Les militants pro-démocratie ont dénoncé mardi le "manque de professionnalisme" des observateurs de la Ligue arabe dépêchés en Syrie pour tenter de faire cesser les violences, le secrétaire général de la Ligue admettant que les tirs sur les manifestants anti-régime se poursuivaient.
Sur le terrain, cinq civils ont encore été tués mardi par les tirs des forces de sécurité dans la ville de Hama (centre) et à Homs, plus au sud, haut lieu de la contestation contre le régime de Bashar, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) alors que la télévision d’Etat faisait état de la présence d’observateurs dans les régions de Homs, Deraa (sud) et Idleb (nord-ouest).
Dans la région de Deraa, 18 membres des forces de sécurité ont été tués mardi à l’aube dans des affrontements avec des déserteurs, a d’autre part indiqué l’OSDH.
Face à une répression qui ne faiblit pas, les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent les manifestations sur le terrain, ont appelé le chef de la Ligue arabe et les observateurs à avoir une attitude "objective, impartiale et honnête ainsi qu’un sens des responsabilités (...) et à annoncer leur impuissance à mener seuls cette mission et demander l’aide des organisations internationales concernées".
"Nous voulons dire à Nabil al-Arabi que le manque de professionnalisme des observateurs et le non respect des horaires de leur arrivée dans des lieux précis ont fait que de nombreuses personnes ont été tuées", ont-ils indiqué.
"Le travail des observateurs, qui devaient en principe surveiller l’application du plan arabe visant à faire cesser les assassinats est entravé quotidiennement par le régime", ont dénoncé les LCC.
"Les officiers et les soldats de l’armée portent des costumes de policiers, conduisent des véhicules militaires repeints et changent le nom des lieux, mais cela ne signifie pas que l’armée s’est retirée des villes et des rues ni que le régime applique les clauses du protocole" arabe, soulignent les LCC.
Selon eux, 390 personnes ont été tuées depuis que les observateurs ont entamé leur mission le 26 décembre.
Nabil al-Arabi avait demandé lundi "l’arrêt total des tirs" en Syrie où la répression a fait plus de 5.000 morts depuis mars, selon l’ONU.
"Les chars se sont retirés des villes et de leurs environs. Mais selon certaines informations des tireurs embusqués continuent à opérer depuis les toits de bâtiments et il y a des violences continuelles", a affirmé Nabil al-Arabi.
Mardi le président français Nicolas Sarkozy a répété que Bashar devait "quitter le pouvoir" et "laisser son peuple décider librement de son destin", estimant que ses "massacres" suscitaient "à juste tire l’écoeurement et la révolte".
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé que "les conditions dans lesquelles se déroulent aujourd’hui cette mission d’observateurs méritent d’être clarifiées".
L’Algérie a elle jugé que la mission permettra d’évaluer "d’une manière plus crédible" la situation en Syrie.
Le comité ministériel arabe sur la Syrie doit se réunir samedi au Caire pour examiner "un rapport préliminaire du chef de la mission d’observateurs (...) sur les éléments les plus importants recueillis sur le terrain", a annoncé le N.2 de la Ligue Ahmed ben Helli.
Par ailleurs, l’agence officielle Sana a annoncé qu’"un groupe terroriste a visé un gazoduc près de Rastan", dans la province de Homs, explosion attribuée par la page Facebook "Syrian Revolution 2011" aux "gangs d’Assad pour accuser les habitants au moment où les observateurs étaient attendus dans la région".
Entre-temps, 25 prisonniers d’opinion ont entamé une grève de la faim pour réclamer une visite des observateurs dans la prison d’Adra près de Damas, a indiqué l’OSDH.
Dans la province de Banias (nord-ouest), des étudiants ont défilé malgré une présence massive des forces de sécurité alors que les militants ont hissé le drapeau syrien de l’indépendance sur la citadelle Al-Marqab.
L’OSDH a en outre appelé Nabil al-Arabi à réclamer la libération de Faten Rajab Fawaz, professeur de physique interpellée le 26 décembre à Douma, près de Damas, où elle anime la contestation et dont on n’est depuis sans nouvelles.
Et le Centre syrien pour la presse et la liberté d’expression a demandé mardi aux autorités une enquête sur le décès lundi du journaliste Chukri Abu Burghol, 54 ans, blessé vendredi par une balle à son domicile à Daraya, près de la capitale.
De son côté, le parti Baas au pouvoir a annoncé la tenue de son 11è congrès régional en février. Des législatives prévues à cette date ont été reportées sine die.
Par ailleurs, le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, annonce qu’une flotte russe menée par un porte-avions accostera prochainement à Tartus (centre-ouest).
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