour dirigeant Vladimir Jabotinsky. Des groupes terroristes juifs
apparaissent : l’Irgoun en 1931 et plus tard le Lehi (groupe Stern) en
1940. ils multiplient les attaques contre la population palestinienne.
Maryse Gargour dans son film « La terre parle arabe » montre, documents à
l’appui, que l’idée du « transfert » de la population arabe au-delà du
Jourdain était déjà à l’époque hégémonique parmi les dirigeants
sionistes.
Les Juifs européens se sont très fortement engagés contre la montée du
fascisme, notamment en Espagne dans les Brigades Internationales. En
1933, quand Hitler prend le pouvoir, les Juifs américains décrètent le
boycott de l’Allemagne Nazi mais les autorités du Yichouv (les Juifs de
la Palestine mandataire) signent avec celle-ci les accords de Haavara
qui permettent aux Juifs allemands de partir en Palestine.
En 1936, éclate la grande révolte palestinienne qui va durer trois ans.
L’armée britannique et la Haganah la réprime très durement. Il y aura
des milliers de morts avec des villages rasés par l’aviation. La plupart
des dirigeants palestiniens sont contraints à l’exil. En même temps,
les Britanniques commencent à proposer un partage de la Palestine et
limitent l’immigration juive, ce qui provoque le déclenchement de la
lutte armée contre eux de la part de l’Irgoun.
En 1939, moins de 4% des Juifs du monde entier vivent en Palestine et il
y en aurait eu moins si les frontières des pays occidentaux ne
s’étaient pas fermées.
Pierre Stambul
Coprésident de l’Union Juive Française pour la Paix
Et auteur de « Israël/Palestine, du refus d’être complice à l’engagement »
(à suivre...)
Auteurs cités :
I. Finkelstein et N.A. Silberman : La Bible dévoilée (2001)
S. Sand : Comment le peuple juif fut inventé (2008)
: Comment la Terre d’Israël fut inventée (2012)
Guia guida de Espana : guide touristique (en espagnol, Juan Atienza)
F. Josèphe : La guerre des Juifs contre les Romains (79 ap JC)
P. Vidal-Naquet : La guerre des Juifs (1977)
H Arendt : la tradition cachée (1932-1948)
H. Minczeles : Histoire générale du Bund (1995)
T Herzl : L’État des Juifs (1896)
Y Rabkin : Au nom de la Torah, une histoire de l’opposition juive au sionisme
M. Gargour : La Terre parle arabe (film, 2007)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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