Israël a proposé lundi de libérer Mohammed Allan, le détenu en grève de
la faim devenu un symbole pour les Palestiniens, en échange de son
départ pour l'étranger, tandis que les tensions qui vont à nouveau
croissant ont fait un mort palestinien.
En début d'après-midi, un garde-frontière israélien a tué un jeune
Palestinien qui tentait de poignarder l'un de ses collègues à un
check-point au sud de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, a
indiqué la police israélienne.
On ignore les motivations de Mohammed al-Atrach, 22 ans, habitant d'un
village proche de Jénine, atteint de sept balles selon l'hôpital Rafidia
de Naplouse où a été transférée sa dépouille.
Le jeune homme s'est approché des forces israéliennes en demandant de
l'aide puis a sorti un couteau quand il s'est trouvé assez près, a
indiqué l'armée israélienne.
C'est le quatrième incident du genre en Cisjordanie en huit jours et le
troisième mort palestinien. Depuis le début de l'année, une vingtaine de
Palestiniens ont été tués par les forces israélienne en Cisjordanie,
lors d'attaques, de heurts ou de manifestations.
Les tensions se sont aggravées en Cisjordanie après la mort d'un bébé et
de son père dans l'incendie commis le 31 juillet contre leur maison et
attribué à des extrémistes juifs. Le sort du prisonnier Mohammed Allan,
dans le coma après deux mois d'une grève de la faim longtemps passée
inaperçue, accentue encore les crispations.
Cet avocat de 31 ans qui défendait des détenus palestiniens est à
présent au coeur d'une bataille juridique et politique en Israël, et
d'une mobilisation qui, contrairement à l'habitude, rassemble toutes les
mouvances parmi les Palestiniens: du Jihad islamique, qui le présente
comme un de ses membres et a promis la fin de la trêve avec Israël s'il
mourait, au Fatah du président Mahmud Abbas, en passant par les Arabes
israéliens.
Lundi, le gouvernement israélien s'est dit prêt à le libérer s'il
acceptait de partir pour un autre pays durant quatre ans. Son avocat a
"rejeté catégoriquement" cette proposition. "Mohammed Allan s'est engagé
dans cette bataille avec pour but la liberté, donc nous refusons", a
martelé Me Jamil al-Khatib. La Cour suprême, saisie par Me al-Khatib
pour libérer son client, doit siéger à nouveau mercredi. Devant la cour,
les avocats de M. Allan ont fait valoir qu'étant donné son état, il
n'était un danger pour personne.
D'ici là, le cas Allan devrait rester au coeur du débat. Faut-il le
laisser mourir comme le réclament les extrémistes israéliens ? Faut-il
le nourrir de force, comme le permet une loi adoptée fin juillet par le
Parlement israélien qui vise à réintroduire une mesure abandonnée à la
fin des années 1980 après le décès de deux prisonniers palestiniens,
morts d'avoir été nourris de force selon les Palestiniens ? Faut-il se
contenter des actuelles perfusions d'eau salée et de minéraux ? Le
gouvernement israélien doit trancher en affrontant l'opposition de
médecins qui invoquent l'éthique et de militants qui dénoncent une
technique de "torture".
Depuis qu'il est tombé dans le coma, M. Allan n'est plus en mesure de
refuser tout traitement comme il l'a fait pendant deux mois. "Il est
sous respiration artificielle, il a des équipements médicaux branchés
sur tout le corps, il est dans un état très grave", explique à l'AFP son
père Nassereddine Allan dans son village de Einabous, près de Naplouse.
"Aucun observateur médical n'a pu lui rendre visite, ni celui de la
Croix-Rouge, ni celui de l'Autorité palestinienne", dit-il. Selon lui,
cette interdiction a été décidée au plus haut niveau israélien. "Mon
fils n'est plus désormais qu'entre les mains des médecins de (l'hôpital)
Barzilaï", dit-il en s'interrogeant sur "ce qu'ils lui font" et sur
l'éventualité qu'ils le nourrissent subrepticement.
Un médecin de l'hôpital d'Ashkélon où il se trouve a affirmé devant le
tribunal qu'il ne semblait pas avoir subi de lésion irréversible, mais
qu'il ne survivrait probablement pas s'il reprenait sa grève de la faim.
Son état reste "stable", a dit à l'AFP une porte-parole de l'hôpital
Barzilaï, "il y a toujours un certain nombre de problèmes et on le
traite en conséquence". L'hôpital envisage de lui retirer le respirateur
artificiel, a-t-elle dit.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire