Les inspecteurs internationaux chargés de lancer l’opération de
démantèlement des armes chimiques syriennes sont arrivés mardi à Damas
pour entamer une opération historique, consistant à se débarrasser en
plein conflit d’un stock interdit estimé à un millier de tonnes.
Les 19 inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes
chimiques (OIAC), chargés de faire appliquer une résolution de l’ONU
encadrant la destruction de l’arsenal chimique syrien, sont arrivés à
Damas dans un convoi d’une vingtaine de véhicules tout-terrain blancs en
provenance du Liban.
Ils sont accompagnés de 14 employés de l’ONU.
Leur mission, aboutissement d’un bras de fer inédit depuis la guerre
froide entre les Etats-Unis et la Russie, est l’une des opérations de
désarmement les plus ambitieuses et les plus dangereuses jamais tentées.
La destruction d’un arsenal chimique a déjà été entrepris en Irak et en
Libye mais jamais en pleine guerre. Or la Syrie s’enfonce chaque jour un
peu plus dans un conflit complexe qui a fait plus de 115.000 morts, en
majorité des combattants, en deux ans et demi.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie
sur un large réseau de militants et de médecins à travers la Syrie, les
violences ont fait notamment 47.206 morts parmi les combattants loyaux
au régime du président Bashar al-Assad et 23.707 du côté des rebelles.
Parmi les fidèles du président Assad tués figurent entre autres 174 membres du Hezbollah, qui combat au côté du régime.
Mardi, au moins 20 combattants rebelles dont des jihadistes du Front
al-Nosra ont été tués dans un bombardement des forces du régime visant à
ouvrir un axe de ravitaillement militaire entre le centre et Alep
(nord), selon l’OSDH.
La Coalition nationale syrienne, principal groupe de l’opposition, a
affirmé de son côté que le régime menait une campagne méthodique
consistant à affamer et déplacer les habitants d’un bastion rebelle de
la banlieue de Damas que l’armée tente de reprendre.
Selon des experts en désarmement, la Syrie possède plus de 1.000 tonnes
d’armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz moutarde et du sarin, répartis
sur environ 45 sites.
Le président Assad a affirmé à une chaîne italienne qu’il se
conformerait à la résolution de l’ONU, adoptée vendredi et qui constitue
une percée diplomatique majeure depuis le début du conflit en mars
2011.
Les inspecteurs de l’OIAC arrivent au lendemain du départ des experts de
l’ONU qui ont enquêté sur sept cas où le régime ou l’opposition ont
dénoncé des attaques chimiques, près de Damas et dans le nord de la
Syrie. Ils doivent remettre leur rapport fin octobre.
’On ne peut parler avec des groupes liés à Al-Qaïda’
Ces experts ont déjà établi que du gaz sarin avait été utilisé à une
grande échelle lors d’une attaque près de Damas le 21 août qui a
provoqué l’indignation à travers le monde et poussé plusieurs pays,
Etats-Unis en tête, à envisager une action militaire punitive.
Dans le cadre d’un accord russo-américain permettant d’éviter ces
frappes et qui impose le désarmement chimique du pays d’ici mi-2014, les
autorités syriennes ont fourni le 19 septembre une liste des sites de
production et de stockage des armes chimiques, qui doivent être
inspectés dans les 30 jours.
"Pour le moment, nous n’avons aucune raison de douter des informations
fournies par le régime syrien", a déclaré un responsable de l’OIAC.
Interrogé par la chaîne italienne Rai News 24 sur la résolution de
l’ONU, Assad a assuré : "Bien sûr, nous allons la respecter".
Cette résolution appelle aussi à la tenue "le plus tôt possible" d’une
conférence internationale à Genève pour amorcer une solution politique,
mais son format reste encore à définir.
La liste des participants syriens pose question. Le chef de l’opposition
Ahmad Jarba a dit samedi que la Coalition nationale syrienne était
disposée à envoyer une délégation.
Mais pour Assad, "on ne peut pas parler avec des organisations liées à
Al-Qaïda (ni) négocier avec des gens qui demandent une intervention
militaire en Syrie", en allusion à la Coalition.
Selon la Russie, le régime syrien pourrait en revanche entamer des négociations avec les éléments modérés de l’opposition armée.
Rebelles et opposition réclament en outre le départ du président syrien en condition à la tenue de la conférence.
"Le peuple tout entier demande que BaShar al-Assad soit président, quoi
qu’en disent l’opposition, les Américains et les traîtres", a rétorqué
mardi devant des journalistes le ministre syrien de l’Information,
Omrane al-Zohbi.
Pour le ministre, c’est à Assad de décider s’il souhaite se
représenter à l’expiration de son mandat en 2014.
Par ailleurs, alors que deux millions de Syriens ont été contraints à
l’exil, 17 pays ont accepté d’ouvrir leurs frontières à des réfugiés de
ce pays, a annoncé à Genève Antonio Guterres, Haut-commissaire aux
réfugiés des Nations unies. Selon lui, ces pays pourraient accueillir
plus de 10.000 réfugiés en quête d’un nouvel avenir.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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