Des milliers de personnes ont manifesté contre la corruption à Bagdad
vendredi, dont beaucoup de partisans de l'influent chef chiite Moqtada
al-Sadr qui les avait appelés à venir en nombre.
Les manifestations se sont multipliées ces dernières semaines contre la
corruption et le délitement des services publics, pour dénoncer
particulièrement les coupures quotidiennes de courant, par des
températures de plus de 50° Celsius.
Le Premier ministre Haider al-Abadi, un chiite, a répondu aux
manifestants en lançant un programme de réformes visant à s'attaquer à
la corruption. Approuvées le 11 août par le Parlement, les réformes qui
comprennent la réduction des postes ministériels et la baisse du nombre
de gardes du corps pour les hauts responsables, ne sont encore
qu'embryonnaires.
Vendredi, place Tahrir à Bagdad, les manifestants agitaient des drapeaux
irakiens et scandaient des slogans anti-corruption. C'est le premier
rassemblement à avoir lieu après l'appel lancé par Moqtada al-Sadr à ses
partisans pour s'y joindre.
Ces derniers, dont beaucoup étaient vêtus de noir, ont scandé "Bye Bye
Nouri al-Maliki", l'ex-Premier ministre devenu vice-président et appelé à
son "exécution". Les huit années de M. Maliki à la tête de l'Exécutif
ont été marquées par la corruption. "Non, non Amérique", pouvait-on
aussi entendre.
"Nous sommes venus (manifester) pour soutenir les réformes annoncées par
Abadi. Nous voulons pousser l'Etat à les mettre en oeuvre", a dit Nafeh
al-Bakhaki, un responsable au mouvement de M. Sadr.
"La corruption existe à cause des mafias (...) qui utilisent la religion
pour leur intérêt personnel. Tous les responsables des précédents
gouvernements, particulièrement du gouvernement Maliki, sont
responsables de la corruption", a indiqué cheikh Samir al-Zraijawi, un
autre membre du mouvement.
La venue de responsables proches du chef chiite, qui avait des hommes
dans l'ex-gouvernement et a encore une grande influence en dépit de sa
volonté affichée de s'éloigner de la politique, n'était pas bien vu par
tous.
"C'est hypocrite et faux (de dire que les Sadristes) sont avec le
peuple", a dénoncé Siham al-Zoubaidi, membre du Parti communiste
irakien, en soulignant leur présence en force au Parlement, et les
accusations de corruption à l'encontre d'un ancien député sadriste.
Dans le cadre des réformes, le Premier ministre a commencé à ordonner
les changements, dont la suppression de 11 postes ministériels et une
réduction drastique du nombre de gardes du corps.
Mais même avec le soutien de la population, et celui non négligeable de
l'ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, le
fait que l'ensemble des partis politiques aient bénéficié ou bénéficient
de la corruption est un obstacle majeur à la mise en place des
réformes.
(28-08-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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