jeudi 12 janvier 2012

Les conséquences économiques du blocus israélien sur la bande de Gaza ( Par Ziad Medoukh )

Les Palestiniens célèbrent ces jours-ci le troisième anniversaire de l’agression israélienne contre la population civile de la bande de Gaza, une population qui subit un blocus inhumain imposé de façon illégale par les forces de l’occupation.

Nous allons essayer dans cet article, de parler des conséquences économiques de ce blocus sur la vie des habitants de cette région, la plus peuplée du monde, une région oubliée voire déserte, une région en souffrance permanente.

Les chiffres et statistiques de cet article sont datés du deuxième trimestre 2011 .Ils proviennent d’organisations internationales telles que le bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens-UNRWA-, le Programme des Nations-Unies pour le Développement, la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale du Travail et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Gaza.
On peut dire que l’économie de la bande de Gaza souffre d’une crise très grave à cause du blocus israélien et des fermetures de tous les passages commerciaux qui la relient à l’extérieur. Cette situation empêche tout développement d’une économie en faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d’une crise qui touche tous les autres secteurs.

On peut d’abord qualifier le blocus israélien sur Gaza de punition collective contre plus de 1.6 millions d’habitants qui vivent dans le chômage, la pauvreté et la précarité, et se battent quotidiennement pour survivre et rester dignes sur leur terre.

La fermeture totale des passages commerciaux qui relient la bande de Gaza au monde extérieur depuis 2007, et son ouverture de temps en temps de manière arbitraire et partielle, ont rendu l’économie gazaouite chaotique, sans aucun espoir de redressement, tous les secteurs économiques sont paralysés en raison de l’arrêt complet de tous les projets en cours.

Cette fermeture a empêché la libre circulation des importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et les produits semi-finis.

Les conséquences économiques de ce blocus illégal se manifestent par :

Un recul des indicateurs de l’économie palestinienne, car l’économie de la bande de Gaza contribue pour 44% au PIB palestinien. Cette situation a rendu l’économie palestinienne dépendante de l’économie israélienne et de l’aide internationale.

Les pertes financières directes ou indirectes dues à ce blocus inhumain et qui, en quatre ans, dépassent 1 milliard d’euros.

Le secteur privé a été le secteur le plus touché, ce secteur qui employait environ 100.000 personnes avant 2007, et qui représentait 54% du marché de travail dans la bande de Gaza, est actuellement paralysé. A cause de la fermeture des usines et des ateliers, avec l’interdiction d’entrée de matières premières pour tous les projets et l’interdiction d’exporter , sans oublier la destruction de 85% des entreprises privées lors de la guerre de 2008-2099 , plus de 700 installations industrielles fermées sans réouverture, et la seule zone industrielle qui se trouvait au nord de la bande de Gaza fermée elle aussi définitivement après la guerre, à cause de tout cela, le secteur privé n’emploie plus que 20.000 personnes

Le secteur de l’agriculture qui employait 40.000 travailleurs a été aussi touché. Actuellement, il y a seulement 9500 personnes qui travaillent- avec une baisse permanente de revenu- Ce secteur souffre de l’interdiction israélienne permanente de faire exporter les produits agricoles de Gaza connus pour leur qualité, vers les marchés externes. Sans oublier la diminution des terrains cultivables, des espaces ayant été détruits soit pendant la guerre, soit par les différentes incursions israéliennes sur les différentes régions de la bande de Gaza. La surface cultivée a diminué de 13% depuis 2007.Les pertes agricoles quotidiennes à cause de la non exportation des produits agricoles vers l’étranger est de 150.000 euros par jour. Conséquence grave : beaucoup de personnes sont en train d’abandonner leur terre agricole à cause de ces pertes, cette terre est remplacée par des constructions et des bâtiments. Une autre raison, la décision israélienne de porter la zone tampon, au nord de la bande de Gaza,à 300 mètres, a conduit à la détérioration dans le secteur agricole. De plus, la mort de beaucoup d’animaux a rendu l’élevage très difficile, et les prix ne cessent d’augmenter...

Avant 2007, la zone cultivée dans la Bande de Gaza s’élevait à 170 000 000 mètres carrés. Actuellement, il est estimé que 20 % de la zone cultivée, dont des vergers et des serres, ont été gravement affectés. Selon le rapport de la Chambre du commerce de Gaza, le coût de l’impact sur les moyens de subsistance des agriculteurs, combiné à celui des mesures de nettoyage nécessaires, s’élève à environ 10 millions d’euros.

L’industrie : 90% des usines existantes sont fermées sans réouverture à cause du manque de matières premières, d’exportation, d’importation et du coût élevé des produits qui arrivent via les tunnels. La bande de Gaza est connue pour ses industries de qualité, notamment les vêtements, le tissu et le bois, les pertes dans ce secteur depuis juillet 2007 sont de 15 millions d’euros par mois.

Le secteur de la pêche souffre énormément du blocus israélien, les pécheurs Gazaouis sont interdits de dépasser 400 mètres dans l’eau de Gaza, ces restrictions et ces limites ont influencé ce secteur et plus de 2000 pêcheurs, soit, ont changé d’activités, soit, travaillent avec un revenu minimum.

Le chômage a augmenté, le taux de chômage a dépassé les 65% au deuxième trimestre de 2011, mais le phénomène le plus dangereux est la hausse du chômage chez les jeunes de moins de 30 ans, qui atteint 75%

La pauvreté, 42% de la population de Gaza vit en dessous de seuil de pauvreté depuis mai 2007.

Le développement du marché noir et le commerce qui vient des tunnels, entre 2008 et 2011 ; 45% des besoins commerciaux de la bande de Gaza en toutes matières proviennent des tunnels.

L’augmentation de nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires, selon les sources du bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens –UNRWA- dans la bande de Gaza, plus de 450.000 personnes ont bénéficié du programme de l’aide alimentaire géré par le bureau, ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés.

Le seul changement en 2011 ? Le nombre de camions autorisés à entrer Gaza est passé à 150 camions par jour alors qu’il était de 30 pendant le blocus, mais pour l’entrée et la sortie des produits de Gaza et vers Gaza, rien a changé.

Ces conséquences économiques sur la population, montrent une fois de plus que le véritable objectif de ce blocus imposé par l’armée israélienne, et cela devant le silence complice de la communauté internationale officielle, est de casser la volonté remarquable de cette population civile en pleine résistance.

Ziad Medoukh,
11 janvier 2012

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