Le Premier ministre libyen Abdallah al Thinni a annoncé sa
démission dans une émission télévisée diffusée mardi soir, après
s'être agacé de questions de téléspectateurs critiquant
l'inefficacité de son gouvernement. Mais il a été ensuite démenti
par son propre porte-parole, qui a expliqué qu'Abdallah al Thinni
démissionnerait si le peuple le demandait.
"Je démissionne officiellement et soumettrai ma démission dimanche
à la Chambre des représentants", a déclaré le chef du gouvernement
libyen reconnu par la communauté internationale et installé dans
l'est du pays.
Abdallah al Thinni s'exprimait sur "Libya Channel", une chaîne de
télévision privée.
Le gouvernement Thinni est exilé à Baïda depuis la prise de
contrôle de Tripoli l'été dernier par des milices qui ont mis en
place une administration rivale non reconnue internationalement.
Ses ministres, installés dans les hôtels de la ville, n'ont guère
réussi à changer la vie quotidienne pour les habitants, qui se
plaignent des pénuries de carburant ou de médicaments dans les
hôpitaux et de l'insécurité croissante.
Pendant son interview, Abdallah al Thinni, confronté à une série
de questions de téléspectateurs critiquant son action, a répondu:
"Les gens n'ont pas besoin de protester contre moi car je
démissionne officiellement de mon poste."
"Ils n'ont qu'à prendre un nouveau Premier ministre magicien pour
résoudre tous leurs problèmes", a-t-il ajouté.
Mais son porte-parole, Hatem al-Arabi, a souligné que le Premier
ministre n'avait pas officiellement démissionné. "Il a dit dans
l'émission qu'il démissionnerait si la rue le réclamait. Une
démission doit être remise par écrit à la Chambre des
représentants qui peut l'accepter ou la rejeter", a-t-il dit.
Abdallah al Thinni a déjà annoncé sa démission, un mois après son
accession à la tête du gouvernement en mars 2014. Il s'était alors
plaint d'attaques contre sa famille, mais il avait ensuite changé
d'avis et conservé son poste.
La Libye, l'est du pays en particulier, est plongée dans une
situation chaotique en raison des combats entre les forces fidèles
au gouvernement Thinni et les milices islamistes qui ont
considérablement réduit les importations de céréales et de
carburant et qui perturbent la fourniture d'électricité.
A cela s'ajoute une crise des finances publiques avec la perte
d'une grande partie des recettes pétrolières. Membre de l'Opep, la
Libye ne produit plus qu'un quart de ce qu'elle produisait comme
pétrole avant la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Dans ce contexte, les décisions du gouvernement d'Abdallah al
Thinni paraissent totalement déconnectées de la réalité aux yeux
de nombreux Libyens.
Lundi, le cabinet libyen a ainsi annoncé que l'aéroport
international de Tripoli serait rebaptisé du nom du défunt roi
Idris, renversé par Kadhafi en 1969. L'aéroport est fermé en
raison des combats de l'an dernier et n'est pas sous le contrôle
des forces loyalistes.
"Ce gouvernement est un échec", a déclaré l'avocat de Benghazi
Amal Bayou sur son compte Facebook en réaction à l'annonce de la
démission de Thinni, qualifiant le Premier ministre d'incompétent.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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