Pour le cinquième jour consécutif, le mouvement populaire libanais se
poursuit sur la base des problèmes socio-économiques, et son nouveau
slogan, « Nous voulons la justice, nous voulons le changement », est
devenu plus ciblé, surtout à la suite de la répression sauvage subie, le
dimanche soir, par les manifestants qui s’étaient regroupés, par
dizaines de milliers, Place Riad Solh, près du parlement et du Conseil
des ministres.
La répression, injustifiée et injustifiable puisqu’elle porte atteinte
aux droits d’expression les plus élémentaires, eut lieu en marge d’une
campagne politique et médiatique tenue par les représentants de la
classe politique libanaise dans son intégralité, tant le groupe dit du «
8 mars » (proche des régimes irano-syriens) que celui dit du « 14 mars »
(proche des Etats-Unis et de la réaction arabe, dont l’Arabie saoudite,
en particulier). Cette campagne visait à faire peur aux manifestants en
soulignant, tantôt, le danger du slogan visant à mettre fin au régime
politique basé sur des quotas confessionnels, tantôt, le danger
représenté par « une cinquième colonne » qui se serait glissée dans les
rangs des manifestants. Et, comme ces derniers n’avaient pas pris en
considération les prétendus dangers, et afin de récupérer celles et ceux
qui sont sortis des rangs confessionnels, la répression fut terrible :
des centaines de bombes lacrymogènes, des pierres, des matraques, des
balles en caoutchouc et, même, des balles… Ainsi, le centre-ville s’est
transformé en lieu de poursuites de la part des forces militaires contre
des manifestants pacifiques qui ont refusé de quitter la Place Riad
Solh. Le résultat : des centaines de blessés, dont certains dans le
coma, quelques-uns ont perdu un œil et beaucoup se sont évanouis à cause
des gaz toxiques ; sans oublier les nombreux détenus et « passibles de
poursuites ».
Les représentants de la bourgeoisie libanaise et du régime politique
confessionnel ont, une fois de plus, démontré qu’ils n’ont rien compris
aux leçons de l’Histoire. Ils ont aussi démontré qu’ils sont toujours
prêts à sacrifier la patrie et le peuple au service de leurs intérêts,
dont, à titre d’exemple, l’accord qui vient d’avoir lieu sur le projet
de passer à des sociétés, patronnées par eux, l’exécution du projet des
déchèteries (à des prix exorbitants)… et, ce, malgré que la
revendication majeur du mouvement populaire était d’en rendre la
responsabilité aux municipalités dans un contexte écologique et social
bien précis. Un autre exemple d’incompréhension concerne la
construction, sous le couvert de la nuit du dimanche au lundi, d’un mur
de séparation entre le palais gouvernemental et la Place Riad Solh,
rappelant le mur de la honte construit par Israël.
Malgré tout, le mouvement populaire n’a pas lâché prise. Il se poursuit
sur les mêmes bases sociales et économiques. De plus, et c’est là le
plus important, il s’enrichit, chaque jour, de nouveaux participants,
provenant des syndicats ouvriers, des enseignants, des associations de
femmes… Mêmes les syndicats des personnes handicapés physiquement ont
répondu « présents » à l’appel.
Ce mouvement doit être soutenu par tous. Des mouvements de condamnation de la répression gouvernementale seront les bienvenus.
Bougeons
Marie Nassif-Debs
Beyrouth, le 25 août 2015
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire